Le week-end passé j’ai eu l’immense chance de me rendre à Londres pour le Gulf Photo Plus. Mais qu’est-ce que le Gulf Photo Plus, plus communément appelé GPP ? C’est une manifestation originellement tenue à Dubaï réunissant les plus fameux photographes au monde réputés pour leur implication à transmettre leurs connaissances à travers les médias internet, du contenu éducatif et des workshops.
Attention, si cet article non sponsorisé (ahahah si seulement) risque de mentionner une flopée de marques commerciales, ce n’est aucunement de la publicité (ou indirectement). Prenez ça plutôt comme un échange de références impliquées dans la Photographie et qui la font progresser et la rendent abordable (et qui personnellement m’ont influencés d’une manière ou d’une autre).
Le GPP
La manifestation s’est déroulée donc sur deux jours avec quatre intervenants de prestiges donnant chacun 3h de conférence. Certains disaient que 450$ était cher payé, mais avoir la chance de côtoyer ces photographes pendant 12h au total, apprendre avec les meilleurs, s’inspirer de leurs qualités et de leur approche ainsi que de bénéficier de petites attentions, comme imprimer 50 cartes de visites Moo, gagner quelques prix et revenir avec des goodies justifient à mon sens largement le prix.
Les conférences
La première intervention fut celle de Joe McNally. Joe est un photographe et reporter parmi les plus connus et reconnus de son genre, grâce à son implication à transmettre son savoir, via des bouquins comme Le moment du déclic, ses vidéos didactiques sur Adorama TV et son blog. Si son nom ne vous dit rien, vous avez probablement déjà vu ses images dans le National Geographic Magazine (25 ans d’expérience le monsieur) ou entendu parler de son exposition Faces of Ground Zero — Portraits of the Heroes of September 11th. Bref, une légende.
Il a commencé par une retrospective sur son année écoulée et les photosles importantes à ses yeux avant de nous parler de sa démarche de photographe. Le mec est monté au sommet du Burj Khalifa à Dubaï dans le cadre d’un reportage. Une fois arrivé au sommet à 830m du sol, il a pris une photo de ses pieds et du vide en-dessous avec son téléphone futé, la seule chose qui n’était pas attachée à la tour, pour la poster sur twitter. Du temps qu’il arrive en-bas, c’était déjà probablement la photo la plus vue de son immense carrière de photographe. D’un côté très frustrant pour lui (un bête snapshot de ses pieds), de l’autre le mec sait très bien saisir les opportunités qu’offrent les nouveaux médias et le micro-blogging de nos jours.
De sa démonstration technique qui en a suivi, je retiendrai l’usage du TTL que je n’ai jamais vraiment essayé, la possibilité du mode esclave des flashs et l’envie d’expérimenter encore plus, de nouvelles situations, de nouveaux défis et qui sait, de nouveaux succès.
L’après-midi, on a eu droit à David Hobby. The Strobist himslef. C’est-à-dire que c’est lui qui est à l’origine du mouvement Strobist, ou l’utilisation de flash cobra en mode déporté (hors de l’appareil) pour couvrir des reportages in situ en construisant son environnement de lumières peu importe les contraintes du lieu. Il l’a popularisé grâce à son fameux guide Lighting 101 et reste toujours la référence N°1 du domaine. Une légende, je vous dis.
Alors je fus quelque peu désappointé lorsqu’il a dit qu’il n’aborderait pas la technique. A l’inverse, il a décidé de se mettre à nu, métaphoriquement, il a précisé, sur qui il est en tant que photographe, et qui il est d’autre que juste un photographe. Voici quelle était la ligne directrice de sa conférence :
- Know yourself ;
- Build ecosystem ;
- Create space ;
Ce fut donc une approche nouvelle pour lui d’aborder ces thèmes, plus fondé sur la construction de sa carrière et/ou sa passion et il a eu l’audace de dévoiler sa pensée et d’ouvrir de nouvelles perspectives pour de nombreux photographes qui veulent créer une niche dans leur passion.
Le dimanche, c’est un Zach Arias avec la gueule de bois qui a eu le droit d’ouvrir le bal. Effectivement la veille, la fine équipe a eu le droit de faire la fermeture du bar avec la moitié des photographes présents au GPP. Votre serviteur n’y était malheureusement pas car il en profitait de voir un vieil ami londonien. Surnommé Mr One Light pour son application à toujours trouver une solution d’éclairage avec un seul flash, Zach donnait un cours nommé Hacking Stuff et a passé la matinée à démontrer qu’on peut obtenir des résultats incroyables avec un peu d’imagination et du matériel récupéré ici et là.
La première démonstration qui a beaucoup fait rire l’assemblée mais un peu moins sa femme, fut l’emploi des draps conjugaux « emprunté » à leur hôtel pour diffuser la lumière. Ensuite il nous a montré la création d’une softbox avec un carton trouvé dans une poubelle et du papier d’alu, l’emploi d’un sac en plastique pour le même emploi et les résultats artisitques que peuvent amener le bricolage d’un objectif tilt-shift ou à décentrement.
Le plus drôle fut lorsque quelques membres du public eurent une crise cardiaque alors qu’il nettoya son appareil photo hybride en soufflant dedans et en le nettoyant avec son t-shirt. Pour lui, ça reste que du matos qui délivre un résultat que lui créé, et se connaissant, il va de toute façon pas réussir à en prendre soin ahahah.
Dernier conférencier, celui que je connaissais le moins alors que c’est peut-être encore le plus réputé des 3 autres : Gregory Heisler. Le mec détient le record de couvertures du Time magazine avec bien entendu quelques présidents ou prix nobels dans le lot. Excusez du peu.
Heisler a passé la majorité du temps à parler de son incroyable carrière en tant que photographe, depuis les prémices où jeune adulte il a forcé les portes malgré les rebuffades successives (qu’il a pris comme des encouragements) jusqu’à son ascension actuelle. Doté d’un délicieux humour et merveilleux conteur, il nous a raconté pleins d’anecdotes sur George W. Bush, comme la fois où, peu concentré sur le shooting, celui-ci dit à Greg : « Sorry, I’ve a lot in my mind » et le photographe qui hésite à sarcastiquement lui répliquer « Yes, you better have.. ». Quelque temps après, il fut banni de la Maison Blanche pour avoir exposé les doubles facettes du Président Bush en une du Time.
Gregory Heisler a prévu de sortir ces prochains mois un livre de portraits et c’est définitivement un maître en son domaine.
Pour mon compte, la manifestation fut une belle découverte qui m’a apporté peut-être moins de ressources techniques que le programme le laissait croire mais fut une réelle source inspirationnelle, que ce soit au niveau créativité ou au niveau possibilités et perspectives. La technique peut s’apprendre n’importe quand n’importe où, alors que le fondement et la démarche d’un photographe se trouve ailleurs. Bref, on verra. Le défi restant toujours de mettre en application ces nouvelles ressources avant que le soufflé retombe, n’est-ce pas ?
Surprise
Le lundi en fin de journée alors qu’on faisait la file pour monter au Shard, le plus haut building de Londres et accessoirement d’Europe, on a aperçu David Hobby et Mohammed, l’organisateur du GPP derrière nous. Une fois au sommet, je m’approche d’eux avec le porte-clé-appareil-photo et leurs lance « Hey guys, can I take your picture ? » avec un immense smile. Approche réussie. Un peu plus tard, je me suis assis à côté de David qui prenait des images avec son µ4/3. Moi qui était parti à Londres sans trépied dans le but de mettre sérieusement en pratique mes techniques de stabilisation low-cost, j’avais acheté un paquet de riz soufflé en bas de la tour afin de le transformer en bean bag. Alors premièrement l’astuce marche super-bien et ça a permis d’alimenter notre échange (au sens figuré, bien que ça aurait été énorme de bouffer des rice krispies avec The Strobist). Toujours abordable, il m’a demandé ce que j’avais pensé de l’event, m’a raconté la suite pour lui (un projet mondial éducatif avec des enfants) et ce fut vraiment un moment chouette à partager qui fait beaucoup de jaloux chez Strobi.fr.