Devezh mat, Metz, mont a ra ? Un grand dadais à la figure qui n’en finit pas avec des hublots sur les yeux et des oreilles en ailes de chauve-souris, le tout emballé dans une allure de premier communiant qui aurait grandi trop vite : voilà donc le chef suprême de la chrétienté, le premier pape jésuite de l’Histoire, auquel j’ai cru judicieux de consacrer un portrait en ce jour auquel on a donné le nom de son maître à prêcher, Saint-François d’Assise.
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Du haut de mon jeune âge, j’aurai déjà vu se succéder trois papes : le premier, Jean-Paul II, était un réactionnaire achevé mais c’était aussi un comédien, un beau parleur ; son discours haineux et rétrograde, il a su le vendre. Le suivant, Benoît XVI, ne valait guère mieux en matière de modernité et ne savait même pas vendre son discours : c’était un docteur de la foi, un intellectuel, un pur esprit qui ne savait pas se débrouiller avec la réalité d’un monde qui ne peut pas être comme c’est écrit dans les livres ; son seul coup médiatique réussi fut sa démission… Que dire de François, le successeur de ce dernier, le premier pape de l’Histoire à cohabiter avec son prédécesseur ? Le jour de son élection, il n’y avait pas eu lieu de se réjouir outre mesure : c’était le premier pape originaire des Amériques (ça fait déjà trois titres de « premier » à son tableau, cela dit…), d’accord, et après ? Il n’en avait pas moins tenu antérieurement des propos misogynes et homophobes dans la lignée de ce à quoi ses prédécesseurs nous avaient habitués et il était soupçonné de complicité avec la dictature de Videla et sa bande, suivant l’exemple d’un certain Pie XII… Savoir qu’il s’agissait d’un jésuite n’arrangeait rien, tant « jésuite » est devenu, à tort ou à raison, synonyme de « prêcheur à l’esprit étroit assénant une théologie culpabilisante ». Bref, ceux qui annonçaient l’arrivée du Pape réformateur que tout le monde attendait (ah bon, je l’attendais, moi ? Je suis ravi de l’apprendre) me faisaient doucement rigoler…
J’avais peut-être tort : premièrement, j’ai appris récemment, grâce à Maxime Piolot (que je salue au passage), que si les jésuites ont une réputation détestable, Saint François d’Assise, le fondateur de leur ordre n’en était pas moins devenu ami avec le sultan Malek-el-Kamel à une époque où chrétiens et musulmans s’entretuaient ; en d’autres termes, ce saint que Jorge Mario Bergoglio semble tellement apprécier pourrait donner des leçons de tolérance à l’Europe d’aujourd’hui… Sont venues ensuite les déclarations « choc » : le numéro deux du Vatican proclame que le célibat des prêtres n’est pas un dogme mais une simple coutume, ce qui ouvre le débat sur la possibilité du mariage des prêtres, que Jean-Paul II et Benoît XVI avaient toujours refusé avec obstination, et j’ai un peu de mal à admettre que le Pape ait pu laisser son bras droit tenir une déclaration pareille sans son accord… Mais ce n’était encore rien : voilà que Françou se met à tendre la main aux divorcés, que les curés diabolisent depuis des siècles (écoutez « L’institutrice de Quimperlé » de Gilles Servat) et aux homosexuels alors qu’il y a quelques mois à peine, ses ouailles de France étaient prêts à rallumer les bûchers, saisissant le prétexte du mariage pour tous pour faire un barbecue géant avec les homos dans le rôle des saucisses ! Ah ben merde alors ! Si on s’attendait à ça ! Ce François-là a un point commun avec le François qui dirige (ou du moins essaie de diriger) la France : il est surprenant. Je le prenais soit pour un abominable intégriste soit pour un grand dadais à la foi de charbonnier tant il me faisait penser à l’éphémère pape Jean-Paul 1er , ayant à commun avec ce dernier silhouette longiligne et sourire niais imperturbable, et voilà qu’il va bien au-delà de ce qu’on aurait osé attendre de lui en matière de reconnaissance de la réalité d’un monde qui évolue…
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Alors maintenant, comment interpréter ça ? De simples belles paroles qui ne seront pas suivies d’effet ou vraie volonté de réformer une institution sclérosée ? Une pure campagne de communication ou l’amorce d’un tournant qui pourrait aboutir à la marginalisation des abominables intégristes ? Vous voulez mon avis ? Je m’en fous complètement, en fait. Le Pape peut bien faire des discours moins abominables à entendre que ceux de ses prédécesseurs, c’est pas pour ça que je vais me mettre à croire aux fadaises qui sont débitées dans ses boutiques ; François, je veux bien croire à ta sincérité, tu as l’air trop benêt pour être aussi manipulateur que Jean-Paul II. Alors si ça te chante, donne donc des femmes à tes employés, si ça peut leur éviter de n’avoir que des gosses pour se soulager, c’est bon à prendre, invite les divorcés et les homos à communier si tu espères vraiment qu’il ne seront pas trop rancuniers, je ne croirai pas à tes conneries pour autant : un Dieu qui aurait créé le monde en six jours il y a seulement six mille ans et qui aurait ensuite envoyé sur terre son fils qui marchait sur l’eau qu’il changeait en vin et multipliait les pains, ça va, on ne me la fait pas, j’ai passé l’âge de croire aux contes de fées. Au fond, les chrétiens sont peut-être tous de grands enfants ! Mais des enfants turbulents, vu tout le sang que l’Église a sur les mains… Deux mille ans de massacres à faire oublier, il a des hosties sur la planche, François ! Kenavo, les aminches !