Les Roms : une polémique déguisée?" border="0" title="POLITIQUE > Les Roms : une polémique déguisée?" />Les différends de communication se succèdent au sein du gouvernement, plombant l’action et la popularité de l’exécutif. Le premier ministre Jean-Marc Ayrault serre la vis.
Les ministres devront désormais informer en amont le cabinet du chef du gouvernement de leur "plan médias" et obtenir son feu vert, prévient un proche conseiller de Jean-Marc Ayrault dans une note envoyée aux responsables de leur communication. Le Premier ministre, sommé hier par le président François Hollande de mettre fin aux différends à répétition au sein du gouvernement après la controverse sur les Roms entre Cécile Duflot et Manuel Valls, n’a pas perdu de temps pour tenter de verrouiller la communication gouvernementale.
"Le schéma est le suivant", écrit Jérôme Batout, chef du pôle stratégie, médias et communication de Matignon : "Lorsque votre ministre reçoit une invitation pour un passage média (radio, télé, presse écrite papier ou internet), vous nous informez au préalable, avant de donner un accord au média."Et si un ministre envisage de "susciter un passage média", il est aussi demandé à son conseiller communication d’en informer les services du chef du gouvernement avant de prendre contact avec l’organe de presse concerné.
Matignon aura ainsi la possibilité "d’évaluer la pertinence" de ce projet "au regard de l’ensemble des passages médias déjà programmés et de l’actualité", poursuit Jérôme Batout dans ce document diffusé hier soir par divers organes de presse et dont les services du Premier ministre confirment l’authenticité.
C’est en fonction de cette évaluation que ce projet d’intervention pourra être validé, "ce qui arrivera dans la plupart des cas", promet le conseiller de Jean-Marc Ayrault. Il promet aussi aux conseillers communication des ministres de leur répondre "dans un délai aussi rapide que possible". Concernant les interviews écrites et les tribunes, Jérôme Batout assure qu’il n’y aura pas de relecture systématique par Matignon, mais il appartient aux ministres et à leur conseiller "d’apprécier si une relecture est souhaitable". Une vaste action de communication contrôlée est donc engagée.
Valls - Duflot, une mascarade ? Le ministre de l’interieur en semant l’effroi au sein de la gauche, déclarant que les Roms avaient "vocation à retourner en Roumanie ou en Bulgarie" et qu’ils ne pouvaient "s’intégrer", ne fait que reprendre des propos qu’il avait déjà tenus le 14 mars dernier dans Le Figaro, où il affirmait : " … l’insertion ne peut concerner qu’une minorité. Les occupants des campements ne souhaitent pas s’intégrer dans notre pays pour des raisons culturelles ou parce qu’ils sont entre les mains de réseaux versés dans la mendicité ou la prostitution..." Et 93 % des Français interrogés par BVA lui donnaient raison. Nombre de camarades socialistes de Manuel Valls, dont le premier secrétaire du parti et ci-devant président de Sos-Racisme Harlem Désir, mais aussi Arnaud Montebourg ou Marisol Touraine, ont publiquement pris leurs distances avec le ministre de l’Intérieur.
Ces propos ne doivent nullement leurrer les français. Il s’agit ici d’une vaste opération de communication à travers une posture dont sont friands les ministres de l’Intérieur sous la Ve République. Lorsqu’un pouvoir est impopulaire, le titulaire de la place Beauvau est toujours là pour multiplier des déclarations énergiques de nature à rassurer et à enthousiasmer l’électorat. Sous le second mandat de Chirac, Nicolas Sarkozy, qui fut ministre de l’Intérieur pendant quasiment tout le quinquennat, avait eu des propos véhéments "nettoyer les quartiers au Karcher, se débarrasser de la racaille", ce qui lui permis de se construire à peu de frais une stature de présidentiable et accéder ainsi l’Elysée en 2007 dès sa première tentative. Alors, quand Cécile Duflot énervée lors des journées parlementaires des écologistes à Angers déclare : "On ne peut pas les stigmatiser !", on ne peut que s'interroger sur une posture politique qui en dit long, sur une mascarade bien orchestrée dont sont l'objet nos pleutres politiciens.F/G