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(Universal Republic)
Mesdames, vous avez toutes dansé sur ça un peu bourrées pendant que vous, messieurs, vous avez tous hoché la tête sur ça pas forcément bourrés. Le point commun entre les deux ? Le producteur de ces deux tubes, Ryan Leslie. Quelque part entre R&B et rap, Ryan est le genre de mec qui n’a jamais su choisir son camp. Il rappe, il chante, dans les deux cas bien, sans plus. Son truc, c’est la production et là par contre, le gars est un tout bon.
Comme tous les beatmakers, il veut faire son petit bonhomme de chemin en solo, sortir de l’ombre pour briller à son tour. Et comme tous les beatmakers (si on excepte les gros bonnets comme Dre ou Timbaland), tout le monde s’en fout. Triste.
Quatrième album déjà depuis 2009 et ce Black Mozart sort dans la quasi confidentialité. Si le premier avait su attiré l’attention du public, les suivants n’ont pas su prendre le relai au point qu’aujourd’hui seul les fans du bonhomme et les sites spé (et encore…) savent que Anthony Ryan Leslie est de retour en 2013.
Si l’auditoire se rétrécit petit à petit c’est aussi parce que Ryan Leslie a la particularité de ne pas vouloir jouer la carte du « producteur & friends » avec un casting d’invités prestigieux. Non, le natif de Washington évolue seul et n’offre aucune tribune extérieure. Une réelle prise de risque aussi respectueuse que suicidaire. Parce qu’il faut assurer derrière.
Par chance, Leslie est un gars talentueux. S’il n’est pas un foudre de guerre micro en main, il compense totalement par son art de la production. Du synthé, des basses qui tabassent, quelques orchestrations, du piano pour la touche R&B, et le tour est joué.
Oui, quasiment tout le monde fait ça aujourd’hui mais l’avantage ici, c’est que l’on reconnait très rapidement le style « Ryan Leslie » et ça, c’est l’objectif numéro 1 pour un producteur. Il y a un côté tribal caché que l’on identifie tout de suite à l’ex boy de Cassie.
Ryan tente de maitriser l’équilibre entre tendance (t)rap et R&B, naviguant dans les deux mondes en essayant de ne jamais trop tomber ni dans l’un, ni dans l’autre. Un numéro qui demande beaucoup de tact et dans l’ensemble assez bien réussi. On ne va pas se mentir cependant, on a une préférence pour ses accointances sombres et donc plus rap.
Des titres comme Carnival of Venice, le très 2 Chainz Black Mozart ou Bad Chicks ont le pouvoir de satisfaire pleinement le premier bad boy du coin qui tomberait sur le disque.
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Ryan Leslie – Black Mozart
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Ryan Leslie – Bad Chicks
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La partie trop sucrée de l’iceberg est moins convaincante, que ce soit History, Green ou Coke Cans, des titres déjà entendus un milliard de fois dont on se passerait volontiers. Ce ne sont pas des morceaux ratés et dans leur genre, ils remplissent les bonnes conditions mais c’est fadasse et manque clairement de surprises. Ryan Leslie n’est pas non plus ce que l’on peut appeler un excellent interprète, il a du mal à faire vivre ses morceaux alors si l’ambiance sonore pêche, c’est tout le titre qui coule puisque aucune performance vocale ne pourra venir à la rescousse.
Heureusement, il trouve une fois de plus une bonne parade à ses envies de rythm and blues en allant les transformer en quelque chose de plus hybride, couplés au rap. Et c’est ici que l’on retrouve les morceaux les plus marquants et intéressants, notamment l’excellent Lay Down qui n’est même pas handicapé par sa longueur (8 minutes) ou encore Higher, Full Moon et Evacuation.
Des titres qui ont toujours quelque chose d’innovant à proposer dans la forme même si le fond paraît classique. Une manière d’éviter de tourner en rond très appréciable et qui ne rend pas l’heure d’écoute plus longue qu’elle ne l’est. Rare pour être souligné.
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Ryan Leslie – Lay Down
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Ce n’est pas un opus qui cherche à marquer son temps ou à surjouer ses qualités. Il n’a aucune prétention et c’est peut être son principal point fort. Il rentre tout à fait dans les codes actuels et est un disque contemporain, qui représente de manière assez réaliste ce qu’est la scène rap et R&B aujourd’hui et ce que donne l’accouplement des deux. Ni plus ni moins. Et on ne lui en demande pas franchement plus.
Sa durée de vie ne parait donc pas exceptionnel et pas sûr qu’il vieillisse très bien. Peut être même qu’on l’aura oublié d’ici 2014. Mais en attendant, dans le moment présent, il s’écoute parfaitement avec un petit goût de reviens-y loin d’être désagréable. Et il en faut aussi des albums comme celui-ci.
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Tracklist:1. Carnival of Venice 3:28
2. Black Mozart 4:30
3. Higher 3:26
4. History 3:14
5. Lay Down 8:01
6. Full Moon 5:31
7. Only the Lonely 6:08
8. Evacuation 4:00
9. Green 4:22
10. Bad Chicks 5:55
11. I Love It 4:13
12. Coke Cans 3:55
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