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Avec lucidité, Aïcha Kerfah, commente le discours de Kader Arif du 25 septembre 2013.

Publié le 06 octobre 2013 par Harki45

Avec lucidité, Aïcha Kerfah, commente le discours de Kader Arif du 25 septembre 2013.

A l'occasion du  51ème anniversaire de la cérémonie en Hommage aux Harkis, nous publions ci-dessous un article de Aïcha Kerfah, responsable régionale de harkis et droits de l’Homme. Aujourd’hui, Mme Kerfah commente le discours de M. Kader Arif.

Avec lucidité, Aïcha Kerfah, responsable régionale de harkis et droits de l’Homme, commente le discours de Kader Arif du 25 septembre 2013

aicha kerfah"Ne jamais rien lâcher (...), ne jamais rien oublier" c'est par ces mots que Kader Arif, ministre délégué à la défense, terminait son discours du 25 septembre 2012 (hommage aux harkis) aux Invalides.

Apparemment toujours sous le coup de l'émotion de son discours de 2012, M. Arif insiste aujourd'hui sur son "immense sentiment de responsabilité"... (lire en ligne le discours du 25 septembre 2013)

Il relie d'ailleurs la notion de responsabilité à la conjoncture socio-économique actuelle, orientant de facto son discours vers des mesurettes sarkoziennes comme la loi permettant de prolonger la durée d'inscription sur les listes d' emplois réservés de 3 à 5 ans !!!

Doit-on rappeler au ministre tout le mal que ces listes ont provoqué : faux espoirs du côté des enfants de harkis et exacerbation du côté des citoyens français face à une mesure souvent considérée comme discriminatoire. Ainsi ces mesures, loin d'apporter de réelles solutions à grandes échelle, ont surtout stigmatisé un peu plus une population.

Concernant la mémoire, Kader Arif a de grandes ambitions, tellement grandes qu'il y associe les ministres de l'éducation et de l'agriculture. Car le ministre ne vise pas moins qu'une transmission de l'histoire des harkis grâce à un "travail inédit" de recherche dans ce domaine!

C'est oublier que l'exposition itinérante "les harkis dans la colonisation et ses suites" a déjà sillonné les routes de France, ses écoles et même le Sénat.... C'est oublier aussi que de nombreux témoignages d'anciens harkis, de mères et d'enfants ont été patiemment collectés dans des ouvrages, permettant ainsi de reconstituer des parcours complexes ayant souvent des jalons communs. Notons que ce travail fut réalisé avec l'appui de chercheurs et d'historiens.

Enfin M. Arif rappelle  "la volonté et l'engagement du président de la république", précisant même que "cet engagement est en voie d'être honoré". Cependant l'engagement dont parle M. Arif n'a pas été tenu...

M. Arif parle de "fierté", de "notre pays la France" etc... Tout ce blablabla ministériel, mémoriel et pathétique ne remplacera jamais une véritable reconnaissance de la responsabilité de l'Etat français dans l'abandon, le massacre et la relégation des anciens harkis et bien souvent de leurs familles".

Ne jamais rien lâcher... Ne jamais rien oublier ? Pour ma part je  n'oublie pas les anciens harkis qui n'ont pas eu le temps d'être "fiers de leur pays la France", ceux massacrés en Algérie, ceux que deux présidents ont définitivement décidé d'ignorer, les reléguant ainsi à une mémoire d'indigène sans république.


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