Ma vie sans Prozac
Avant de prendre l’antidépresseur, je souffrais non seulement d’une agressivité excessive, de mélancolie paralysante ou d’obsessions destructrices, mais j’avais des problèmes digestifs des plus désagréables: manque d’appétit, dégoût pour la nourriture, fringales accompagnées de hauts-le-cœur à l’idée de mettre un aliment dans la bouche, nausées incontrôlables si je sentais une odeur déplaisante, vomissements intempestifs, diarrhées, aérophagie, flatulences, digestions difficiles, aigreurs d’estomac, mauvais goût dans la bouche, montées de bile et j’en passe… Des symptômes que je traînais depuis la petite enfance, et qui avaient empirés au cours des années. Avant la prise de Prozac, et ce d’aussi loin que je m’en souvienne, c’est-à-dire depuis l’âge de deux ans, j’exprimais mes contrariétés en vomissant. Ma mère a toujours pensé que j’avais l’estomac fragile. En réalité, je rendais physiquement ce que je ne pouvais avaler psychiquement. Après avoir consulté de nombreux sites sur la dépression, je constate qu’on y parle rarement des effets de cette maladie sur le système gastrique. Un symptôme visiblement négligé, alors qu’il est pourtant connu que les “soucis”, et les dépressifs n’en manquons pas, qu’ils soient réels ou imaginaires, ont une influence néfaste sur l’ensemble de l’appareil digestif.
Depuis que j’ai arrêté l’antidépresseur, mes problèmes stomacaux et intestinaux reviennent. Ils n’ont pour l’instant rien de comparable à ce que mon corps s’infligeait il y a encore quatre ans, mais les digestions difficiles, les aigreurs d’estomac et les crampes intestinales, réapparaissent. Mon agressivité aussi d’ailleurs. C’est là que je me réjouis de vivre seule, car je déteste que les personnes aimées subissent mon irritation. Cela induit systématiquement des culpabilités, or les dépressifs avons déjà des millier de sentiments de culpabilité généralement infondés, sans en ajouter des fondés.
L’agressivité et la violence, en cas de dépression ou de mal-être psychique, feront le sujet d’un autre billet.