Chaque Président de la République a forgé une "pratique de gouvernement bien à lui. Qui pourra dire que de Gaulle est assimilable à tout autre ou que Giscard ressemble à Chirac et que Mitterrand n’avait pas sa marque.
La manie des commentateurs ou opposants voulant sans cesse décrire ce qu’ils appellent les « couacs » devient lassante tant elle ne correspond pas à une analyse sérieuse.
[« Chacun en a pris pour son grade ce matin en conseil des ministres : Manuel Valls, à l'intérieur, Cécile Duflot, au logement, qui se sont étripés toute la semaine sur le dossier des Roms. Sans compter le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, prié par le président de la République "d'assurer encore davantage la coordination du travail et de l'expression du gouvernement". ]
Ces émotions, ces commentaires ne sont finalement transmis que par des « témoins », lesquels n’ont certainement pas la même mémoire des mots ou des postures. Qui pourra nous dire que Duflot entend la même chose que Valls ou que Montebourg comprend la même dialectique qu’Ayrault. Le seul qui sait parfaitement ce qu’il a dit et dans quels termes, c’est le Président Hollande et il ne parlera pas publiquement. Si cette manière de faire et d’agir n’est pas une méthode, comment faut-il la nommer ?
Il est nécessaire de comprendre que nous vivons une toute autre forme de l’exercice présidentiel, inconnu jusqu’à présent dans la Vème République. C’est un fait.
Ensuite, il est légitime de critiquer, de regretter des formes plus anciennes, au contraire de louer cette nouvelle manière de faire, d’apprécier ou non ces errements apparents. Au bout de l’exercice les électeurs pourront trancher. Mais il est clair que François Hollande aura, à son tour, imprimer sa marque personnelle au sommet de l’État.
Le Président de la République n’est pas à la recherche d’une attitude d’autorité absolue, au contraire. Il a fait l'essentiel de sa campagne en critiquant celle de son prédécesseur.En ce sens il tient parfaitement ses promesses dans la forme.
Très attaché à cette nouvelle "rupture", il semble vouloir entretenir ce "look" à tout prix . Son truc à lui est beaucoup plus redoutable pour ses adversaires comme pour ses amis : « laisser flotter les rubans », se dégrader les dialectiques contradictoires, faire régner le foutoir des congrès d’été à La Rochelle pour ensuite siffler la synthèse.
Un seul problème tout de même, très bien résumé par Françoise Fressoz dans le Monde.
« Il y a un paradoxe dans ce quinquennat Hollande : la gravité de la crise conjuguée à la menace populiste sollicitent plus que jamais l'autorité présidentielle. Or les Français ont élu un président de la République qui se méfie viscéralement de l'autorité. »