Franck Venaille – Autoportrait en homme qui crie (2009)

Par Stéphane Chabrières @schabrieres

Pas assez crié dans ma vie. Pas assez hurlé ! que cela se déchire, là-dedans, en pleine poumonerie. Ce qu’il faut c’est bien regarder à l’intérieur de soi. Le cri vient vite dès que les images se font plus nettes. Las ! Pas assez. Pas assez crié à la mort. Hurlé, oui, mais pas assez. Je vous en conjure : criez pendant qu’il est temps encore. Après ce sera dans l’impossible. Pour le moment c’est calme. Les agités sont devenus gisants. Ils tiennent la nuit dans leurs mains. Crié ! Hurlé ! Pas suffisamment. Vous fixez un point bien précis devant vous et, normalement le cri doit l’atteindre. La mort est partout. Partout. La mort. Celle qui vous saisit par le poignet pour ne plus vous lâcher. Plus jamais. Jamais plus. Votre poignet. Le point de chute du cri ? Je ne sais plus. Ce qu’il faut c’est se méfier de tout ce qui a rapport à l’humide. Cela atténue le son. Et un mort crierait-il encore si on le laissait faire ? C’est ça. Pas assez de déchirure. Jamais assez. Et plus encore. Jamais. A la mort comme on crie à l’aide. Parfois ça ne sort pas de la bouche. Cela demeure dans les intestins du cerveau. on crie. personne ! Mais puisque je vous dis que rien ne viendra. Aider. Faire les gestes qui conviennent. On crie. Dans votre silence. Mais pas assez crié ! Jamais assez. Jamais.

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Franck Venaille (né en 1936)Ça (2009)