Aux Etats-Unis, Buzzfeed bat des records d’audiences, en mélangeant informations people, insolites et d’actualité. Ce site a aussi une sous-rubrique sur les animaux, les vedettes de l’insolite sur Internet. Il se diversifie dans ses formes de contenus, avec par exemple ici une série de photos, de gifs et de vidéos, de chats accompagnant une lettre destinée à leurs maîtres. Upworthy suit le même modèle, mais avec une variante, il publie des contenus trouvés sur Internet et non pas les siens propres. Ses articles sont censés passionner l'internaute et une politique virale de partage très efficace est menée. Melty occupe une place similaire en France, en faisant le choix d'un journalisme à la demande et se rapprochant d'un modèle de ferme à contenu.
Des sites comme MinuteBuzz.com, jouent sur le même créneau en France et font de l’insolite leur spécialité, en donnant notamment à l’internaute des classements, des top 10 sur certains sujets qui marchent à tous les coups grâce à leur côté intriguant. Par exemple, les toboggans les plus funs du monde, ou encore les pires expressions qu’on entend au bureau. Dans sa présentation, MinuteBuzz se décrit comme "un site média indépendant et sans complexe, qui vous propose tous les jours un concentré des sujets les plus divertissants et impressionnants du web". Il revendique "un ton jeune, frais, parfois décalé, dans un monde où l’information est de plus en plus dense et éphémère".
La place de la photo et de la vidéo reste toujours essentielle pour satisfaire la curiosité et rendre l’info vivante. Les records du monde et autres événements, toujours vantés comme "extraordinaires", ont aussi beaucoup de succès. Les sites Internet comme le Huffington Post, 7sur7.be ou encore le Dailymail, prennent à coeur de ranger cette catégorie à part, dans une rubrique "insolite" spécifique. D’autres comme Le Lab d’Europe 1, se distinguent en traitant "l'insolite version sérieuse", ici en politique, en misant notamment sur les petites phrases qui font mouche.
Accro à l'insolite
"Quand on va sur Internet ce n’est pas pour consulter des infos qu’on voit aussi à la télévision, le public a besoin de voir quelque chose qui lui change les idées", explique Sébastien Courtin, le responsable du site Internet Gentside.com. Ce média, dédié à la gente masculine, comporte plus de 7000 articles avec comme tag le terme "insolite". Une technique qui fonctionne bien pour faire du buzz. "L’insolite propose une info divertissante et pas du tout anxiogène". C’est le point fort de ce thème selon Sébastien Courtin. Les internautes cherchent avant tout la distraction, un peu comme la fonction qu’occupait le fait divers dans les journaux au XIXe siècle.Gentside.com était avant un site entièrement consacré à l’insolite. "Cela reste un élément important de notre identité", affirme Sébastien Courtin. La part d’insolite a diminuée pour "diversifier l’ancien site afin qu’il soit plus généraliste. Mais aussi pour des raisons financières, car un site complètement dédié à l’insolite attire moins de publicités qu’un site généraliste, peu de marques sont associées à ce secteur.
On devient vite accro à l’insolite malgré ses répétitions, qui pourraient lasser. Ce sont en effet toujours les mêmes gags, le même genre d’histoires ou de classements qui reviennent, avec des variantes. Mais pour Sébastien Courtin, "les internautes les regarderont toujours, c’est la force de l’insolite". Les mêmes vidéos de chats ou d’enfants dans des mises en scène variées feront toujours craquer. Et ne parlons même pas des bébés chats…
"On a l’impression que c’est toujours la même chose, mais au final cela intéresse toujours les internautes. Il y aura toujours des nouvelles histoires, avec des nouvelles personnes, des nouveaux buzz", raconte Sébastien Courtin. Les effets de mode peuvent être éphémères ou s’inscrire dans la durée, comme les lolcats. Mais les parodies n’ont pas la même durée de vie. A titre d’exemple, les parodies de la série "Bref", qui se sont multipliées, mais elles ont cessé quelques mois après la fin de la série.
L’insolite devient très facilement viral, car il en appelle à l’émotion. Que cela soit du rire, de la compassion face à une histoire touchante, de l’étonnement, de l’agacement ou encore de la curiosité, ce sont des sentiments vifs, qui nous animent à la lecture de ce genre d’information. Alors on partage l’information sur les réseaux sociaux, vite, sans même parfois aller plus loin que le titre de l’article, ou même écouter et regarder la vidéo. Le site MinuteBuzz a compris cette facilité de partage et se vante d’offrir à ses lecteurs un moyen d’ "alimenter leurs discussions" et les incite vivement à "partager sans modération".
L’insolite devient viral très vite, c’est à qui a vu la vidéo la plus hallucinante sur Internet dans les cours de récré. On partage l’info, mais aussi physiquement, on se fait regarder mutuellement des articles, des vidéos ou des photos. Sébastien Courtin fait le même constat : "L’insolite se partage plus que d’autres sujets. On partage plus avec un ami une vidéo qui nous a fait rire que la lecture de l’interview d’un politicien". L’insolite prime sur l’info généraliste lorsqu’il s’agit de faire le buzz. Pour lui, l’image est plus importante que l’écrit pour l’insolite sur Internet. "Ce sont les vidéos très courtes et efficaces qui marchent beaucoup", confie-t-il.
L’info insolite est plus présente sur Internet parce que cela fonctionne beaucoup par la vidéo, qui se transmet facilement par le web. Dans les autres médias, on la retrouve surtout dans les zappings ou les vidéos gags pour la télévision, et dans la rubrique fourre-tout des "faits divers" pour la presse écrite. "Ce n’est pas considéré comme un genre d’information haut de gamme", constate Sébastien Courtin. Les journalistes ont tendance à déprécier l'insolite. De plus, les conditions de travail des employés qui travaillent pour des sites Internet viraux sont souvent difficiles, car la qualité passe souvent après la rapidité et le nombre de vues réalisées. Une journaliste a d'ailleurs démissionné récemment d'un site de vidéos virales... dans une vidéo.
Ce genre reste associé à Internet. Aujourd’hui les journaux gratuits, comme 20minutes ou Metro se sont aussi emparés de l’insolite, mais souvent ils renvoient à des vidéos sur leur site Internet. L’insolite est vite limité chez les autres médias. Un atout pour les sites Internet qui s’emparent de ce domaine réservé.