Le Juventus Stadium inquiète. Il fait même peur. Pas seulement car c’est le domicile de la Vieille Dame reine d’Italie mais aussi et surtout car jusqu’à présent cette saison, l’AC Milan s’est montré catastrophique en déplacement. Entre championnat et Champions League, les Rossoneri ont disputé 5 rencontres loin de San Siro avec comme résultats : 0 victoire, 4 matches nuls et 1 défaite : 4 points sur 15. Un très maigre bilan, surtout compte tenu de la valeur des équipes affrontées (Verona, Torino, Bologne, PSV et Ajax). Pire, le bilan aurait pu être encore plus maigre lorsqu’on connait la manière dont sont arrivés les matches nuls à Turin et Bologne (ainsi qu’à Amsterdam). Ce Milan s’en sortira-t-il au Juventus Stadium, un stade rarement violé où le bilan des Rossoneri en championnat est de 0 but inscrit et 0 point obtenu? Reste plus qu’à espérer en l’expression : « Les statistiques sont faites pour être démenties »
Malheureusement, Milan n’affronte pas ce déplacement dans les meilleures conditions possibles. L’équipe d’Allegri a du affronter 6 rencontres en 3 semaines (7 avec Juve – Milan) avec un effectif réduit au minimum, et comme prévu, cela s’est révélé être très difficile. Les 4 matches de championnats face à Torino, Napoli, Bologne et Sampdoria n’ont apporté que 5 points (1 victoire, 2 matches nuls, 1 défaite) alors que le bilan est meilleur en Europe avec 4 points grâce à la victoire contre Celtic et le match nul face à l’Ajax. Juventus – Milan est le dernier match du premier cycle intense de la saison, avant une pause que les Rossoneri accueilleront avec plaisir.
Ce soir encore, Allegri sera privé de 8 joueurs : (Balotelli, El Shaarawy, Pazzini, Kakà, Birsa, Silvestre, De Sciglio et Bonera) contre 4 absents du côté Juve (Pepe, Vucinic, Caceres et probablement Lichtsteiner). Avec un effectif réduit et pratiquement aucun turn over possible depuis 3 semaines (et déjà 6 matches disputés, rappelons-le), Allegri serait déjà tout heureux de quitter Turin avec un point en poche. Un match très difficile attend Milan face à une Juventus grande favorite.
Il ne serait pas étonnant de voir une nouvelle fois un Milan prudent car incapable (surtout physiquement mais aussi techniquement) d’avoir le match en main durant les 90 minutes. Cependant, les Rossoneri devront tout de même tenter des contre-attaques et non pas refuser de jouer comme cela fut le cas lors des 45 premières minutes à Amsterdam. Les Rossoneri devront surtout améliorer leur concentration en défense, notamment sur les ballons aériens lors de phases arrêtées car non seulement c’est le plus gros point faible de l’équipe, mais en face, il y a des spécialistes comme Chiellini, Bonucci et Barzagli (ou encore Llorente s’il joue) sans oublier Tevez, Marchisio et Vidal toujours très vifs et malins près de la cage adverse. Les problèmes de Milan ne se situent pas seulement en défense : en attaque, sans Balotelli il manque cruellement des buts. Jusqu’à présent Matri est resté à sec (et a raté des occasions immanquables) alors que Robinho n’a jamais été un grand buteur.
Vu sous cet angle, Milan semble déjà battu avant même de mettre un pied au Juventus Stadium mais le football reste imprévisible (et pour ce soir, on va dire heureusement). De son côté, l’équipe d’Allegri a prouvé avoir du caractère, elle n’abandonne jamais et y croit jusqu’à la dernière seconde. Milan aura bien besoin de cet esprit battant face à la Juventus. Les Rossoneri devront aussi interpréter parfaitement la rencontre au niveau tactique, en se montrant prudents, solides et CONCENTRÉS lorsque la Juventus déploiera son jeu, avec une défense basse pour éviter de leur donner de la profondeur, tout en alternant avec des phases de pressing haut, notamment sur Pirlo et Bonucci (très en difficulté lorsqu’il est pressé), les deux sources du jeu de Conte. Enfin, pour rivaliser avec le milieu de terrain de la Juventus (le meilleur d’Italie et un des meilleurs d’Europe), Allegri proposera une ligne médiane bien fournie.
Effectivement, devant Abbiati et la ligne défensive composée d’Abate, Zapata, Mexès et Constant, il y aura Poli, De Jong et Nocerino (préféré à Muntari) ainsi que Montolivo, qui devra assumer le rôle de milieu offensif en soutien de Matri et Robinho mais devra aussi redescendre et travailler en ligne médiane, avec comme résultat un 4-3-1-2 qui ressemblera parfois à un 4-4-2 sans véritable ailier mais des mezz’ali (demi-ailiers) dynamiques (Poli et Nocerino).
Ce sera très difficile, face à une équipe supérieure, dans un stade qui s’est toujours révélé fatal pour Milan et face à une équipe toujours… « bien vue par les arbitres ». Néanmoins, les Rossoneri doivent faire leur possible car la situation du classement est inquiétante et les objectifs intéressants commencent à s’éloigner dangereusement. Milan reste Milan, cette équipe a du potentiel et si elle joue à 120%, elle peut créer des problèmes à une Juventus pas au mieux non plus ces dernières semaines, sauvée par des buts offerts en championnat (faut-il le souligner?) et accrochée par des équipes comme Galatasaray (2-2) ou pire, Copenhague (1-1). Bref, une victoire est improbable mais pas impossible : un match nul serait déjà un très bon résultat, en attendant le retour des titulaires pour ensuite repartir après la pause sur un tout autre rythme. C’est le dernier effort et tout peut arriver. Le Diable tentera de bousculer la Vieille Dame, mais pas trop fort quand même, monsieur Rocchi veillera au grain…