Le style rétro n’a jamais eu autant la cote. Passéisme? Que nenni… C’est la puissance émotionnelle des montres dites « classiques » qui fait, en fait, la différence.
On pourrait appeler ça le syndrome « Grandpa’s Watch ». Car on à tous rêvé, un jour, de porter la montre de notre grand-père. On à tous rêvé qu’il nous la cèderait, imaginant ainsi conserver une infime part de sa mémoire à notre poignet, le coeur mécanique de la tocante continuant de battre au rythme de nos souvenirs. Certains ont eu la chance de récupérer l’objet convoité, d’autres non.
Reste que, dans l’imaginaire collectif, ce fantasme de la montre patrimoniale ( fragment matérialiste de l’idéal familial ) est un marqueur masculin extrêmement fort. Et dans l’esprit de tous, la « Grandpa’s Watch » est forcément classique, mécanique, d’une simplicité bibilique. On la voit ronde ou carré, en acier ou en or, à 2 ou 3 aiguilles, habillée d’un bracelet en cuir brun ou ébène, mais elle dégage toujours de son académisme un peu froid les fondements d’une esthétique horlogère originelle.
Ceux qui ont eu la chance de récupérer la montre de leur grand-père ne la portent que les jours de fête, de peur de l’abîmer. Les autres, pour se consoler, courent les ventes aux enchères ou les boutiques d’horlogeries pour dénicher l’objet à aiguilles de substitution qui fera illusion.
Et puis, il y a les flemmards qui craquent pour les modèles rétro et néo-vintage, le gros des troupes qu’il serait inconvenant d’incriminer. Comme les plus belles années de la création horlogère s’échelonnent entre le début des années 50 et la fin des années 60, quasiment toutes les marques piochent aujourd’hui dans leurs vieux catalogues pour rééditer, mettre au goût du jour ou réinterpréter de façon plus ou moins contemporaine leurs modèles mythiques d’antan.
Fossil, Emporio Armani, Skagen, Diesel, Adidas, Michael Kors, Burberry, la plupart des grandes manufactures ne cessent de revisiter le passé pour embellir le présent. L’art de twister le classique et le moderne.