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L'histoire
Antoine Méliot, la quarantaine, a tout pour être heureux : une belle épouse, deux enfants adorables, des amis sur lesquels il peut compter à tout instant, une jolie demeure dans les Yvelines et de l'argent. Mais un jour, il décide de tout saboter en un week-end : son bonheur, sa famille, ses amis. Que s'est-il passé chez cet homme pour qu'il change si étrangement de comportement ?
Mon avis
Jean Becker avec ce nouveau film montre de façon éclatante qu'à tout moment on peut se renouveler, innover et surprendre. Après un début de carrière très lointain (quatre films de 61 à 66) puis plus rien jusqu'au culte L'été meurtrier (film emblématique de ma jeunesse...) en 1983, le fils du grand Jacques Becker c'était forgé une filmographie assez pépère, plus proche de la nature et de la famille. Virage à angle droit donc avec ce formidable Deux jours à tuer. Voilà un drame, mélo magnifique, que l'on ne voit plus beaucoup de nos jours, qui dépoussière et donne un coup de jeune à cette filmo. Là où Becker est très fort c'est qu'il fait les choses simplement. Mine de rien il nous emmène là où il veut avec un suspens et une tension aussi touchante qu'intrigante. Même si le final tombe dans un pathos tire-larme assez facile, cela ne gâche rien à l'ensemble. Car le scénario nous offre donc une histoire très simple. Un homme pète les plombs et balance tout le temps d'un week-end. De la première à la dernière minute tout n'est que non-dits, qu'émotion contenue ou non, de finesse et de subtilité. D'autant plus troublant lorsqu'on a l'âge du personnage principal, et que l'on se demande ce que l'on ferait à sa place si cela nous arrivait. La mise en scène de Becker est tout en sobriété, discrétion, faisant juste ce qu'il faut. Aucune esbroufe technique, tout est simple, rien pour attiré l'attention en dehors de cette histoire si forte. Seule une belle et tout aussi discrète musique se faire remarquer et il faut écouter la chanson du générique de fin (de Serge Reggiani) jusqu'au bout, les paroles résument bien le tout. Le constat est finalement très amer et lucide, quelque soit la raison, on voit qu'il est très facile de tout tuer en deux jours, sa carrière, sa famille, ses amis. Pour cela on en sort aussi assommé que par les dix dernières minutes qui laissent littéralement en larmes.
L'un des atouts majeurs du film est bien entendu son interprétation. Albert Dupontel est tout simplement parfait. Peu de chose à dire si ce n'est qu'il trouve là sans doute son meilleur rôle. On ne voit pas quel autre acteur aurait pu jouer cela aussi bien. Pas de surprise donc de le voir ainsi, même dans de mauvais films il est toujours au top. Tout en retenue et en douceur, sa femme est jouée par la délicieuse et talentueuse Marie-Josée Croze. La petite québécoise commence a se faire une belle place dans le cinéma français et ce n'est pas un mal. Elle est parfaite ! Bon je ne suis pas objectif, je suis fan depuis Ne le dis à personne et Munich. Pierre Vaneck est impérial et toute la bande d'amis n'est pas mal non plus : Alexandra Martinez, Claire Nebout, Cristiana Reali, Mathias Mlekuz et tous les autres.
Coup de coeur donc pour ce film. Mais la vraie surprise est de voir un Jean Becker aussi inspiré et ayant pris un vrai tournant dans sa carrière. Après le joli mais très dispensable Dialogue avec mon jardinier, on ne l'attendait vraiment pas là. Comme quoi tout arrive. L'un des films les plus émouvants et les plus touchants de cette année. A voir.
Filmo sélective Marie-Josée Croze
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