Ce n’est qu’un hasard dont l’actualité est seule responsable. Ce billet est consacré à l’expression publique d’un élu du Sénat. Il n’est pas pour autant redondant avec le précédent. Lors de la journée parlementaire UMP qui s’est tenue à l’Assemblée nationale le 24 septembre 2013, un « Sage » siégeant au Palais du Luxembourg a emballé les réseaux sociaux avec une petite phrase aussi inattendue que révélatrice de l’envers du décor et des apparences démocratiques. Le sénateur Eric Doligé s’est pris les pieds dans la carpette des arrières pensées d'une fraction de l'UMP engagée dans des jeux d'alcôve avec le FN. «Moi je dois vous dire que j’ai un instinct meurtrier en ce moment. Je suis comme la plupart des citoyens, moi je ne supporte plus Hollande et sa bande !». Dans un enregistrement diffusé ultérieurement par le site Le lab Europe1, Eric Doligé, sénateur du Loiret a complété ses propos : «Il faudrait qu’on évite de se tirer dessus entre nous et qu’on fasse tout pour tirer plutôt... enfin moi j’ai une liste de gens que je peux vous donner, sur qui il faut tirer, hein. Il y en a une quarantaine, c’est tous ceux du gouvernement». La consultation de Wikipédia nous apprend que le sénateur Eric Doligé est aussi président du Conseil général du Loiret et conseiller général élu dans le canton de Meug-sur-Loire depuis 1994. Ce n’est donc pas un débutant.
Un collégien ou un lycéen rebelle traitant ses professeurs de cette façon serait traduit en conseil de discipline et exclu de l’établissement. Que dirait un tribunal à un justiciable qui s’en prendrait en ces termes aux magistrats ? La petite phrase a fait merveille et le sénateur, semble-t-il, n’est pas astreint à un rappel à la loi.
Le sénateur serait avisé de se faire expliquer par un adolescent de sa famille ou de son territoire les particularités de la diffusion sur le Net des petites phrases de fin de banquet et comment sur Twitter s'organise un concours de hashtags. Finis les propos égrillards qui sont lâchés alors qu’on tente de balayer d’une main distraite l’auréole laissée par une dégoulinure sournoise du bœuf mironton sur le costard marine. Eh oui Sénateur, la société numérique est une sacrée rapporteuse. Pas moyen de déconner entre potes sans que ça fuite dans tous les sens. Il va falloir maintenant solliciter les nettoyeurs du Net, les Monsieur Propre de la notoriété pour gommer l’expression d’instincts de liquidation « d’une quarantaine » de personnes. Pour sa décharge, il faut préciser que le sérial flingueur septuagénaire ne compte pas agir seul. Le sénateur-maire de Marseille s’est porté volontaire pour « donner les kalachnikov ! ». L’attelage est toutefois dans la tradition. Le duo comprend en effet un porte-flingue et un cerveau.