Mom est une nouvelle série diffusée sur les ondes de CBS depuis la mi-septembre tout comme Dads qui est diffusée sur les ondes de FOX. Dans Mom, on suit Christy (Anna Faris), une ancienne toxicomane, désormais serveuse et qui aurait désiré être psychologue. Elle nous est montrée en constante évolution avec sa mère Bonnie (Allison Janney) qui a partagé les mêmes problèmes de dépendance et sa fille Violet (Sadie Calvano) qui vient d’apprendre qu’elle est enceinte. Dans Dads, Eli Sachs (Seth Green) et Warner Whittemore (Giovani Ribisi), deux hommes dans la trentaine, sont à la tête d’une petite compagnie créatrice de jeux vidéo. Leur quotidien sera vite troublé par l’arrivée inopinée de leurs pères respectifs, David (Peter Riegert) et Crawford (Martin Mull), qui décident de s’installer chez eux. Il était inévitable de comparer ces deux sitcoms diffusées à seulement une semaine d’intervalle puisqu’ils nous en disent long sur l’humour dit « féminin » et « masculin ». De plus, elles exploitent les confrontations entre deux, sinon trois générations à l’intérieur d’une même famille. Mom et Dads ne sont pas promises à un long avenir. L’une étant critiquée de toute part, l’autre un peu trop mièvre; on est en droit de se demander si l’âge d’or des sitcoms n’est pas complètement révolu.
L’homme enfant
Dads prend un malin plaisir à ridiculiser les deux générations d’hommes, ceux dans la trentaine et l’autre dans la cinquantaine. Comme dans toute sitcom qui se respecte, on s’amuse à alterner scènes de confrontations à scènes de réconciliation. Ce qui exacerbe dans celle-ci, c’est que le père et le fils se rejoignent dans la médiocrité. Eli et Warner se comportent encore comme des gamins et ce sont les femmes qui ont le dessus. Dans le cas du premier, il est célibataire, mais sa vie est sur le point de s’écrouler lorsque sa bonne Edna (Tonita Castro) le quitte pour aller chez Warner. Il ne faut que quelques jours pour que son appartement soit sens dessus dessous. Il devra littéralement la supplier de revenir (faire le ménage est trop demander à ses neurones). Warner quant à lui est marié à Camila (Vanessa Lachey). C’est elle qui « porte les culottes » et dès qu’il commet une bévue, sa première crainte est qu’elle s’en aperçoive. Leurs pères, David et Crawford, sont tous deux célibataires, mais ne savent que faire de leur vie et sans emploi, viennent s’incruster dans la vie de leurs fils. De vrais boulets, ils ne se rendent pas compte qu’ils dérangent.
Leurs cohabitations sont donc à l’origine de toute la comédie. Lorsqu’Edna quitte les Sachs, Eli demande à son père David de faire un peu de ménage et ce dernier de répondre : « Why do I need to to clean the toilet, just pee it off !» Pour rester dans le même thème, Eli est aux toilettes et il ne lui reste plus de rouleaux. Son père, de l’autre côté de la porte décroche du mur le diplôme universitaire de son fils afin qu’il s’en serve pour s’essuyer… L’un des producteurs exécutifs de la série est Seth MacFarlane, qui est aussi à l’origine de Family Guy (FOX, 1999- ). L’humour subversif dans ce « cartoon » est bien décrit par Frazier Moore dans son article sur Dads :« As a master of rawness, tastelessness and low blows, MacFarlane is a love-him-or-hate-him kind of humorist whose fans see his offensiveness, (…) as overwhelmingly redeemed by laser-sharp insight and a grand fearlessness.» Le problème est que les gags dans le dessin animé ne peuvent être transposés avec de vrais personnages. Ainsi, celles entourant le personnage de Consuela dans Family Guy (une autre bonne mexicaine… quel hasard) sont tout simplement jugées racistes dans Dads.
La femme paumée
Dans Mom, toute l’attention est portée sur Bonnie, Christy et Violet; trois femmes avec des personnalités si fortes, qu’elles éclipsent les hommes. Bonnie collectionne les amants sans jamais s’attacher, Christy parle peu à son ex, lequel est irresponsable et ne s’occupe de ses enfants que deux heures par semaine. Quant à Violet, lorsqu’elle découvre qu’elle est enceinte, elle impose tout simplement son choix de garder le bébé à son petit ami Luke (Spencer Daniels), qui n’a pas un mot à dire.
En même temps, l’humour est basé sur l’état de fragilité de Christy qui sort à peine de désintox. Elle doit d’une part assumer les sarcasmes de sa mère qui n’est pas du genre à s’apitoyer sur son sort, et d’autre part, les reproches de sa fille qui s’est longtemps sentie négligée par une mère trop souvent dans les vapes. En discussion avec Bonnie, sa fille lui dit :« Mom, I’ve watched you lick cocaine crumbs out of a shag carpet.» Et sa mère de répondre :« It’s not a sin to be thrifty, dear.» On est un peu moins habitué à entendre ce genre de répliques de la bouche des femmes, ce qui rend Mom quelque peu novatrice. Alessandra Stanley qui a comparé ces deux séries en a d’ailleurs tiré cette conclusion : « Moms behaving badly aren’t a new thing, but on a prime-time show, it still feels a little transgressive. Men who act like boys, on the other hand, are so familiar that they’re almost retro. And that makes “Dads” a harder sell.»
Mom et Dads sont en somme des déceptions en cette rentrée 2013. Dads use trop de clichés, que ce soit sur les adultes irresponsables ou sur les « aînés » à la fois grincheux et un peu pervers. Et les femmes dans leurs vies sont soit des mères de remplacement ou des objets sexuels. Dans Mom, l’interaction entre les générations est intéressante, mais la série manque de constance et les moments comiques sont trop dilués. Bien que depuis septembre la compétition ne soit pas si féroce (les séries humoristiques peinent à nous décrocher un sourire), on se demande si ces deux sitcoms finiront la saison. En deux semaines, l’auditoire de Dads a chuté de 32 % alors que Mom peine à rassembler le million de téléspectateurs. L’humour basé sur les relations intergénérationnelles en prend donc pour son rhume, mais le pire est à venir, cette fois à ABC avec Back in the Game et encore plus pour The Goldberg…
Jeu de briques
Snake
Pacman
Bubble