…où comment une immersion au cœur des souks de la capitale syrienne se transforme, peu à peu, en errance à la fois géographique et intérieure. Avec, comme fil d’Ariane, une seule question : est-il possible de se trouver ?
« Berceau de l'humanité », « foyer de civilisation », « aube de l'histoire », « carrefour des mondes »... La liste des expressions semble inépuisable au moment de fouler la terre syrienne, dont les origines se perdent dans la nuit des temps. Le pays a beau mettre beaucoup d'énergie à entretenir sa mauvaise réputation internationale, la simple évocation de son nom injecte forcément, dans l'imaginaire du voyageur, cette promesse d'errance, de flottement, de chamboulement des sens et d'envoûtement propre à l'Orient millénaire. Senteurs d'épices et d'encens, vapeurs de hammam et de narguilé, bercement des chants aux heures de prières, paysage féérique de minarets, dômes, souks, palais, caravansérail dégringolant en cascade le long des pentes...Autant d'élément paraissant sortis d'un récit des Mille et une nuits (mais bien présents ici), qui immergent d'emblée dans une vie vaguement parallèle avant même d'y avoir posé un pied. Le premier alphabet, la première note de musique, le premier village agricole, les premiers traités de physique et d'astronomie sont nés ici (explique mon guide) et c'est comme si ce passé millénaire imprégnait chaque particule d'atmosphère, comme pour signaler au voyageur qu'en s'immergeant ici,
Bienvenue dans les souks du vieux Damas, réseau dense d'allées couvertes, illuminés de dizaines de rayons solaires perforant les toits sombres, agglutinés autour du cœur vivant de la ville que constitue l'envoûtante Mosquée des Omeyyades, peut être la plus belle du Moyen Orient.
Au terme de cette errance qui semble ne jamais s'achever, on débouche pourtant par hasard au pied de hautes enceintes rehaussées de minarets, un peu comme on parvient au centre de soi-même au terme d'une longue réflexion. Voici la mosquée des Omeyyades, merveilleux édifice, cœur d'une ville qu'irriguent les mille et une « veines » marchandes dont on vient de s'extirper.
Suite du carnet :Une oasis dans le désert (3/5)