Sinistre pays.
Il fallait sortir les Rroms d'une actualité improbable. Et quelque ministre trop actif dans nos médias.
Mercredi, c'est le grand show, mais le spectacle se déroule à huis-clos. Nulle caméra, les témoignages seront indirects. Hollande reçoit ses ministres pour le traditionnel conseil du mercredi. Suspense, stress et inquiétude. Mais que va-t-il dire après le clash Valls/Duflot ? La verte Cécile avait bâché Valls, l'accusant de franchir la ligne jaune du pacte républicain. Le rose Manuel s'était empourpré sur le plateau de BFM, dimanche, pour fustiger ces "propos insupportables". Pire, Voici Jean-Marc Ayrault, à l'Assemblée, incapable de trancher.
On n'est plus dans le couac, on dépasse les seuils sarkozystes de la cacophonie ministérielle.
Nous ne sommes plus en Sarkofrance. On croirait que certains le regrettent. Qu'il y avait-il de plus grave ? Les propos de Manuel Valls sur les Rroms ou le couac gouvernemental ?
Hollande "manque d'autorité" rabâche un journaliste de Libération. Tiens, quand il faisait la guerre en Libye ou menaçait Bachar el Assad de représailles, personne ne lui trouvait de défaut d'autorité. Au contraire, les caricatures portaient ailleurs.
Guy Birenbaum s'énerve contre ce président incapable de tenir ses ouailles.
En sortant du Palais, Najat Vallaud-Belkacem est assaillie par les journalistes, il faut répondre à l'impatience populaire. "Le président a mis un terme définitif à la polémique". Hollande a prévenu les ministres "pour la dernière fois"; on oublie presque le sujet de fond: "la France avait des valeurs et des principes et que la politique à l’égard de la population Rom les respectait scrupuleusement".
Libération fuite une note du premier ministre: désormais, les plans de com' des ministres doivent être validés par le cabinet d'Ayrault. Rien que ça; ça sent la crise, évidemment.
"Vous nous informez avant de prendre l’attache du média. (...) Recevant les informations des uns et des autres, nous aurons la possibilité d’évaluer la pertinence du projet de média au regard de l’ensemble des passages médias déjà programmés, et de l’actualité. En fonction de cette appréciation, le passage sera validé — c’est ce qui arrivera dans la plupart des cas" Jérôme Batout, le conseiller spécial du Premier ministre chargé de la stratégie.Fini les couacs ? Rien n'est moins sûr. La pression est forte. Des dizaines de journalistes, des centaines de commentateurs, des milliers de Tweettos, tous n'attendent qu'une chose, remettre une pièce dans ce juke-box si tentant.
C'est plus facile, plus drôle, plus vivant que de s'interroger sur les vraies choses du monde réel.
Car la réalité, la vraie, celle qui s'impose à nos vies, elle est tout autre. Cette réalité, c'est :
Cette grève à la Caisse primaire d’assurance maladie de Lot-et-Garonne. Cinquante-cinq minutes chaque jour pour éviter de trop gêner.
Cet appel à la grève des avocats de l'aide juridictionnelle vendredi 4 octobre. Ils protestent contre une modification de l’indemnisation versée par l'Etat aux avocats au titre de l'aide juridictionnelle prévue dans la loi de finances. Elle serait uniformisée un peu au-dessus du minimum actuel, 22,84 euros en 2014.
Ce déplacement de François Hollande au contact d'éleveurs mécontents. Nicolas Sarkozy n'avait pas ce courage-là. L'actuel président l'a. Il fut sifflé, ce mercredi 2 octobre, lors de son déplacement au salon de l’élevage de Cournon-d’Auvergne, dans le Puy-de-Dôme. Il y resté deux heures pourtant; Nicolas Sarkozy n'avait jamais osé. Bruno Le Maire, son ministre de l'intérieur avait en son temps rebroussé chemin. Hollande resta deux heures. Mais quelques instants plus tard, le discours présidentiel était applaudi.