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L’homme qui avait les mains chaudes (romance impossible ?)

Par Borokoff

A propos de Mon âme par toi guérie de François Dupeyron ★★☆☆☆

Grégory Gadebois - Mon âme par toi guérie de François Dupeyron - Borokoff / Blog de critique cinéma

Grégory Gadebois

Dans la région de Saint-Raphaël (Var), Frédi (Grégory Gadebois), la trentaine, vit seul dans sa caravane. S’il a hérité d’un don de guérisseur que possédait feu sa mère, il refuse néanmoins de l’admettre. Un soir, il renverse par accident un petit garçon en moto. Par la suite, les circonstances de la vie l’amènent de plus en plus à devoir assumer ce don. Un jour, Frédi tombe sur Nina (Céline Sallette), une femme qui semble seule comme lui et qui boit. Presque aussitôt, il tombe amoureux d’elle…

Jean-Pierre Darroussin, Grégory Gadebois - Mon âme par toi guérie de François Dupeyron - Borokoff / Blog de critique cinéma

Jean-Pierre Darroussin, Grégory Gadebois

Adaptation du roman qu’avait lui-même écrit François Dupeyron (Chacun pour soi, Dieu pour tous, sorti en 2009), Mon âme par toi guérie est autant un portrait de groupe que la chronique désenchantée d’une histoire d’amour (impossible ?) entre deux marginaux, deux êtres qui se sentent incompris et éprouvent chacun à leur manière une certaine angoisse de vivre, une douleur comme un mal-être profonds. Chez Frédi, c’est la solitude qui le mine. Quant à Nina, elle ne se remet pas de sa relation amoureuse artistique et fusionnelle avec un peintre plus âgé qu’elle. Un peintre dont elle était la muse et que le souvenir obsède et tourmente jusque dans sa chair. Jusqu’à l’empêcher de vivre…

Céline Sallette, Grégory Gadebois - Mon âme par toi guérie de François Dupeyron - Borokoff / Blog de critique cinéma

Céline Sallette, Grégory Gadebois

Le portrait de groupe dont on parle concerne une communauté de gens qui vivent dans des caravanes et tiennent par la solidarité qui existe entre eux. Si le père de Frédi, joué par Darroussin, est un personnage au flegme et au fatalisme inénarrables, c’est aussi un personnage bienveillant que l’on sent inquiet pour son fils. Darroussin campe un personnage profond, moins extravagant certes que le pote de Frédi joué par Philippe Rebbot, mais tout aussi drôle et cynique.

Alors, qu’est-ce qui ne fonctionne pas dans Mon âme par toi guérie, qu’est-ce qui freine autant l’enthousiasme, l’adhésion entière du spectateur ? Seraient-ce ces répétitions, notamment dans la dernière demi-heure du film ?

Marie Payen, Grégory Gadebois - Mon âme par toi guérie de François Dupeyron - Borokoff / Blog de critique cinéma

Marie Payen, Grégory Gadebois

Dans la première heure, le portrait de Frédi est pourtant dépeint de manière assez profonde et exigeante pour convaincre, pour être émouvant voire poignant par endroits, mais le film tire ensuite en longueur, comme si le réalisateur se laissait aller à se regarder filmer, un brin complaisant dans ce miroir du monde grinçant qu’il nous tend. Dommage que les fils d’une mise en scène jusque là précise et rigoureuse, qui privilégiait les gros plans sur les visages, se distendent peu à peu.

Comment expliquer cette dernière demi-heure soporifique et un peu agaçante dans la maison du peintre ? Le film perd alors en tension dramatique, en enjeux cinématographiques, en émotion et en intérêt.

Jusque-là, on était pourtant sous le charme d’une histoire originale avec des personnages en marge, aussi touchants que bien interprétés. Mais le dernier tiers du film voit s’effondrer tout l’édifice. Pire, la forme de désillusion qui semblait caractériser les deux personnages principaux et qui retenait le plus le spectateur tourne à une certaine amertume chez un réalisateur qui n’hésite pas à s’encombrer de clichés sur Nina, dépeinte non plus comme cette femme malheureuse qu’elle est dans le fond mais comme une sorte de muse lascive et délaissée, mourant seule et à petit feu dans un château vide mais encore hanté par la présence du peintre mort. Ce portrait de rêveuse désœuvrée aux accents de tragédienne romantique finit par agacer, un brin maniéré et complaisant, chargé et artificiel. Soudain stéréotypé, le personnage de Nina, devient alors un pantin désincarné, une marionnette certes prisonnière de  ses cauchemars mais vid(é)e et passive.

Et l’amertume que l’on sentait déjà chez le réalisateur semble prendre le pas sur tout. Comme si Dupeyron était inondé, dépassé par ce sentiment teinté de rage mais désagréable et nuisible à son film, à ce qu’il dégageait jusque-là…

http://www.youtube.com/watch?v=LCRkWJ3fta4

Film français de François Dupeyron avec Grégory Gadebois, Céline Sallette, Jean-Pierre Darroussin (02 h 04)

Scénario de François Dupeyron d’après son propre roman : 

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Mise en scène : 

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Acteurs : 

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Compositions :

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