Marie Tu Dors mais Clément Léon R se lâche
L'invité du jour : Clément Léon R. Après avoir été censuré sur son support habituel, le voici qui investit mes colonnes libres.L'histoire est simple et je peux même engager comme ça, de la manière la plus crue qui soit : "Le Tigre, c'est de la grosse merde". Voilà, maintenant il ne tient qu'à vous de lire quels arguments je peux avancer pour appuyer mon idée, ou bien vous arrêter là. Mais si vous optez pour la seconde option, vous n'aurez pas le plaisir de lire d'où est née ma haine d'un endroit qui ne mérite que de s'immoler enseveli dans son alcool coupé à l'eau. Je n'espère même pas une immolation par le feu car si cet endroit brûle, ça sera sûrement la seule façon qu'il aura, dans sa misérable vie, de mettre ne serait-ce qu'une étincelle à quelque chose, même s'il n'a pas toujours été comme ça. Ce qui est certain, c'est qu'il ne brûlera plus jamais les planches de la nuit parisienne en gardant cette mentalité et ce n'est pas ses captations pourTracks Arte ou les cachets merdiques qu'il propose aux jeunes artistes qui pourra le sauver.
Alors comme toujours en ce moment, nous sommes dans un contexte deFashion Week et pour ceux qui ne connaîtraient pas ce qu'est cette semaine de la mode, en voici un rapide topo non-exhaustif, bien cliché et misogyne comme j'aime les faire. Il faut vous imaginer des hordes de mannequins déambulant dans les rues de Paris ayant adopté le régimeSlim Coke. Elles sont habillées de loques qui coûtent le prix de leur beauté et sont, paraît-il, dans le vent... Ce qui déjà est une ambition de feuille morte comme disait l'autre. Et puis en face, toujours dans les même rues, les femmes dotées d'un physique plutôt banal (ce qui signifie "pas anorexiques"), se prennent pour des Top Models en mettant des talons hauts de mauvais goût, avec leurs plus belles robes ceinturées qui sont à la mode de chez Maje, mais collection déjà périmée, en espérant qu'on les prennent pour des blogueuses de mode à gros cul. Quoiqu'il en soit, ça ne change pas grand-chose, elle se font toujours traiter de putes quand elles ne répondent pas aux avances des cailles qui les sollicitent d'un trop connu
"Excusez-moi, je voulais savoir, votre Vodka vous la coupez à l'eau ? Les glaçons ils sont comptés dans le prix ?"
Bon là, forcément le mec interloqué me demande de répéter pour que je lui dise clairement quel est le problème. On lui explique très poliment que 20 euros la menthe à l'eau, ça fait cher le glaçon. Et là il me rassure, ce n'est pas sa faute... Il y a une raison extrêmement logique à tout ça. C'est parce qu'il y a un système de doseur relié directement à la caisse. "Mais oui ! Je suis con moi aussi, j'y avais pas pensé ! Une dose d'alcool de vodka à 10 euros, plus une dose de Jet 27 à 10 euros, ça fait 20 euros... Il a raison, et en y réfléchissant vraiment bien, il nous a même offert le Perrier sans bulle, la paille et les morceaux de glace pas pilée". Ça pour le coup, c'est vraiment Rock mec ! Bon, il est mignon ce "responsable" de bar et il tente de se dédouaner un peu plus en nous disant que lui, le bar, c'est pas trop son truc, lui dans la vie il veut faire des RP. Enfuis-toi très vite mon garçon, car là tu es en train de te griller sévèrement. Il nous défend du coup un peu l'idée générale en indiquant que c'est depuis le changement de D.A ou de gérance que la politique a changé. Bla bla bla... Allez merci et adieu gamin ! Tu ne manqueras pas de saluer ta voleuse de patronne pour nous et surtout ne nous offre pas ne serait-ce qu'une bière.Du coup, on retourne vers les autres, passablement énervés, en donnant des coups de pieds dans les murs pour nous calmer les nerfs et là, d'une manière générale, l'assemblée toute entière est d'accord pour dire que ça pue la pisse de chat autours de nous. La pisse de chat, cette odeur rance qui ne vous lâche pas, même en frottant l'endroit souillé avec du Destop. Et il est évident que ce n'est pas un de nous, mais plutôt les murs de cetteMaison de Nuit Rock & Roll (je ne peux m'empêcher de rire quand je pense à cet intitulé faux, mondain et vaniteux) qui puent l'urine de félidé. Remarque, cette odeur involontaire, c'est peut-être tout ce qu'il reste de Rock à ce lieu... Je décide d'aller fumer une cigarette dans un fumoir qui n'existe pas, c'est-à-dire dehors. Évidemment, le portier m'indique qu'il ne faut pas rester là, "là" signifiant pas en face de la porte, tout ça sur un ton belliqueux. Tu sens que le type déteste les gens dont il doit assurer la sécurité. Et puis la jeune fille qui tenait la liste des invités s'avance pour nous demander si on veut bien être pris en photo devant la boîte avec le logo en fond. On lui explique que oui, mais qu'on fera la gueule dessus et on lui expose pourquoi, simplement sans en rajouter de trop.Retour en intérieur, je me suis un peu calmé et je m'assoie avec une ami sur un rebord du carré VIP, accessible par trois petites marches, séparé par une grosse chaîne et entouré de rideaux rose-rouge mauvais goût achetés chez Casa, pour discuter de la possible mort de Max de Fun Radio dans le paysage littéraire français et de la complète disparition des émissions de Gilles Deleuze dans le panorama de libre-antenne pour jeunes chébrans. Conversation que je tiens tout de même en crachant allègrement sur leur moquette car j'ai toujours une vieille saveur d'amertume dans la bouche. Un petit couple à côté de nous, fort bien assorti de par leur style capillaire, discute positionné de la même manière. Un ami, qui vient d'arriver dans un flux impressionnant d'autres personnes souvent très lookées ou plutôt même souvent déguisées, me propose de m'offrir un verre. Je stoppe net le malheureux dans sa tentative de suicide financier et lui indique le prix des verres. Il me répond que non ce n'est pas 20 euros et me tend une carte. En effet, sur la carte les cocktails (sûrement avec plusieurs dosages d'alcool), ils sont à 15 euros. C'est bien ce qui me semblait, ce n'était pas comme ça la première fois que j'étais venu lors de l'ouverture il y a deux ans environ. Je n'ai plus la force de faire encore des remarques. En plus, la Maison de Nuit Rock & Roll passe du R'n'b de Hipster et ça me donne envie de pisser pour rester poli.
Aux toilettes, une espèce de modeux blond dégueulasse aux faux airs de Watkin Tudor Jones se fait prendre en photo dans son pyjama où il est inscrit "Fuck the Minimal". C'est lui-même qui fait son t-shirt comme un grand ?? Et bien, tu aurais du rajouter un "e" à "Mal", ça aurait au moins eu le mérite d'être drôle et ça t'irait bien mieux. Bon, une fois la chose faite, je me dirige à nouveau vers cette bordure où on peut s'asseoir auprès de leur ridicule carré VIP et je m'évertue à cracher ma répugnance pour la philosophie roublarde de cet endroit auprès des gens qui viennent me parler et cracher tout court sur leur mobilier en bois de Rockeurs Bourgeois. Mais soudainement, mes vociférations sont stoppées net, au secours, je crie à la censure, car la tringle de leur rideau ignoble qui délimite leur carré pour gens très riches me tombe sur le coin du front : une barre métallique, qu'un des serveurs minaudeurs vient récupérer sans même s'inquiéter de savoir si ça m'avait fait mal, m'accusant quasiment de l'avoir fait tomber. Allez, c'est la goutte d'eau, je m'éclipse vers la sortie. La jeune physio m'honore d'un doux :"Vous partez ?... A bientôt !" et moi de lui répondre :"En tout cas pas ici c'est certain".
Par Clément Léon R