Meurtre au pays des vampires

Par Nelcie @celinelcie

Après vous avoir causé vampire avec rage de dents, et bien je vais encore vous parler vampire. Mais cette fois-ci, pas en mode bit-lit. Car l’aube écarlate n’est pas de la bit-lit, mais un roman d’horreur/science-fiction.

Le roman est signé Lucius Shepard, auteur que j’ai connu grâce au dragon griaule livre que m’avais fortement recommandé le libraire de Scylla.

Synopsis

Ils sont beaux, puissants et immortels. Ils appartiennent tous à la Famille, à la race des vampires. Au cœur du XIXe siècle, certains sont restés attachés à leur passé sanglant, conjuguant érotisme et cruauté. D’autres regardent vers le futur, nourrissant l’espoir d’évoluer vers une nouvelle aristocratie spirituelle. Mais tous se sont réunis au monstrueux château Banat, dans les Carpates, pour participer à la cérémonie du Nectar, au partage du sang d’une mortelle soigneusement sélectionnée. Or, la jeune femme est sauvagement assassinée avant la cérémonie. Un crime qui ne peut rester impuni, même parmi les créatures de la nuit…

Mon avis

J’ai passé un super bon moment en lisant ce roman.  Mais faut que je vous explique pourquoi j’ai adoré !!

Bien sûr, j’ai été captivée par l’histoire en elle-même, j’ai aimé l’intrigue, mais ce qui a surtout retenu mon attention, c’est la plume de l’auteur. Moi qui ne suis pas forcément fan des descriptions qui s’étalent trop, bah là j’ai juste kiffé.

L’écriture est emprunte de lyrisme et de poésie. On a envie de se laisser porter par la simple beauté des mots et des phrases.

Que l’auteur décrit un lieu, je n’ai pas de peine à me l’imaginer, et pourtant, les lieux sont… vraiment hors normes !

Les personnages sont remarquablement bien présentés. A travers les mots, il arrive à nous peindre un portrait très détaillé tout en gardant une grosse part de mystère et d’inconnu. Finalement, la lectrice que je suis a eu ce sentiment étrange de cerner les personnages parce que les vampires, je sais ce que c’est, je connais leurs forces, tout ça tout ça… mais en fin de compte, ils m’apparaissent comme des créatures que je ne pourrais jamais comprendre totalement.  Vous voyez ce que je veux dire ?

Et puis que dire des scènes  de grocalinous entre vampires ? (oui, le vampire est un être qui aime les sensations fortes).  Bah c’est juste du grand art, moi j’dis ! Parce que commencer l’action en faisant une comparaison du corps féminin avec une carte géographique, continuer avec… non ça je vous le dirai pas, je vous laisse la surprise, au cas où vous auriez envie de lire le roman… Enfin bref, j’adore !

Et quand en plus de cela j’apprends des mots de vocabulaires, moi je dis bingo !
En lisant l’aube écarlate, j’ai découvert le mot « avunculaire ». Tiens, toi qui lis cet avis, je te propose un petit jeu. Tu veux ?

Enoncé du problème : Tu as demandé un entretien avec ton patron afin d’évoquer une augmentation de salaire.
Exercice : Place le mot « avunculaire » dans la conversation.

Bon d’accord, des jolies phrases c’est chouette, c’est beau. Mais une bonne histoire c’est pas mal non plus.

Parce qu’évidemment, si l’intrigue était nulle, la beauté des mots perdrait toute sa saveur.

L’histoire, c’est donc une enquête dans le monde des vampires, parce que l’un d’eux a commis un horrible crime. Et même si le vampire n’est pas un être tendre et pieux (et n’est pas toujours très tendre au pieu. Par contre si tu envisages de lui planter un pieu dans le cœur, il risque de ne pas être tendre avec toi. Y a pas à dire, entre le vampire et le pieu la relation est des plus tendue :-D), il y a des choses qui ne font pas. Même quand est un vampire super fort et super puissant. Alors, faut trouver le méchant… enfin l’encore-plus-méchant.

L’enquête en elle-même n’est pas à proprement parler une grosse surprise : il est question de novice, de mentor, de fille qui intrigue, de boss omniprésent mais jaméprésent, de trahisons de révélations… bref, de tout plein de trucs qui font une intrigue policière. Cela n’empêche pas pour autant qu’elle est très bien menée. On peut faire classique et efficace sans tomber dans le banal.

Par contre, j’ai beaucoup aimé tout ce qui tourne autour de cette trame policière.
Lucius Shepard nous embarque au cœur du monde des vampires. Un monde où tout est démesuré, tout est hors norme pour nous, simples mortels. Le château Banat justement, avec ses dimensions inhumaines, ses salles où se déroulent des scènes plus ou moins absurdes ou étranges (plutôt plus que moins, en fait), il faut le dire est totalement surréaliste. Mais voyez-vous, étrangement, une partie de mon cerveau s’est très bien accoutumé et a même réussi à se convaincre que finalement ce château il n’est pas si bizarre que ça. A moins que ce soit moi qui sois bizarre. Ou alors je suis un vampire et je le sais pas encore. Quoique… vu la taille de mes dents, j’ai des sérieux doutes. Et puis vu ma vitesse de pointe sur un 100 mètres (distance que je suis incapable de courir) j’ai des doutes encore plus gros. Sans compter que je n’ai pas de force dans les bras. Non, finalement après mûre réflexion, je crois pas que je suis un vampire.

Les personnages sont vraiment très intéressants, tous autant qu’ils sont.

Michel Beheim, le héros, m’a particulièrement plu. Ce « jeune » vampire qui cherche encore sa place dans la hiérarchie vampirique, garde encore en lui une grosse part d’humanisme tout en devenant de plus en plus vampirique. On le sent souvent tiraillé dans son nouveau monde qu’il ne maîtrise pas totalement. Et du coup, son caractère s’en ressent. Selon les moments, il apparait très humain, mais peut avoir des excès de cruauté à faire froid dans le dos. Bref, un personnage ambigu, comme je les aime.

Les autres personnages ne sont pas dénués d’intérêt, bien au contraire. Mais je ne vous en dis pas plus.

Alors certes, ce roman (pas si long que ça) aurait pu être plus court, tant Monsieur Sherpard se perd parfois en descriptions et, je dirais même, en envolées lyriques.  Mais moi je dis que quand c’est si bien écrit, si bien raconté, bah c’est bon de se perdre dans la beauté de l’écriture.


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