Pour ma première expo après deux bonnes semaines d’absence… une belle émotion! Au musée archéologique de Dijon, Pascale Serre a installé sa « Collection » (jusqu’au 3 novembre) et elle a invité le céramiste Emmanuel Schamelhout à travailler avec elle pour cette exposition.
Des toiles peintes, grand format, sont suspendues sous la voûte de la salle romane, au milieu des sculptures funéraires gallo-romaines. Une scénographie bien faite (éclairages de Jean-Jacques Ignart, créateur lumière de théâtre) nous fait battre le cœur! Car nous sommes face à des portraits de personnes disparues, celles qui ont compté dans la vie de l’artiste. Dans une demie pénombre, nous avançons sur un parcours, à la rencontre de ces personnages. René, Patrick, Jacqueline, André, Marguerite… sont là. Vingt-cinq en tout. Pascale Serre les a peints d’après photo (qu’elle présente aussi, posée à côté de la toile, sur un pupitre, accompagnée d’un texte)
Leurs silhouettes fantomatiques sont dessinées en traits clairs et légers sur fond noir. En négatif semble-t-il. Parfois, de belles envolées du pinceau ajoutent à cette représentation.
L’ensemble n’est pas morbide, malgré la petite flamme rouge qui tremblotte devant chaque toile (ampoule électrique), malgré les textes et photos qui pourraient évoquer les épitaphes des cimetières. Non. C’est juste troublant. Émouvant. L’artiste a fait là son album souvenirs et garde ces personnes vivantes par la mémoire créative. (J’ai vu en Roumanie le « cimetière joyeux » où chaque croix devant la tombe est sculptée et peinte de façon gaie et naïve, assortie d’un texte gravé qui évoque le mort. C’est le même principe: garder vivants les défunt).
A chacun, Pascale Serre a attribué un animal qui le caractérise, peint à ses côtés. Et son ami céramiste Emmanuel Schamelhout les a reproduit en volume. Leur gentil petit troupeau nous attend au bout de la salle. C’est un régal!
La vidéo qui passe sur le mur du fond est de son cousin, Antoine Serre. Sorte de films souvenirs de vie familiale…
S’il fallait mettre un bémol à cette exposition, ce serait la rigidité de certains portraits (trop fidèle à la photo), j’aurais préféré que l’artiste les peigne comme elle les voyait, elle, avec sa touche d’artiste, avec sa propre sensibilité. ( Ce qu’elle a réussi pour d’autres ).
Et les fleurs jetées au pied des portraits ne sont pas nécessaires, je trouve. Inutile d’accentuer le côté cimetière.
J’ai adoré l’association des oeuvres de Pascal Serre avec les sépultures antiques. Deux passés. Mais hors du temps. Qui se rejoignent. Dans la mémoire.
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