Au Théâtre de Paris, les deux acteurs mettent tout leur talent au service d’un boulevard ordinaire, aux coutures un peu trop apparentes, signé Eric Assous que l’on a connu plus inspiré (on pense par exemple à “L’Illusion Conjugale“ ou aux “Conjoints“). Sans surprise, lorsque le rideau tombe, la salle se lève pour acclamer les stars. Un spectacle grand public, monté avec soin par Richard Berry, qui atteint donc sa cible. Notre enthousiasme fut plus modéré, même si nous n’avons pas complètement boudé notre plaisir…
Max et Paul attendent leur meilleur ami pour une soirée poker. Ce dernier arrive très en retard, très paniqué, et surtout très saoul. Il vient de tuer sa femme en l’étranglant. Il leur demande de lui servir d’alibi avant de s’évanouir. Démarre alors une conversation à bâtons rompus sur l’amitié (jusqu’où sommes nous prêts à aller ?) mais aussi sur le couple, avant de virer aux confessions, vidages de sacs, révélations ou règlements de comptes. De toute évidence, ces potes de 35 ans ne se sont pas dit grand-chose en un tiers de siècle… Qu’on se rassure, tout est bien qui finit bien.
Eric Assous applique une recette qu’il maîtrise maintenant depuis un bon moment. Abstraction faite de l’événement d’ouverture franchement gros et moyennement bien amené, sa pièce contient les ingrédients nécessaires au succès. Certes l’humour manque de folie, les effets sont parfois faciles, le propos s’avère conventionnel, aseptisé, prévisible, on nage en plein théâtre bourgeois stéréotypé, mais reconnaissons une efficacité certaine, des répliques qui font mouche, des monologues aux envolées amenant mécaniquement des applaudissements fournis, et des séquences aux effets “garantis“ (Ainsi verrons-nous Richard Berry rapper sur du NTM…). Nous avons ri.
Sur cet immense plateau contraignant les interprètes à courir pour marcher, dans un salon de la taille d’un terrain de foot, et à être soutenus par des micros provoquant un écho latent assez désagréable, le duo Richard Berry-Daniel Auteuil fait preuve d’une virtuosité exceptionnelle et tire vers le haut sa modeste partition. Techniquement irréprochables, en adéquation avec le registre dans lequel ils évoluent, l’un et l’autre mouillent la chemise, délivrent un jeu sincère, précis, plutôt nuancé, et s’amusent comme des fous, il faut bien l’admettre. A leurs côtés, en début et fin de représentation, Didier Flamand compose un “assassin alcoolisé“ moyennement convaincant. Mais son texte n’est pas bon…
Rien de honteux, rien de très original, rien d’indispensable. Quelques éclats de rire.
A vous de voir…
Jusqu'au 19 janvier.
Photo : Céline Nieszawer