Pour bien comprendre le problème de l'école aujourd'hui, et notamment la question des rythmes scolaires, il convient de remonter aux années Sarkozy. C'était il y a moins de 18 mois seulement, mais la mémoire collective étant malheureusement ce qu'elle est, on a déjà oublié la catastrophe qu'elles furent pour l'Education Nationale.
Sous l'autel de la réduction des déficits, (eh oui, cete bêtise détruit le pays depuis déjà 5 ans, et continue sous un gouvernement censé être de gauche), le gouvernement Fillon avait décidé la suppression d'un fonctionnaire sur deux. Le premier pourvoyeur d'agents de l'Etat étant l'Education Nationale, c'est donc elle qui a dû fournir les plus gros efforts. En 5 ans, ce sont donc 80 000 professeurs, conseillers d'éducation, infirmiers scolaires ou autres agents du ministère qui ont été supprimés. Une catastrophe qui a conduit à ce que les professeurs malades ne soient plus remplacés et que des milliers d'élèves se retrouvent sans personne devant eux. Le point d'orgue de cette politique absurde a été le passage à la semaine de 4 jours pour les élèves. Sous le prétexte d'allèger la journée des enfants, il y avait évidemment la volonté de supprimer encore des postes. Ainsi, non seulement le nombre d'instituteurs, d'enseignants a encore diminué, mais les programmes ont aussi été revus à la baisse. Forcément, avec une demie journée de cours en moins, il n'est plus possible de faire tout le programme, lequel est déjà bien chargé.
C'était une volonté de François Hollande de revenir sur cette logique. Il avait raison. Ainsi, si les coupes budgètaires ont continué, le ministère de l'Education Nationale est un des rares à avoir vu ses effectifs augmenter. Insuffisamment certes pour compenser les dégâts, mais au moins la mécanique infernale de destruction de l'école publique est enrayée.
Pour montrer que l'on avait changé d'époque et que l'éducation des enfants était redevenue une priorité, il fallait donc s'attaquer de nouveau à l'épineux dossier des rythmes scolaires, et donc revenir à la semaine de 4 jours et demi. Le plus simple, et le plus logique aurait été de revenir à ce qui se faisait avant, et ce qu'ont connu des générations entières de petits Français, à savoir l'école le mercredi ou le samedi matin. Sauf que si l'immense majorité des enseignants a courageusement combattu la semaine de 4 jours, une importante minorité d'entre eux a fini par s'y habituer et apprécier ce congé supplèmentaire. Cette part, minoritaire, mais visiblement influente dans les sphères ministèrielles, a fait savoir qu'il n'était pas question pour elle de renoncer à ce jour, arguant même qu'il permettait aux enfants de se reposer et qu'ils en avaient besoin, ce qui n'était d'ailleurs pas faux.
Ainsi, Vincent Peillon, le ministre de l'Education Nationale, a changé son fusil d'épaule et décider de procéder autrement. Le temps supplèmentaire serait réparti sur tous les jours de la semaine et consacré à des activités extra-scolaires telles que le sport, le théâtre, le dessin, et bien d'autres encore. Ouvrir le champ des possibles éducatifs à tous les enfants, sur le papier, l'idée est séduisante. Mais elle comporte hélas d'immenses lacunes.
D'abord, elle ne rajoute pas d'heures de cours, ce qui fait que les programmes sont toujours les mêmes, et que les enseignants ont toujours aussi peu de temps pour mieux encadrer et aider les élèves en difficulté. Ensuite, les enfants ne sont pas ménagés, leurs journées sont encore plus longues, et ils sont donc encore plus fatigués. Surtout, et c'est le point majeur, cette réforme nécessite qu'il y ait beaucoup d'animateurs ou d'éducateurs au service des enfants. Or, l'Etat, toujours dans sa logique de réduction des déficits a choisi de faire porter ce coût en grande partie sur les collectivités locales, lesquelles sont déjà pour la plupart étranglées. Sans compter que les petites communes rurales ne peuvent pas assumer seules de tels coûts supplèmentaires imprévus et obligatoires.
Nous voici donc maintenant avec une réforme indispensable rejetée par tous. Surtout, ce gouvernement qui avait comme projet fort de rétablir l'image de l'Education Nationale, de renforcer son rôle, vient de faire exactement le contraire. Tout ça, parce qu'à un moment donné, François Hollande et Vincent Peillon n'ont pas voulu prendre le risque de méconter les enseignants qui en grande partie votent pour eux. Résultat : ils sont encore plus remontés contre le gouvernement.