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« La journée était si suave et belle
Que je n’ai pensé à rien.
J’ai perdu la tête. »
L’auteur :
http://jimharrison.free.fr/Biographie.htm
Présentation :
On ne présente plus Jim Harrison, écorché vif dans un corps de grizzly des montagnes, l'un des plus grands écrivains américains contemporains. On connaît moins le Jim Harrison poète. C'est chose faite grâce à ce recueil réunissant des poèmes inédits écrits entre 1965 et 2010, dans lequel Harrison, poète contemplatif à la fois mélancolique et brutal, se fait le chantre vagabond et universel de l'Amérique profonde et des vastes étendues sauvages. Dans Une heure de jour en moins, Jim Harrison, plus virtuose et truculent que jamais, joue avec les formes, les influences et les cultures, rendant au passage un vibrant hommage à ses maîtres, Antonio Machado, René Char et César Vallejo.
Ce que j’ai aimé :
Jim Harrison poète n'est pas loin de Jim Harrison romancier. Ses grands thèmes traversent ses vers comme ils structurent sa vie.
La nature est au centre des poèmes, matrice et élément auquel l'homme torturé revient toujours pour se recentrer, retrouver ses valeurs et se reconnaître en tant qu'homme. Elle coule dans l'eau des rivières, elle chante et enchante à travers le chant des oiseaux, elle crie le mal-être et la violence avec les coyotes, elle nous rappelle à l'ordre et recentre l'homme au sein d'un univers plus large.
« Issu de presque rien, de rien de
Tangible, nous retournons tels de vieux
Enfants au grand rien,
Le chant de l’homme et de l’eau allant à l’océan." (p. 191)
« J’espère définir ma vie, ce qu’il en reste,
Par des migrations, au sud et au nord avec les oiseaux
Loin de la fièvre métallique des horloges,
Le soi fixant l’horloge et disant « Je dois faire cela".
Je ne vois pas le temps sur la langue de la rivière
Dans l’air frais du matin, l’odeur fermentée
De la végétation, la poussière sur les parois du canyon,
Les hirondelles plongeant vers l’eau vive parfumée. » (p. 151)
« Dans la péninsule Nord du Michigan
Et les montagnes de la frontière mexicaine
J’ai suivi l’appel d’oiseaux
Inexistants dans des fourrés
Et des canyons. Je ne suis pas sûr
D’en être revenu indemne. » (p. 210)
Les indiens que Jim Harrison admire tant l'ont compris bien avant lui, comme ce vieil homme indien ojibway qui lui donne des conseils :
« Quand tu te balades dans l ‘arrière-pays, va où tu dois aller, et marche comme un héron ou une grue des sables. Il ne leur manque rien. (…) Pense à ton esprit comme à un lac. Renonce à la moitié de l’argent que tu gagnes si tu ne veux pas devenir une mauvaise personne. Les nuits de pleine lune, tâche de marcher aussi lentement qu’une moufette. » (p. 158)
Jim Harrison chante et enchante le monde grâce au pouvoir millénaire de la création. Il chante la vie qui court, il chante la joie de partager son coeur avec ses lecteurs, il chante comme un besoin inhérent à sa condition d'artiste...
« Au réveil d’une sieste j’ai su en un instant
Que j’étais en vie. C’était stupéfiant,
Presque effrayant. Emotion et sensations
Me submergeaient. Cela ne m’était jamais arrivé.
Sur une chaise bleue dans un pré j’ai réappris
Le monde. » (p. 211)
Ses poèmes sont un véritable sésame à son oeuvre et à l'homme, il s'y met à nu et nous livre le plus beau des chants d'amour et de
vie...
« J’ai gâché trop de clairs de lune.
Cœur battant. Je n’en gâcherai plus,
La Lune harcelée de nuages file vers l’ouest
En son arc impondérable, piégée une demi-
Heure parmi les feuilles mouillées de la vasque
Aux oiseaux. » (p. 76)
Ce que j’ai moins aimé :
- Le recueil rassemble des poèmes écrit de 1965 à 2010, et j'avoue avoir un faible pour les plus récents...
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Du même auteur : Grand maître de Jim HARRISON
Autre : Poésie étrangère
Une heure de jour en moins, Jim Harrison, traduit de l’anglais (EU) par Brice Matthieussent, Flammarion, 2012, 221 p., 19 euros