Indices de présence du loup : détruisez-les ! demande Ferus dans un communiqué
Quand j'avais envoyé mon texte " Sommes-nous complices? " à FERUS comme éditorial du numéro de février de la Gazette des Grands Prédateurs, l'association m'a indiqué qu'elle préférait le publier comme "tribune libre" et non comme "éditorial", marquant ainsi ses "réserves" sur la question que je posais. J'aurai préféré avoir tord!
Communiqué de FERUS
"Jusqu’à présent, les indices de présence du loup transmis au réseau Loup de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) permettaient simplement de suivre la progression biologique de l’espèce en France. Mais il semblerait maintenant que ces données soient bien utiles pour localiser les loups et les tuer!
Le 20 septembre, le préfet des Alpes-Maritimes signe un arrêté autorisant le tir d’un loup. Dès le lendemain, une louve est tuée en battue à St-Etienne-de-Tinée. Auparavant, les séances de hurlements provoqués conduites par l’ONCFS avaient localisé les sites de rendez-vous de la meute. Pratique…
Le 22 septembre, deux loups sont photographiés et donc localisés dans le massif du Thabor-Galibier (Savoie). Le 27, un arrêté préfectoral d’autorisation de tir est signé. Le 28, un loup est abattu. Pratique…
Il y a quelques jours, un loup est photographié et localisé en sud Sainte-Baume (Var). Selon nos sources, un arrêté préfectoral de tir dans cette zone serait sur le point d’être signé. Pratique…
Le dévoiement du réseau loup semble avéré et ce genre d’exemples risque de se reproduire puisque le gouvernement veut à tout prix atteindre le plafond maximum de 24 loups pouvant être tués.
Les données transmises au réseau Loup de l’ONCFS participent à la régulation du loup voulue par l’Etat depuis le nouveau Plan Loup 2013-2017 : elles aident à repérer les loups ce qui rend leur tir plus facile et permettent d’estimer le nombre de loups et donc la fraction pouvant être abattue.
Nous demandons dès aujourd’hui à tous les adhérents et sympathisants de FERUS et à tous les amis du loup, dont certains sont des correspondants officiels du réseau Loup, de ne plus transmettre aucune de leurs données à l’ONCFS et donc au gouvernement. Nous leur demandons également de détruire tous les indices de présence du loup (recouvrement des pistes de loup dans la neige, enlèvement des crottes trouvées sur les chemins etc.)
Alors ce week-end, en allant ramasser les champignons, pensez à la survie des loups et masquez les traces de leur passage !"
Sortir du Plan loup
Les associations DOIVENT sortir du Plan Loup 2013-2017. En effet, la présence des associations a été instrumentalisée par les politiques quand ceux-çi déclarent que le plan loup a été "signé" ou "validé" par les associations:
- Aussi bien par Philippe Martin: « En effet, celui-ci (NDLB : le Plan loup) n’a de sens que s’il est appliqué, d’autant qu’il a été accepté par les associations de défense du loup »
- que par Christophe Castaner: « C'est une vraie satisfaction pour moi car nous n'avons eu aucune voix négative, que ce soit de la part des éleveurs ou des associations de défense du loup » qui parle également d'un "accord unanime accepté par tous",
- et que par Sylvie Cendre, sous-préfète chargée de mission Nice-Montagne à la Préfecture des Alpes-Maritimes: "On a mis en place un Plan loup. Ce plan loup a été négocié avec les associations de défense de la Nature".
Plus surprenant encore, la même instrumentalisation par l’association « Le Klan du Loup » qui essaie de tirer les marrons du feu: « Cette volonté d'extermination de Canis lupus a été rendue possible par la validation du Plan Loup, actée par des associations comme Ferus, le WWF France et la FNE. » ou « FERUS et la FNE ont signé le Plan d'action Loup 2013-2017, qui est un plan scélérat». Or la position "zéro tir à tuer" comme ils disent en slogan, me semble proprement intenable!
Cette "acceptation tacite" a été démentie plusieurs fois, autant par FERUS que par l"ASPAS et FNE. De plus, le plan loup n'est même pas respecté et la venue des chasseurs dans la chasse au loup donne raison aux prévisions les plus pessimistes.
Sortir du réseau loup
De la même manière que les associations doivent sortir du Plan loup, les naturalistes doivent sortir du réseau loup.
Le 19 décembre, à la veille du Plan d’Action National Loup 2013-2017, Patrick Boffy déclarait pour FERUS:
La Buvette écrivait dans cette note:"Le GNL s'achemine vers un relèvement du plafond des loups prélevés, qui était fixé à onze pour la période qui s'achève. De nouveaux comptages vont être effectués afin de mesurer la progression de la population de loups, car l'objectif reste d'en réduire le nombre. Ferus demeure opposé à tous les tir létaux qu'il s'agisse de tirs de défense ou de tirs de prélèvement". L’association environnementale engrengait "le fait qu’il n’est plus question de tirs dans les Parcs Nationaux, ni de zones d’exclusions, mais la notion de troupeaux non protégeables ouvre, selon eux, la porte à toutes les dérives", regrettant en outre que "la protection n’est évoquée que par son coût qui se heurte aux contraintes budgétaires des Ministères".
“la variation du taux annuel qui va servir à éclairer les politiques pour déterminer le nombre de prélèvements envisagé chaque année ? Cela restera un choix politique. Pour l'instant LA référence officiellement publiée est calculée avec la méthode CMR qui est considérée comme LA bonne méthode de calcul du taux de croissance.”
L’application de la méthode scandinave développée dans cette même note montre que trois méthodes sont utilisées en combinaison.
Le suivi des traces sur la neige est la méthode de base. Près de 100 agents de terrain sont employés à temps plein ou partiel le temps de trouver et de suivre les traces de loups au cours de la saison de surveillance, du 1 octobre au 28 février.
La deuxième méthode est l'analyse ADN, principalement basée sur l’analyse des excréments de loup collectées pendant les recherches. L’analyse ADN permet d’identifier les reproductions et les fratries, de regrouper les familles en les distinguant de celles des territoires voisins. Elle permet aussi d’identifier les nouveaux immigrants venant de la population finlandaise ou russe.
La troisième méthode est l’usage de la radio-télémétrie. De 10 à 20 loups sont équipés de colliers émetteurs GPS chaque année. Cela permet d’analyser les territoires de chaque meute et de mieux les différencier avec les territoires voisins.
" Question : Comment va-t-on appliquer cette méthode en France? En sachant :
- qu'elle utilise 100 agents de terrain à temps plein ou partiel.
- Tous les agents du réseau loup français vont-t-ils collaborer en sachant que le résultat de leur travail servira à détruire plus de loups ? Les éleveurs et les chasseurs participeront peut-être de bon coeur, mais les naturalistes et les membres d'associations?
- que l'enneigement en Suède et en France sont différent. Le suivi hivernal est déjà compliqué en France, et certains hiver, impossible en montagne par manque de neige. Alors un suivi de traces dans la neige d'octobre à février, et bientôt dans des départements "de plaine", moins neigeux, avec le réchauffement climatique,
- Que le Programme Prédateurs Proies est au point mort et que nous n'avons plus de loups équipés de GPS,
- que le coût du programme loup actuel "se heurte aux contraintes budgétaires des Ministères",
- que les éleveurs et leurs soutiens politiques locaux font des pieds et des mains pour diminuer les frais liés au dossier loup
La réussite du suivi et de cette méthode repose sur la densité du suivi par le réseau National Loup. Or, on le sait maintenant, les informations de suivi servent à mettre les chasseurs sur la piste des loups pour les tuer.
Il est donc indispensable que ceux qui désirent protéger les loups se retirent du réseau loup et n’y collaborent plus. Le réseau loup va perdre en efficacité, voire s’effondrer, les données et la méthode de suivi aussi.
Nous avons été complices de la destruction des loups par les chasseurs en participant au suivi via le réseau loup.