C'est l'histoire d'une rentrée scolaire qui se passait "trop bien". Cela ne pouvait pas durer. Il fallait rebondir.
Dix-huit mois après son entrée en fonction, le ministre de l'éducation s'applique sans brusquer. On se souvient de la suppression de la carte scolaire, en trois mois; de la réduction de 15.000 postes, chaque année. Où étaient les critiques d'alors ? Elles se planquaient, avant de s'exprimer, sur le tard, très tard, quand l'évidence du fiasco s'imposait.
La rentrée arrive. Premiers jours de septembre, quelques maires râlent, mais l'argument général passe bien. Les difficultés sont ailleurs. Certes, l'association des Maires de France, présidée par un UMP, s'est plaint durant l'été, avec courrier à François Hollande. Mais les nouveaux rythmes scolaires ne concernent que 20% des élèves. Et, faudrait-il le rappeler, en majuscules et avec obstination, cette réforme ne visait nulle économie. Il ne s'agit que d'une chose, une simple mesure de bon sens: 4 jours et demi par semaine pour mieux étaler la charge éducative, et ainsi réintégrer dans l'enseignement public et gratuit des activités péri-scolaires à l'accès inégalitaire.
Enfin, l'Education est ce secteur prioritaire de la Hollandie. Il y a encore fort à faire - réécrire les programmes scolaires, former des nouveaux enseignants; revoir les zones d'éducation prioritaire, décharger les classes - mais nos éditocrates et autres UMPistes désoeuvrés se cherchaient un sujet.
Début septembre, nous pouvions louer le retour de ce ministre devenu, par la force des choses, discret.
L'UMP ne sait plus comment rebondir. Jean-François Copé, ce lundi 30 septembre, lâche sa bombinette. Il s'est trouvé une sujet: les nouveaux rythmes scolaires dont le coût "pèse" sur les "collectivités locales". Nulle allusion aux élèves. de toute façon, la grande idée de Copé s'il parvenait au pouvoir serait de supprimer un million de fonctionnaires. Rien que ça... on imagine les dégâts sur les futurs rythmes scolaires.
Le président de l'Association des Maires de France, explique, avec moins de hargne, que l'application de nouveaux rythmes est compliquée et couteuse: il évoque un surcoût "entre 600 et 800 millions d'euros", alors que le "fonds d'amorçage" créé par l'Etat ne serait doté que de 250 millions d'euros.
Quelques maires, agités par l'association, hurlent au suicide budgétaire. A Paris, NKM rebondit sur un sujet qui n'agite pourtant pas les finances de la capitale.
Mercredi 2 octobre, Copé renchérit. Il invente un concept, la "taxe Peillon", ça sort de nulle part, cela ne correspond à rien; ça permet d'occulter la réforme. Pour une fois qu'on réforme l'éducation nationale pour autre chose que le souci de faire des économies, rares sont les médias qui relèvent cet aspect. Au contraire, tout le monde se plonge dans le tract de l'UMP, tiré à un million d'exemplaires. Finalement, ce parti n'était pas exsangue.
Un mois après la rentrée, l'AMF relance, elle s'inquiète de la rentrée 2014 (sic!), elle dénonce le calendrier. Copé se félicite. Voici la menace. A cause de Hollande, pourtant plus rigoureux sur les budgets, les colectivités locales seraient contraintes d'augmenter leurs impôts locaux.
Notez l'ironie: les défenseurs de la famille pour tous s'indignent que l'on consacre davantage de moyens à l'éducation de nos marmots.
Sans commentaires, la nausée seulement.
Une certaine presse, à l'affut du raffut, rebondit. Ainsi l'inévitable Christophe Barbier, patron de l'Express, lâche-t-il cet édito sans saveur sur le "fiasco". Rien n'est pourtant encore en place, 80% seulement des élèves ne sont pas concernés. Le Monde, habituellement prudent, multiplie les articles sur ces élèves "fatigués" et "déboussolés". Le Figaro, sans surprise, s'inquiète: "les maires veulent remettre à plat le financement de cette réforme".
Que fallait-il retenir ?
Rien.
Car personne, ô personne, n'osa rappeler le sens ni les objectifs de cette réforme.
On ne pensait que modalités et financement.
Merci à JUAN de Chroniques (politiques)
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