J’ai été jeune, j’ai eu 15 ans. J’ai donc acheté Naruto. Et j’ai même aimé. Les années ont passé. J’ai laissé tomber. J’ai fini par trouver ça nul. De l’eau a coulé sous les ponts et je possède tout de même 53 tomes de la série. Tant qu’à faire, il était tant pour moi de me replonger dans ce shônen et de m’atteler à une critique… Je vais me pencher pour ce billet sur la saison 1 et Kakashi Gaiden, ce qui représente les 27 premiers tomes du manga et les chapitres 1 à 244.
Univers et principes de base
Naruto fait ses débuts dans le Shônen Jump en 1999, soit deux ans après One Piece mais la même année que Hikaru No Go et Prince Of Tennis. L’histoire est basée sur l’un des thèmes les plus usés du monde du manga : les shinobis. A l’inverse de la plupart de ses confrères (Flame Of Recca, Basilisk), Naruto se déroule dans un monde géopolitique fictif qui emprunte cependant beaucoup au Japon féodal. Les 5 pays majeurs du manga sont le pays du Feu, de l’Eau, de la Foudre, de la Terre et du Vent avec à leur tête un seigneur féodal.
Dans ces pays, on retrouve un village caché, qui regorge de Ninjas. Ils font office de force militaire pour leur pays et sont chargés de missions classées par ordre d’importance (De S la plus périlleuse à D la plus banale). En fonction de leur difficulté, ces missions sont confiées à des Genins (Ninjas Aspirants) , Chûnins (ninjas confirmés), Jônins (Ninjas supérieurs). Au-delà du grade de Jônin, il ya celui de Kage. C’est le ninja le plus puissant du village et son chef.
Pour combattre, tous les ninjas font appel à l’utilisation du chakra. C’est le mélange de l’énergie physique et spirituelle propre à chacun, qui décroit chaque fois que l’on utilise une technique. La réserve de Chakra varie, de même que son affinité (eau, feu, vent, terre, foudre).
L’histoire prend place dans le village caché de Konoha, situé dans le pays du Feu. Naruto est un adolescent de 12 ans qui ne tient pas en place. Il fait les 400 coups, à l’instar d’Antoine Doinel. Mais derrière sa pitrerie se cache une souffrance… Pour une raison qui lui est inconnue depuis toujours, tous les gens du village le détestent.
Echouant sans cesse à l’académie (pour obtenir son grade de Genin) et en quête de reconnaissance, il fait le clown, ceci afin d’attirer un peu d’attention sur lui. Bien vite, la raison de l’opprobre dont il est l’objet lui sera révélée : on a scellé en lui le démon renard à neuf queues Kyuubi qui dévasta le village 12 ans plus tôt…
Rasengan mais pas que !
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, Naruto sait faire preuve preuve d’une parfaite maîtrise de la dramaturgie en plus de son rasengan. Si, si, c’est vrai ! Et arrêtez d’insister avec cette technique ! Bon allez, juste une fois… RASENGAAAAAAAAN ! Allez on reprend sagement la lecture après un saut de ligne.
Ces bonnes idées deviennent des denrées rares dans le paysage shônens. L’arc du Pays des Vagues (chapitre 1 à 33) se conclut par la confrontation entre l’équipe de Kakashi et Sabuza/Haku. Cela reste très classique jusque là. Cependant et en à peine quatre tomes, Kishimoto est parvenu à insuffler à ses premiers antagonistes une forte dimension humaine.
Haku et Zabusa ne sont que les instruments d’une machination qui les dépasse et s’avèreront être des êtres qui se vouaient un amour pur et inconditionnel. Leur condition de Shinobis les rappelle hélas à la dure réalité : le monde est cruel lorsque l’on vient du bas de l’échelle. On se fait manger, c’est le principe de la chaîne alimentaire.
Ah putain mais c'est dégueu !
Faire mourir ces oiseaux en cages qui s’aiment malgré les durs lois du système shinobi (un ninja ne doit pas pleurer) est un coup de maître : les adieux du sabreur insensible à son compagnon sont émouvants et se terminent sous la tombée de flocons de neiges, un élément pur qui symboliquement les lave de leur crime et leur permet de se retrouver au paradis. Ceci nous rappelle que l’univers de Naruto côtoiera la mort de près et cet aspect apporte une touche sombre au récit. Tout du moins, dans cet arc.
La seconde bonne idée aurait pu être le suçon d’Orochimaru à Sasuke (quel drôle de méthode pour choisir ses disciples, pas étonnant que Anko se soit cassée) mais je lui ai préféré l’attaque de Konoha par Suna et Oto (tome 13/14). Pourquoi ? Le thème sous-jacent du complot politique et de la nature versatile de l’homme est finement joué. D’autre part, interrompre un tournoi d’art-martiaux dans un shônen, c’est peu commun.
Ce retournement de situation donne un souffle nouveau au titre et il le fallait bien. Du tome 5 à 13, on emprunte un schéma narratif bien trop pompeux: découverte des pouvoirs, des autres futurs acteurs potentiels du manga, le dépassement de soi, nekketsu, ect… La galerie de personnages s’étend, les combats sont nerveux et se concluent rapidement à l’instar des jeux ultimate Ninja.
Tout cela est bien sympathique mais en rien nouveau. Et entendre Naruto beugler toutes les deux minutes qu'il deivendra Hokage, c'est un gimmick lassant. Du coup, l’attaque d’Orochimaru envers son ancien maître, le 3eme hokage, est jubilatoire. D’autant que de ce coup d’état découle en parallèle une autre trame très prenante, celle du combat Naruto VS Gaara. Gaara s’avèrera n’être qu’un Naruto plus sombre, la seule différence entre eux étant que le ninja du sable n’a jamais pu se lier à autrui.
Fin classique et passerelle Kakashi Gaiden
Les tomes 17 à 19 se concentrent sur la recherche du 5ème Hokage et de l’apprentissage de l’ultime technique de Naruto, le Rasengan. On amorcera ensuite l’arc préféré des fans, la poursuite de Sasuke. Ce dernier va quitter le village pour rejoindre Orochimaru, en quête de puissance pour assouvir sa vengeance.
La vedette sera donc donnée à… tout le monde. Les personnages favoris de cette première saison signeront tous leur grand retour à coups de combats trépidants où l’auteur est au paroxysme de son dessin. C’est l’occasion pour chacun des héros de revenir à renfort de supers techniques de la mort qui tuent. Chôji devient un guerrier surpuissant, Neji fait preuve de toujours plus de ressources, Kiba sort les crocs (LOL OUAF !), Shikamaru se coltine la nana ennemi et Naruto fonce tête baissée jusqu’au boss final. On notera que dans cette ultime partie, seuls les combats de Neji et Shikamaru offrent un peu de stratégie, ce qui est plaisant à suivre et les faits sortir du lot.
Rock Lee refait une apparition aussi mémorable que fun (il est d'ailleur l'élément drôle du manga avec Gaï son maître) et se fait sauver de justesse par Gaara, plus invincible qu’il ne l’était déjà mais changé après sa rencontre avec Naruto. Temari et Kankurô font une apparition plus épisodique.
La dernière passe d’arme de cet arc est forcément la plus captivante, les fans attendaient le duel des deux rivaux depuis fort longtemps. Après moult chapitre, transformation et attaque ultime, Sasuke ressort vainqueur, non sans mal. Il s’enfuit dans la forêt et rejoint finalement le repère D’Orochimaru.
Quant à Naruto, une nouvelle menace plane sur lui : L’Akatsuki. Il partira avec Jiraya afin de se préparer et dans l’espoir de pouvoir ramener un jour Sasuke à la raison. Fin de la saison 1, il est temps d’attaquer le plus réjouissant Kakashi Gaiden !
Si la fin de saison reste très convenu et simpliste tant on s’y attend comme le nez au milieu de la figure, Kakashi Gaiden nous propose de voyager à travers le passé de Kakashi. 5 chapitres bien sombres où l’on découvre un jônin à l’opposé de celui que l’on a connu jusque-là. Ces épisodes rappellent le début du manga, la pression se fait plus présente et on se doute bien que le sharingan de Kakashi n’est pas arrivé par magie…
Naruto est shônen pourvu de bonnes idées, mais qui commence à prendre un cheminement beaucoup plus classique dans la fin de cette première saison. Les combats sont dynamiques et stylés, mais l’overdose de super pouvoirs sur la fin pourrait en rebuter certains. La barque reste très bien menée et on on comprend facilement l’engouement qu’a pu susciter l’œuvre. La saison 2 sera-t’elle aussi bonne ?
Je donne 6 Shuriken sur 10 !
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