Sleepy Hollow est une nouvelle série diffusée depuis la mi-septembre sur les ondes de FOX aux États-Unis et Global au Canada. Afin de nous mettre dans le contexte, l’histoire débute en 1781 durant la guerre d’indépendance en Amérique alors que le soldat Ichabod Crane (Tom Mison) tranche la tête de ce qui semble être un soldat ennemi, mais ce dernier ne semble pas succomber. Puis, on se retrouve en 2013 dans la petite ville de Sleepy Hollow dans l’État de New York alors que le shérif Corbin (Clancy Brown) et la policière Abbie Mills (Nicole Beharie) enquêtent sur des morts suspectes; toutes les victimes ont été décapitées. C’est que le chevalier sans tête et Ichabod sont désormais ressuscités. Le premier est l’auteur des crimes, le second s’allie avec Abbie afin de le contrer. S’ensuivront au cours des épisodes plusieurs aventures parsemées d’enquêtes et de faits surnaturels. Inspirée du livre de Washington Irving intitulé La Légende de Sleepy Hollow (1820), la série se veut un amalgame de genres qui vire rapidement au kitch, mais qui s’assume comme tel et c’est justement ce qui fait son charme.
Qu’on leur coupe la tête!
Bien qu’au départ les explications quant à la résurrection d’Ichabod et du chevalier soient nébuleuses, on se laisse rapidement emporter par l’action qui est très rythmée et qui ne nous laisse aucun répit. De toute façon, on comprend assez vite que les raisons de leur retour en 2013 formeront l’un des filons de la saison et qu’on nous révélera davantage d’informations au compte-goutte. Dès sa rencontre avec le corps policier, Ichabod ne nie pas être d’un autre siècle. Si la plupart le considèrent comme fou, Abbie lui accorde peu à peu sa confiance, d’autant plus qu’elle a vu de ses propres yeux le chevalier sans tête à l’œuvre. De plus, dans sa jeunesse, elle et sa sœur se sont un jour perdues dans la forêt et ont toutes deux été prises d’une vision : un monstre qui les a endormies pendant quatre jours. Dès lors, une complicité s’installe entre l’homme et la femme.
Outre les quatre têtes tranchées du premier épisode, Ichabod et Abbie sont confrontés à plusieurs monstres. Certains relèvent de la mythologie populaire comme l’homme de sable (aussi appelé l’esprit des rêves) qui aveugle ses victimes et les pousse à se suicider. Sinon, il y a une sorcière qui est ramenée à la vie par le chevalier. À l’époque d’Ichabod, un villageois l’avait dénoncé et elle avait péri au bucher. Elle revient donc assouvir sa vengeance : brûler vif tous les descendants dudit homme, et ce, avant la pleine lune. Et tout au long de la saison planera sur les protagonistes l’ombre du chevalier… de l’Apocalypse. Ses « confrères » Conquête, Famine et Guerre ne devraient pas tarder à faire surface.
S’inspirer sans se prendre au sérieux
Fait rare lorsqu’une nouvelle série fait son apparition, la plupart des critiques s’accordent pour dénoncer le ton un peu trop déjanté, parfois même ridicule de Sleepy Hollow, tout en lui accordant le mérite d’être divertissante. Ainsi, dans le Time Entertainment, James Poniewozik écrit :« Sleepy Hollow got my attention, but I’m not yet sure if it’s good, ridiculous, good but ridiculous, or good because it’s ridiculous. (…) But it sure as hell ain’t sleepy.» C’est un mélange bien dosé de fantastique, d’horreur, de drame, d’aventure et de comédie qui rend la série spéciale. D’une part, on est confronté à des scènes violentes ou à des personnages tourmentés, d’autre part, on fait usage de l’humour afin de dédramatiser le tout. On retrouve par le fait même plusieurs scènes très amusantes dans lesquelles Ichabod doit s’habituer à vivre au XXIe siècle (la première fois qu’il voit la télé, quand il goûte du Red Bull ou qu’il voit les taxes sur un coupon de caisse alors qu’en 1780, les Américains combattaient les Anglais pour ne plus avoir à en payer!)
On peut aussi retrouver en Sleepy Hollow un amalgame de plusieurs séries déjà diffusées comme The X-Files (FOX, 1993-2002) ou Torchwood (BBC One, 2006- ) pour les côtés investigation et paranormal. Mais elle ressemble encore plus dans son contenu fantastique et ses effets spéciaux à Charmed (WB, 1998-2006) dans laquelle trois sœurs se découvrant des pouvoirs magiques devaient combattre des forces du mal. La série rappelle aussi Zero Hour (ABC, 2013) qui a été annulée en janvier après la diffusion de seulement 3 épisodes. Comme dans Sleepy Hollow, on essayait de créer un univers surnaturel tout en s’inspirant du passé, de légendes et mythes. Le problème avec la série d’ABC, c’est qu’elle se prenait beaucoup trop au sérieux et son ton pompeux avait vite fait de nous lasser.
Sleepy Hollow est donc un hybride de plusieurs genres et n’hésite pas à s’inspirer de ce qui a déjà été fait. Quant le contenu d’une série s’éparpille en têtes tranchées, revenants, sorcières et autres forces du mal, il faut un sacré talent scénaristique pour parvenir à convaincre le téléspectateur ou alors reconnaître les éléments de « trop-plein » et rire de soi, ce que cette nouvelle création de FOX fait. Ajoutons que la mise en scène est persuasive et que la trame sonore est tout simplement envoutante. D’ailleurs, pour toutes sortes de raisons, les téléspectateurs semblent apprécier cette nouveauté puisqu’en deux semaines, l’auditoire de Sleepy Hollow s’est maintenu au-delà des 3 millions : un excellent départ.