« Décadence » un abus de language

Publié le 07 octobre 2013 par Jlhuss

C’est en vain que je cherche cette fameuse « décadence du monde occidental » que je ne vois pas…

Personnellement je crois que pas mal de commentateurs (partout) font deux erreurs d’appréciation.

Premièrement, on confond une crise économique (conjoncturel) avec « décadence ».
Il ne s’agit pas de nier la crise et ses problèmes et injustices sociales ; tôt ou tard, une solution définitive sera trouvée et en avant pour la … prochaine crise économique.
Ainsi va le monde et n’oublions pas que 1929 n’a absolument pas retiré le leadership économique aux USA, bien au contraire !

Deuxièmement, c’est certain que notre planète est en train de vivre de grands bouleversements sociaux, et que c’est dans le monde occidental qu’ils naissent.

Et la France n’échappe pas à cette évolution.

Mis à part les inventions du fait du monde occidental que Benjamin a mentionnées, j’aimerai rappeler que notre monde a vécu depuis le début du XXème siècle pas mal de changements significatifs :

En gros :

Augmentation de l l’espérance de vie jamais connue avant : 5 ans de vie pas génération depuis 1900, et actuellement nous sommes à une moyenne de 3heures de gain de vie par an !!!

Désormais, un français parcourt en moyenne par jour 45 Km ; ceux qui veulent, peuvent essayer de calculer combien de temps il faudra à un cheval pour parcourir la même distance … On objectera que pas mal de ces déplacements se font pour aller travailler en ville. Certes, mais cela prouve tout de même que notre zone d’activité a terriblement changé depuis le début du XXème quand c’était le service militaire obligatoire qui obligeait la majorité des hommes à quitter pour la première fois leur village.

En l’espace d’un siècle le temps dédié au travail a diminué de moitié et désormais on passe plus de temps à dormir qu’à travailler (30% contre 20% alors qu’au XIX on travaillait 40% de son temps)

80% des femmes ont désormais un revenu salarié personnel ce qui non seulement a augmenté la productivité nationale, mais a également rendu la liberté économique à la moitié de la population

Statistique amusante, avant une femme en France avait en moyenne 18 rapports sexuels avant d’avoir un enfant, désormais c’est plus de 100 ; c’est peut être drôle à lire, mais on ne dira jamais le changement sociétal que cela implique.

En gros le XX siècle aura fait faire à l’humanité trois pas de géant (du moins dans les pays développés) : multiplier la richesse produite par 10, le nombre de km parcourus par 9 et la vie augmenté par 40%, c’est à dire autant qu’entre l’an 1000 et 1900.

C’est le monde occidental qui a initié ce bond en avant, et les pays émergents suivent tant bien que mal…

Et ce mouvement n’est pas prêt de s’arrêter…

Alors, non je ne vois pas la décadence occidental

Des changements, des bouleversements certes, mais pas la décadence. Ceux qui en parle sont à mes yeux des adeptes du « avant c’était mieux » ; certainement une classe d’âge qui n’a plus un véritable avenir devant elle ; des croutons radoteurs quoi !

Un petit point de désaccord avec Benjamin (il fallait un tout de même) ; sa remarque sur la société qui n’a que comme objectif de réussite que la réussite économique.

C’était peut être vrai pour notre génération et celles qui nous suivaient immédiatement (avec la TV comme énorme caisse de résonnance).

Mais cher Benjamin, vous qui avez pas mal de contacts avec des jeunes, vous avez du certainement vous apercevoir qu’un jeune adulte donne désormais beaucoup d’importance à la qualité de vie, et qu’il n’est plus prêt à n’importe quoi pour réussir professionnellement et que désormais « vivre bien » est un impératif.

Je vis dans le sud et en discutant avec les amis de mes enfants (27 et 23 ans) j’entends pas mal de débats sur comment faire pour ne pas devoir « monter à Paris pour le boulot » (gros problème français que l’importance de Paris dans le monde décisionnaire de notre pays).

Quand à la jeunesse qui part de France contrairement à ce qui s’affirme dans le Medef et à l’UMP ce n’est pas à cause de l’augmentation des impôts imposée par Hollande.

D’abord, elle partait déjà avant et ensuite les motifs ne sont pas ceux là.

De ce que j’entends, il y a deux éléments qui poussent plus de jeunes à partir à l’étranger.

Tout d’abord le goût de l’aventure, qui a poussé l’homme depuis toujours d’aller « voir ailleurs » ; et désormais les filles s’y mettent elles aussi. De ceux ci, pas mal reviendront un jour en France enrichis d’expériences valorisantes, les autres resteront parce qu’ils auront fini par faire leur vie ailleurs (la plupart par mariage et enfants) mais resteront tout de même un lien important entre leur pays d’origine et leur pays d’adoption, ce qui est aussi une richesse pour la France.

Une deuxième catégorie part, non pas pour payer moins d’impôts, mais pour « pouvoir réaliser des choses » que notre système social empêche de faire part ses lourdeurs ; un chercheur obligé de s’expatrier pour continuer ses recherches sans devoir rester toute sa vie smicard, un jeune entrepreneur qui trouvera plus facilement des fonds pour son projet et ne pas affronter un banquier français frileux qui préfère prêter à l’Etat qu’à une Start-up.

Sans compter avec cette stupidité qu’est le principe de précaution ; avec lui Pasteur n’aurait jamais existé…

Bref, je ne vois pas la décadence dans notre monde

PS : J’ai fait cet été la lecture de deux livres passionnants :

« Nouveau portrait de la France » de Jean Viard, où j’ai trouvé les statistiques mentionnées

Et un petit livre hilarant, mais qui donne à réfléchir : Les pubs que nous ne verrez plus jamais, 100 ans de publicités sexistes, racistes ou tout simplement stupides, par Annie Pastor

Pas mal des exemples affichés sont des pubs US, mais il y a quelques perles françaises comme la fameuse « Moulinex libère la femme » ou « La première Marie Brizard » avec le dessin d’une jeune écolière de 10 ans qui regarde son verre se remplir… sans compter une pub comparative conseillant la bière aux mères qui allaitent ; bien entendu, celle qui boit la bière a le téton dressé et la poitrine fière, celle qui ne boit pas des seins pendants …

Une autre façon de regarder combien notre société a changé …

TIAGO

Cette note est le retranscription d'une réaction publiée à l'occasion de la parution de :

L’impérieuse « Innovation »