Au cinéma : «Blue Jasmine»

Après un tour d’Europe, Woody Allen revient sur les terres américaines pour nous livrer son nouveau film, cru 2013 : « Blue Jasmine ». Le cinéaste retrouve à l’occasion Alec Baldwin, qu’il avait déjà dirigé dans son précédent film : « To Rome with love », et donne le premier rôle à Cate Blanchett, célèbre interprète de Galadriel dans la franchise de Peter Jackson, « Le Seigneur des Anneaux ». « Blue Jasmine » sortait dans nos salles le 25 septembre 2013.

Synopsis : Alors qu’elle voit sa vie voler en éclat et son mariage avec Hal, un homme d’affaire fortuné, battre sérieusement de l’aile, Jasmine quitte son New York raffiné et mondain pour San Francisco et s’installe dans le modeste appartement de sa soeur Ginger afin de remettre de l’ordre dans sa vie.

Nouveau film de Woody Allen, « Blue Jasmine » revient aux fondamentaux de la filmographie du réalisateur : la bourgeoisie new-yorkaise. Après tout, c’est ce dont il parle le mieux. C’est donc avec un plaisir non-dissimulé que l’on découvre dès les premières images une new-yorkaise, répondant au doux nom de Jasmine, parlant d’elle, d’elle et encore d’elle à une parfaite inconnue. Woody Allen nous présente une femme qui vient de perdre mari et situation financière. Jasmine nous raconte des choses, que des flashbacks vont contredire ou préciser juste après. L’intelligence est d’alterner les scènes présentes à San Francisco et les scènes passées à New-York, qui dévoilent au grand jour la tendance mythomane du personnage principal. Ce qui est très bien pensé, puisqu’au début, nous faisons confiance à Jasmine dans ses propos mais nous nous en méfions au bout de trente minutes de film quand ses névroses et problèmes font surfaces.

Pour interpréter ce personnage tourmenté et profondément blessé de Jasmine, il fallait une actrice capable de porter à elle seule le film sur ses épaules. Woody Allen a trouvé Cate Blanchett et lui offre l’un des ses meilleurs rôles au cinéma. L’actrice livre une performance dès plus troublante, à la limite de la schizophrénie. Elle n’hésite pas à s’enlaidir au fur et à mesure du film, se transformant tel un monstre : des marques de transpirations apparaissent sur sa silhouette jusqu’alors parfaite, ses yeux deviennent lourds de fatigue, et ses rides apparaissent sur sa peau. Cate Blanchett donne tout ce qu’elle peut dans « Blue Jasmine » et permet au film de devenir plus fort grâce à son interprétation. Le reste du casting arrive tout de même à exister à côté de cette performance. Sally Hawkins s’affirme comme une excellente actrice en devenir, Alec Baldwin nous sort le numéro du grand charmeur, Bobby Cannavale surprend avec ses airs d’italien à gomina touchant, et Peter Sarsgaard se la joue séducteur au grand cœur.

Malgré le fait que Woody Allen parle de sujets pesants et complexes, notamment avec les névroses de Jasmine, le film ne bascule jamais dans la surenchère. L’histoire est déjà assez dramatique comme cela, et Woody Allen a la bonne idée de rendre son film léger plutôt que de le plomber avec une réalisation qui irait trop dans le pathos. Le rire est d’ailleurs très présent, même si l’on rit plus de gêne plutôt que de bon cœur. L’image de cette femme qui, a tout moment, peut s’arrêter n’importe où et commencer à parler toute seule est formidable, tandis que l’expression des personnes à ses côtés l’est encore plus. Malgré tout, Woody Allen n’oublie pas son sujet et sait quand la caméra doit se focaliser sur le « drame », et notamment avec des gros plans sur Cate Blanchett qui se trouvent être très prenants. Comme à son habitude, Woody Allen ponctue son film de morceaux de jazz. Cette musique se mêlant au côté dramatique de l’intrigue fait ressentir comme un sentiment de blues … mais un sentiment tellement bon qu’il donne à « Blue Jasmine » tout son charme.

Avec « Blue Jasmine », Woody Allen revient à son meilleur, et offre à Cate Blanchett un rôle où tout son talent peut exploser. Un Woody Allen 2013 que l’on déguste avec joie.

Blue Jasmine. De Woody Allen. Avec Cate Blanchett, Sally Hawkins, Alec Baldwin, Bobby Cannavale, Peter Sarsgaard, Louis C.K., Andrew Dice Clay,

Sortie le 25 septembre 2013.