Sujet majeur au cours du XXème siècle, le corps humain traverse toutes les représentations plastiques. Il est à l’origine de nombreuses innovations, s’éloignant de la pure représentation : art corporel, drippings, gestualité, Land art…. Ainsi le duo « Présence-Absence » permet d’aborder nombre de propositions artistiques répondant à cette problématique.
Présence corporelle de l’artiste Kazuo Shiraga, suspendu au bout d’une corde, pieds devenus instruments, corps en mouvement, qui imprime sur la toile posée au sol et dans l’épaisse couche de peinture étalée, une forte gestuelle aléatoire mais largement dominée. Tout le corps de l’artiste est ici à l’œuvre.
L’installation de Franck Scurti, Hip-Hop, 1996-1997, manifeste elle une autre présence, celle du spectateur faisant réagir des néons placés comme une parenthèse dans l’espace. Corps en interaction avec l’œuvre, mais où l’artiste est lui absent.
La Figure de l’absence est manifeste et littérale dans les photos Les tombes, Mother, Father, 1990, de Sophie Calle, mais elle est plus ténue dans d’autres œuvres avec l’instauration d’une distance, de zones intermédiaires. L’absence est là en tant que perte, vision parcellaire. Les portraits de Jean-Louis Garnell sont une étrange apparition de personnages aux regards hallucinés, à mi-chemin entre deux états, dont l’un pourrait-être la folie. La série de photographies de Silvio Wolf, Alberi, nous pose la question : qu’est qui est ? Qu’est ce qui n’est pas ?
Dans le choix d’œuvres liées aux Figures de l’absence* (Didier Bay, Daniel Canogar, Daniel Dezeuze…), l’image n’apparaît pas comme un objet mais plutôt comme un manque de réalité tangible, comme un évanouissement, un entre-deux, où dans un même temps le « couple » présence- absence ne peut être dissocié. Ce que l’on ne voit pas est pourtant présent, convoquant mémoires ou images mentales.
*Marc Vernet, Figures de l’absence. De l’invisibilité au cinéma. Cahiers du Cinéma, 2001