Toute l’Europe est sous le choc, italiens compris. Un navire transportant quelques 500 migrants a coulé au large de l’île italienne, faisant plus de 300 morts et disparus. Quelques semaines après le redressage et remorquage du Costa Concordia, que les italiens se rassurent : l’épave est déjà au fond de l’eau et il ne reste plus qu’a attendre quelques semaines pour que les cadavres se décomposent d’eux mêmes. Les rescapés originaires principalement de Somalie et d’Erythrée racontent leur voyage de l’enfer à travers l’Ethiopie, le Soudan puis la Lybie. Lampedusa est l’avant poste européen le plus proche des côtes africaines dans cette région du monde. Visée comme porte d’entrée occidentale, c’est de leur vie que ces hommes, femmes et enfants ont payé leur rêve européen. Très tôt dans la matinée, c’est un bateau de pécheur qui a donné l’alerte après avoir entendu plusieurs cris dans la nuit. Il s’ensuit alors un va-et-vient de petites embarcations déposant chacune leur tour les cadavres sur la plage ; une morgue à ciel ouvert. Les autorités locales débordée demandent l’aide de l’Europe pour faire face à cette vague de migrants : « il n’y a plus de place, ni pour les vivants, ni pour les morts » annonce avec peine Giusi Nicolini, maire de Lampedusa.
Les circonstances de l’accident se précisent avec les premiers témoignages. Les passagers de cette galère auraient vu plusieurs embarcations au loin sans que celles-ci ne s’arrêtent. Ils auraient tenté de signaler leur présence par téléphone, c’est à ce moment l’un qu’un d’entre eux aurait eu l’idée d’enflammer une couverture pour signaler leur détresse. Le pont étant recouvert de carburant, l’incendie s’est propagé à toute l’embarcation lorsque le mouvement de foule vers l’une des extrémités a fait chavirer le bateau. Non, ce n’est pas Francesco Schettino qui a repris du service, même si tout porte à croire que ce génie aurait pu être l’instigateur de cette initiative.
Le monde réagit à l’image des premiers bateaux ayant tracé leur route le matin même, il réagit dans l’indifférence générale. Alors qu’on nous plombe les oreilles à longueur de quinquennat sur les roms, nous aurions tout autant intérêt à les laisser vivre en paix au lieu de soulager notre conscience en implorant paix à l’âme de ceux qui sont morts. Rappelez-vous, nous avons déjà eu cette discussion il y a peu de temps avec notre article Angle mort. Que les retardataires se rassurent : ils n’ont rien manqué : rien ne s’est passé depuis ! La mise en place de Frontex, l’agence européenne chargée de surveiller les frontières, basée à Varsovie aura eu pour principale mission jusqu’à présent de tenir les stats. En tout, c’est quasiment 10 380 personnes en 2012 qui sont entrées illégalement sur le territoire européen, via Lampedusa, Malte et la Sicile et en provenance de Somalie, Tunisie et d’Erythrée.
Soyons sérieux – puisque les autres le sont pas – l’immobilisme des États en devient presque pathologique. Tous les états européens ne sont pas exposés de la même manière à ces vagues d’immigration. Il paraît donc légitime de demander un effort de solidarité, non pas aux populations, mais aux gouvernements respectifs. La mise en place de gardes côtes européens capables d’identifier, peut-être même avant le départ, ce type d’embarcations, serait une piste de réflexion au détail que les frontières sont sous le coup de la souveraineté nationale. Allons plus loin avec l’idée d’une meilleure répartition des demandeurs d’asiles proposée par le bureau européen. Oui, mais pas en France car nous avons déjà les roms.
En plus de cette indifférence nous devrons vivre avec l’inefficacité européenne. Et comme le proclame Jacques Barrot « l’Europe tourne le dos à ses valeurs en oubliant les persécutés ».