Commonwealth

Par Jperino @Jonoripe

Je découvre que le Cameroun fait partie du Commonwealth des Nations depuis 1995. J’aurais dû le savoir car je me souviens que Ron, un cousin par alliance, était allé donner des cours d’anglais à Yaoundé. Il m’en est resté une phrase « Il n’y a pas d’hôtel central à Yaoundé ! » prononcée avec un fort accent camerounais par un douanier immense qui voulait un pot de vin (bakchich en arabe, bribe en anglais) que Ron refusait obstinément au risque de rater son avion. Preuve que l’anglais même intellectuel, même mort de trouille (frightened to death) refuse la corruption avec vaillance (with bravery). Ron était bien descendu à l’Hôtel Central, encore une preuve que le gouvernement du Cameroun prenait au sérieux les cours d’anglais. Il a finalement pu embarqué de justesse pour rentrer sain et sauf (safe and sound) dans sa banlieue londonienne.

A vrai dire, cette note concerne la Gambie car la Gambie vient de quitter le Commonwealth sans préavis réduisant ce groupement de nations de 11'300 km2 en surface et de près de 2 millions d’habitants. Il reste encore une bonne surface avec, entre autre, l'Australie, le Canada, le Nouvelle-Zélande, tous fidèles au roi et à la reine depuis 1931.

Pour ceux qui ne le sauraient pas la Gambie est un état longiligne qui borde le fleuve Gambie, état enclavé dans le Sénégal, à l’ouest de l’Afrique donc. Sénégal et Gambie ont même formé l’état de Sénégambie de 1982 à 1989. Imaginez un état formé de la France et de l’Angleterre. Ça ne peut pas marcher. Just impossible !

La capitale de la Gambie se trouve à l’embouchure du fleuve Gambie. « Je chanterai les fleuves de la terre, Que serait la terre sans ses fleuves ? Les ponts les plus beaux y perdraient beaucoup de leurs charmes, on ne saurait plus sur quoi les bâtir... Où se suiciderait le comptable infidèle ? Plus de promenades en bateau-mouche (…) On voit par là l’importance des fleuves. Ils vont tous se jeter dans la mer* » disait Vialatte. La Gambie ne fait pas exception. C'est donc un fleuve exoréique*. A noter que le fleuve comme le pays sont féminin (non Greg, il n'y a pas de règles, on dit le Rhône).

Sa longueur est de 1 130 km, dont 500 km sont navigables. Son débit à Gouloumbou (entre Sénégal et Gambie) varie de 1m3/s à 1150 m3/s. Avant Gouloumbou, le fleuve traverse le Parc national du Niokolo-Koba et on peut y voir des hippos (l’hippo est un mammifères cétartiodactyle** proches génétiquement de la baleine mais moins gros). Après Gouloumbou, le dénivelé est très faible. La Gambie prend sa source dans le massif du Fouta-Djalon, en Guinée. Comme le fleuve Méandre cher à Vialatte, la Gambie effectue de nombreux méandres. À partir de la frontière entre la Guinée et le Sénégal, la pente est faible.

*  Vialatte ne connaissait pas les fleuves endoréiques qui ne se jettent pas bêtement dans la mer : le Tarim, la Volga, le Syr-Daria, l’Amou-Daria et l’Oural pour ne citer que les plus grands qui s'abandonnent au milieu des terres.

** Les Cétartiodactyles (Cetartiodactyla) forment un ordre de mammifères ongulés dont la principale particularité est de posséder un nombre pair de doigts (2 ou 4) aux membres inférieurs, contrairement au équidés (cheval 1 doigt), aux rhinos (3 doigts) et à  l’homme (5) qui sont périssodactyles. Les tapirs (seuls représentants des tapiridés aurait ajouté Vialatte) sont contrariants, ils possèdent trois doigts aux membres postérieurs et quatre aux antérieurs. Le tapir herbivore ne doit pas être confondu avec le tamanoir qui a cinq doigts aux pattes de devant ainsi qu'à celles de derrière et qui, lui, est myrmécophage.

Vocabulaire en + : Commonwealth est un mot anglais qui date du xve siècle. Commonwealth vient des mots wealth, anciennement « bien-être », et common, « commun ». Il peut être considéré comme la traduction de « res publica » en latin qui donne notre république.

A noter le glissement de sens de wealth qui de bien-être devient richesse. Preuve que la sémantique des mots suit la logique de la civilisation. Aujourd'hui, seul le fric compte pour mesurer le bien-être. A noter que les québécois utilisent le mot « bien-être » pour désigner l’aide sociale versée aux personnes dans le besoin.