Pensionnat Miss Minchin, institution distinguée pour jeunes filles de bonne famille, Londres. C'est à cette adresse qu'est arrivée la Princesse Sarah, couverte d'or et de bijoux, avant de dégringoler dans l'échelle sociale, suite à la mort de son père, qui s'était ruiné en Inde. Sarah a finalement découvert qu'elle était l'héritière de mines de diamants, longuement recherchée, et avait obtenu son sésame pour s'échapper des griffes de Miss Minchin et vivre sereinement, en compagnie de Becky et de leur bienfaiteur.
Cette suite a donc imaginé la vie après le départ de Sarah, dans une atmosphère toujours aussi austère, savamment entretenue par une Miss Minchin plus revêche que jamais, mais quelque peu éteinte aussi. Un mystère plane autour de sa personne, depuis qu'elle passe ses journées cloîtrée dans sa chambre. Les filles en profitent pour se la couler douce, au salon ou en salle d'études. L'humeur est morose, mais les esprits vifs et guillerets des demoiselles remettent vite un peu de vie et d'éclat au décor.
Lottie est toujours aussi espiègle et incontrôlable, Ermengarde renonce à lui inculquer un soupçon de retenue ou de discipline, malgré les chaleureuses recommandations de son amie Sarah, elle qui avait longtemps imaginé que leur amitié était brisée a finalement surmonté sa timidité pour lui écrire de longues lettres et lui confier leur quotidien. Les détails insolites ne manquent pas, surtout depuis l'arrivée d'Alice, la nouvelle servante qui mène son monde à la baguette et n'entend pas dormir sous les toits, dans les courants d'air et en compagnie des souris. Même Lavinia est métamorphosée, depuis sa rencontre avec leur nouveau voisin, un jeune garçon aux cheveux rouges.
Celui-ci a trouvé leur école ‘loufoque’. A travers cette réflexion, Lavinia réalise qu'elle n'est pas à la hauteur des futures étudiantes d'Oxford. Certes, on lui enseigne le latin et la littérature anglaise, mais quid des mathématiques, du français, de l'économie, la philosophie, etc. ? Elle a du pain sur la planche pour se mettre à niveau. Oui, Lavinia considère que le rôle de la femme n'est pas seulement de se marier, de procréer et de parader en société. Alors, elle dévalise les rayons de la bibliothèque et s'échine à prendre des leçons de piano, avec la complicité de ses camarades.
Tout ça se déroule sur un ton joyeux et alerte, dans une ambiance délicieusement guindée et typiquement anglaise. En un mot, c'est délectable ! On retrouve les histoires d'amitiés, de rivalités, de leçons à apprendre, de fous rires et de secrets à partager, avec un dénouement proche du conte de fées... encore une fois. Sincèrement, la magie est intacte !
Les petites pensionnaires, par Hilary McKay (Gallimard jeunesse, juillet 2010 - traduction de Bee Formentelli - illustrations de Nick Maland)