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Depuis 1995 et la découverte de 51 Pégase b, le nombre de planètes tournant autour d'autres étoiles que le Soleil et pour cela qualifiées d'« extrasolaires » augmente selon un rythme qui s'accélère grâce au progrès technique des moyens de détection. La millième découverte devrait tomber courant octobre 2013.
Précisons d'abord que vu leur distance et noyées comme elles sont dans la lumière de leur étoile, ces planètes ne sont pas plus visibles que le serait une épingle à quelques centimètres d'un phare côtier. Comment les détecter sans les voir ? À partir de 1995 et pendant plusieurs années, ces planètes ont été découvertes uniquement grâce à la méthode des vitesses radiales : la petite oscillation qu'elles infligent à leur étoile rapproche et éloigne celle-ci de nous périodiquement, et même si ce déplacement a une vitesse faible, il est mesurable par spectroscopie. Michel Mayor et Didier Queloz ont ainsi découvert 51 Pégase b, planète géante très proche de son étoile, grâce au spectroscope Elodie en 1995. Ensuite, plusieurs dizaines de ces « Jupiter chauds » ont été détectés avant qu'un nouveau spectroscope aux performances encore plus incroyables ne soit installé au Chili : HARPS.
Parallèlement, les scientifiques ont développé une technique de « photométrie » c'est-à-dire de mesure de la lumière, applicable aux passages d'une planète devant son étoile. Ainsi passe, vue depuis la Terre, Vénus devant le Soleil, et ce passage occulte naturellement un peu de lumière. Pour une planète extrasolaire, le principe est le même... et permet de mettre en évidence des baisses de luminosité des étoiles allant d’un pour mille à un pour dix mille pendant la durée d'un « transit », quelques heures. Dans un certain nombre de cas, l'objet qui « passe » est une planète extrasolaire.
Encore plus récemment, cette technique de photométrie a été embarquée dans les satellites Kepler (USA) et CoRoT (UE), qui au cours de leur mission de plusieurs années ont élaboré des catalogues de plusieurs centaines d'étoiles suspectes, que les chercheurs au sol s'emploient à vérifier.
Pendant maintenant dix-huit ans, l'amélioration des techniques a permis de découvrir des planètes de plus en plus petites, jusqu'à aujourd'hui des « Terres » et même des « Mars ».
Les mille planètes extrasolaires auxquelles nous arrivons ne sont pourtant pas toutes absolument certaines : quelques-unes se révéleront « naines brunes » (petites étoiles sombres), mais la liste sera enrichie régulièrement par les innombrables données satellitaires qui doivent encore être exploitées.
Ces planètes extrasolaires ont d'abord l'intérêt de montrer que le phénomène « planète » est assez répandu dans la galaxie ; mais surtout leur existence est l'étape indispensable dans cette quête majeure : la recherche de vie ailleurs que sur Terre. Nous en sommes encore loin et les obstacles sur cette route (nous parlons d'obstacles technologiques), seront encore nombreux et ardus. Mais nous sommes sur la voie.
D'après les chercheurs, le nombre de planètes dans la Voie Lactée pourrait être du même ordre que celui des étoiles : deux cents milliards. De quoi rêver.