05 octobre 2013
J’adore me balader dans Paris le nez en l’air, et découvrir les richesses insoupçonnées de la plupart des Parisiens pressés. Je me promenais hier avenue Kléber et j’avais du temps, il faisait doux … Je suis descendue jusqu’à la place de l’Etoile ou plutôt, je me suis arrêtée à l’angle de cette avenue avec la rue de Pressbourg, reconnaissant soudain le pignon d’un immeuble célèbre, que je n’avais pas encore regardé en détail.
Il s’agit d’un très imposant édifice actuellement partiellement en rénovation. La société SOPRA, fleuron de l’informatique française dans le monde, en occupe la partie qui donne sur la rue Lauriston. Mais l’essentiel de l’immeuble fut construit, à usage d’un hôtel de voyageurs, par Georges Chedanne, un des maîtres de l’Art Nouveau à Paris, Prix de Rome 1887, à partir de 1903.
Je connais bien le style de Georges Chedanne puisqu’il est l’auteur de l’Elysées Palace Hôtel, 103 Champs-Elysées, le palace où fut arrêtée Mata-Hari et où est situé le siège social de la banque HSBS-France où j’ai travaillé pendant 5 années. Il y a aussi, de nos jours, un hôtel Mercédès à Paris, rue de Courcelles, mais dont le style n’a rien à voir avec celui à la fois sobre et distingué de Chedanne.
Combien de collaborateurs de SOPRA se sont-ils demandé pourquoi la façade, si pure, rythmée par de douces ondulations, comporte une série de corbeaux et de clés de voûte sculptés de saynètes exaltant le sport automobile ? Pourtant à l’époque sans rapport avec le nom de l’hôtel mais évoquant seulement le voyage.
En tous cas, le répertoire des sculpteurs Boutry, Sicard et Gasq – les deux derniers présents aussi avenue des Champs-Elysées – est à la fois amusant et d’une grande précision : casquettes, écharpes, voiles pour les dames, lunettes étanches, sièges d’osier : tout évoque la vitesse et la poussière des chemins. En parfait contraste avec la sobriété des grilles de garde-corps ornées de fleurs et l’élégance des toitures en ombrelles d'ardoises.
Beaucoup d’humour, et de virtuosité aussi. Un fleuron du style « Art Nouveau » teinté de classicisme à la française (maîtrise de la pierre de taille ...).
Un peu plus haut, on attend avec impatience la rénovation de l’hôtel Majestic, si chargé d’histoire, qui redeviendra un palace à la chinoise. Un chantier gigantesque …