Un père qui écrase accidentellement son enfant avec un
tracteur et perd les pédales. Un homme demandant à son gamin de l’aider à faire
disparaître le corps d’un conducteur récalcitrant. Un pasteur et sa femme qui
ne se remettent pas de la mort de leur fils en Irak. Une femme shérif
désemparée devant la folie des hommes. Une paysanne un peu cintrée qui déambule
dans un labyrinthe de maïs…
Tout cela se passe à Krafton, dans le trou du cul de
l’Amérique. L’enfer sur terre. Des baraques déglinguées et des âmes cabossées. Des
voitures en ruine, de la boue partout. Les éléments se déchaînent, les eaux
recouvrent cette ville de péchés et
chacun semble chercher une impossible
rédemption. C’est sombre, violent, d’une infinie tristesse. Dans chacune
de ces nouvelles, il y a au moins un personnage qui, à un moment ou un autre,
pleure. Le plus souvent, d’ailleurs, ce
sont des hommes.
Un beau recueil donc, à l’écriture poétique et enlevée, mais
qui ne m’a pas pour autant totalement enthousiasmé. Il manque ce petit grain de
folie, ce coté abrasif qui mettrait le feu aux poudres. La comparaison avec
Donald Ray Pollock n’a pas lieu d’être, Heathcock restant dans l’ensemble
beaucoup trop sage. Parmi les nouvellistes américains découvert il y a peu,
Frank Bill et Anthony Doerr restent pour moi un cran au dessus. Pour autant,
mon point de vue est comme d’habitude totalement subjectif. Faites-vous donc
votre propre idée…
Volt d’Alan
Heathcock. Albin Michel, 2013. 296 pages. 23 euros.
Une lecture commune que j’ai le plaisir de partager avec
Anne et Clara.