© Les Commissaires Anonymes
En fait non, pas vraiment mais en même temps si d'une certaine façon... Au Hall des Chars, les Commissaires Anonymes ont investi l'espace d'exposition pour y présenter « Eldorado Maximum » et qu'est-ce qu'un Eldorado si ce n'est un contrée mythique de l'Amérique du Sud dans laquelle est supposée se trouver des montagnes d'or ?
Vue de l'exposition "Eldorado Maximum". Photo: CR.
Qui sont les Commissaires Anonymes ? Des Zorro au féminin de l'art contemporain ? Une entité qui resterait masquée, anonyme, mais qui chercherait à créer du sens dans les expositions qu'elles organisent ? Bref, normalement, on vous présentera Mesdames les Commissaires Anonymes une prochaine fois. Aujourd'hui, nous allons nous intéresser à cet Eldorado Maximum qu'elles nous proposent de découvrir. Depuis deux ans environ, elles ont collecté des titres de journaux dans lesquels le mot « Eldorado » apparaissait. A priori c'est le cas au moins une fois par jour, elles ont répertorié plus de 500 titres et nous en donnent à voir quelques-uns accrochés à l'un des murs. On peut y lire par exemple : « Italie : la fin d'un Eldorado », « Snapchat, l'eldorado des ados », ou encore « l'eldorado a disparu » et bien d'autres encore. L'accumulation de ces eldorados qui, pour la plupart, ont disparu donnent l'image d'une société en perdition où le profit est à portée de main et la fuite inévitable mais il apparaît qu'il ne s'agissait que de rêves et qu'au fond l'herbe n'est pas forcément plus verte ailleurs... En même temps, l'eldorado est mythique par définition, ils n'étaient donc qu'illusion.
Vue de l'exposition "Eldorado Maximum". Photo: CR.
Cette exposition est protéiforme, vous pourrez y voir la 2CV Hallaluya de Jean-Sébastien Tacher. Cette 2CV, l'artiste est venu avec depuis Paris, il a aussi fait l'ascension du Mont Ventoux avec : miracle peut-être ? Elle est dans un drôle d'état, difficile de croire qu'elle roule encore... D'où son nom peut-être ? Voiture divine ? À l'arrière se trouve une sculpture, sorte de démon protecteur censé se mettre en travers de notre chemin quand on s'endort au volant. Il s'y trouve aussi des bijoux de Julia Moroge. Réalisés à partir de matériaux que l'on pourrait considérer comme pauvres ou du moins non traditionnels pour des bijoux, ils démontrent peut-être que l'on peut faire bien avec les moyens du bord. La mise en scène nous met face à des sortes de totems, crânes, mickeys revisités et colliers en corde pour se pendre (mais se portant à l'envers), moins dangereux du coup, non ? Gloups ! On peut aussi découvrir les œuvres de Léon Delafontaine, le projet Casa Do Vapor mené par le collectif Exyzt. Eux, ils se sont rendus dans un village de pêcheur au Sud de Lisbonne qui expérimente une nouvelle façon de vivre, une utopie de vivre-ensemble loin des règles de la société capitaliste dans laquelle nous vivons.
Vue de l'exposition "Eldorado Maximum". Photo: CR.
Beaucoup de découvertes donc, et de matière à la réflexion dans cette exposition qui nous montre aussi le travail d’Étienne Boulanger et du Bureau d'études. D’Étienne Boulanger, les Commissaires Anonymes présentent le projet The Single Room Hotel, les plans, les dessins mais aussi une affiche montrant le projet réalisé. Il s'agissait d'une chambre d'hôtel de 22 m² construite derrière des panneaux publicitaires sur un terrain vague à Berlin, ni vu, ni connu, à l'insu de tous en quelque sorte. Les panneaux étaient loués à des fins publicitaires et permettaient la suffisance financière de l'habitat qui s'y trouvait caché. Et pour le reste, entre autres choses, j'ai fait un truc bizarre le jour où j'ai visité cette exposition : j'y suis allée avec mes palmes à la main et je les ai déposées sur les étagères dédiées à la Gratuiterie, une proposition des artistes du Bureau d’Études. Douce utopie (Eldorado ?) que cette offre de déposer quelque chose ou non et d'en prendre une ou plusieurs gratuitement. On donne, on prend, on partage ? Bref, on vit... Est-ce que ça marche ? J'ai déposé des palmes (37-38, assez souples, agréables pour nager avec, pour ceux que ça intéresse si elles y sont encore) et je suis repartie avec une ampoule dont les filaments sont remplacés par des flocons de neige, découverte d'objets étranges dont des gens se sont séparés spontanément : une invitation à envisager le monde, le commerce, les rapports différemment, à s'interroger aussi sur ce que l'on est et comment on vit. Est-ce qu'on pourrait être autrement ?
À nous de construire des eldorados, ils n'ont pas besoin d'être grands, les petites utopies peuvent peut-être être réalisables, qui sait ? Proposition des Commissaires Anonymes.
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Deux films y seront aussi projetés : Indiani de Léa Troulard et The Cat, the Reverand and the Slave d'Alain Della Negra et Kaori Kinoshita aujourd'hui à 19h30, en présence des artistes.
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Le Hall des Chars / Friche Laiterie
10 rue du Hohwald
67000 Strasbourg
Exposition "Eldorado Maximum" jusqu'au dimanche 6 octobre de 14h à 19h. Entrée libre.
Cécile.