Le commentaire d’un ami journaliste dans la page Facebook de l’Observatoire du tourisme sur l’absence de la Fédération Nationale des Agences de voyages à Top Resa a titillé quelque peu ma conscience, d’autant plus qu’il expliquait cela par la préparation de l’opération pèlerinage 2013 qui devait occuper la majorité des voyagistes. Ce constat, tout en étant simpliste n’en reste pas moins caricatural pour une profession en perte de visibilité, de créativité et surtout d’initiative face à la dégradation de son tissu d’acteurs.
L’étude effectuée dernièrement par le Ministère du Tourisme est éloquente sur l’état des lieux et bien que certains confrères en réfutent les résultats, force est de constater que rien n’a été fait par ceux qui tiennent le gouvernail pour démontrer le contraire ou au moins d’essayer de redresser la barre et de sauver ne serait ce que l’honneur de ce qui a été le fer de lance de la promotion de la destination Maroc.
Notre fédération est très peu présente, pour ne pas dire absente, dans tous les centres de décision sur l’avenir du Tourisme. Son conseil d’administration étant en majorité composé d’agents spécialisés dans le tourisme religieux, le tourisme tel que décliné dans les 2010 & 2020, n’est pas du tout à l’ordre du jour de leurs nombreuses réunions.
D’où vient ce désintérêt pour ce qui devrait être la préoccupation N° 1 des agences de voyages? Tout simplement du gain facile généré par une opération ponctuelle basée sur l’octroi d’un quota de pèlerins et distribué aux membres après un concours dont les règles sont érigées par les présidents des associations régionales dont certains agissent en dépit des règles les plus élémentaires les régissant: aucune feuille de route, aucune gestion, des assemblées générales selon l’humeur du président et de son clan etc…… le dysfonctionnement total.
Et bien que cette fédération ainsi que ses associations soient sous la tutelle du Ministère du Tourisme en vertu des articles 28, 29 & 30 de la loi 31/96 portant statut des agences de voyages, les services de la DRDQ, ancienne DEAT, ne jugent pas de leur responsabilité à veiller au bon fonctionnement de ses organes.
A force de ne pas vouloir s’immiscer , ils cautionnent à leur corps défendant cet état de fait qui finit par atomiser une profession sans repères qui se dépêtre comme elle peut face aux mutations que subit le secteur. Il faut soigner le mal à la racine et c’est en mettant de l’ordre dans les instances représentatives que l’ont peut faire émerger des interlocuteurs crédibles et à même de relever les défis de la décennie en cours. La tutelle doit jouer tout son rôle lorsqu’il y a une incapacité du secteur à s’auto gérer. Un audit sérieux s’impose pour déterminer si dans le prochain texte de loi, on doit obliger les agences à adhérer à des associations et qu’il n’y ai qu’une association par région? C’est un peu comme s’il ne doit exister qu’un seul syndicat ou un seul parti?
Il est malheureux de constater aujourd’hui qu’un grand nombre d’agences de voyages refusent d’adhérer à leur association, bien que la loi les y oblige. Lorsqu’on leur pose la question sur ce refus, ils répondent qu’ils n’en voient pas l’utilité. Comment leur donner tord?
Les seuls adhérents sont ceux qui sollicitent la participation à l’opération pèlerinage, le bulletin d’adhésion étant un élément de rejet de la demande. Et même ceux là, qu’ont ils en échange de leur cotisation?
A l’heure où l’on s’apprête à encadrer nos pèlerins pour le pèlerinage en cours, et pour la première fois, les responsables d’agences n’ont pas pu obtenir de visas pour accompagner leurs groupes. Très mauvaise coïncidence à l’heure où nous allons transiter vers un système libéral après plusieurs années d’une répartition sous forme de rente aux agences de voyages.
Certes le Ministère a procédé à une labellisation des agences, un label à minima sur lequel aucune communication n’a été faite auprès des futurs pèlerins. La dernière omra du ramadan laissera certainement un gout amer aux consommateurs nationaux tant sa gestion a été faite dans l’amateurisme le plus total. Idem pour la gestion de la réduction de 20% du quota de cette année, qui a vu l’élimination des pèlerins sans aucune forme de responsabilité de la part de la profession. Alors comment recouvrer leur confiance lorsqu’il devront décider du choix de leur prestataire pour l’année 2014?
Là aussi, aucune stratégie n’a été mise en place pour rassurer. On a cru comprendre qu’il y aurait une campagne de promotion pour vanter la qualité du produit agences de voyages sur la base de ce fameux label. Quand? Comment? Par qui ? On ne peut plus improviser et le temps joue contre nous. Qui nous empêche aujourd’hui d’ouvrir les inscriptions pour l’année prochaine?
Lorsque j’entends le Ministère du Tourisme solliciter la contribution de la FNAVM pour sensibiliser ses membres dans le cadre de l’organisation de la coupe du Monde des clubs champions, je me demande si ce n’est pas une manière de botter en touche ?
Dans le conflit qui oppose l’AVC aux sites de deal et que la FNT a bien voulu prendre à son compte, un consultant avoue ne pas comprendre la passivité de la FNAVM ni la position de la FNIH dont les membres nouent des relations préférentielles voire avantageuses avec les dealers par rapport à leurs partenaires de toujours que sont les agences de voyages? La réponse est que la nature a horreur du vide.