En une petite dizaine de jours, la fashion week parisienne aura vu éclore de nouveaux talents, surpris l’originalité d’une renaissance stylistique ou témoigné d’un ralentissement novateur. Qu’il s’agisse du lieu d’un défilé ou présentation, de l’harmonie colorée d’une collection ou des coupes des vêtements, la mode est constamment réinventée, les codes réinterprétés et les esprits brouillés.
Top 3 des bonnes surprises :
John Galliano :
Une apparence bien plus sage et cadrée pour la dernière collection de John Galliano, couturier fantasque militant des fanfreluches. Depuis l’arrivée de Bill Gaytten à la direction artistique, la rigueur des lignes coïncide avec la franchise des couleurs. L’exotisme et l’originalité, valeurs essentielles de la maison, se retrouvent par touches éparses, à l’image d’un jaune canari percutant ou d’un couvre-chef à l’esprit coquillage. Les matières sont précieuses, les imprimés délicats et les couleurs d’une pureté certaine.
Paul Ka :
Une modernité affirmée et des coupes rajeunissant la silhouette, Paul Ka prend un nouveau départ avec une collection résolument féminine et dans l’air du temps. Epaules dénudées, jambes dévoilées et décolletés discrets, une aura de séduction plane implicitement autour des silhouettes de la saison printemps été 2014. Les volumes efficaces, entre manches longues et jupette ou brassière et pantalon, couvrent le corps de manière équilibrée et les couleurs sont jouées en aplats ou imprimés graphiques, toujours de bon goût.
Pièce d’Anarchive :
Manifeste de la volonté d’une réunion antagoniste, celle du savoir-faire français et de la street culture, la collection printemps été 2014 de Pièce d’Anarchive mélange les genres en prenant le meilleur de chacun. Par un jeu de proportions exact et un savant exercice de superpositions, les créatrices bâtissent une allure moderne et athlétique, carrée et mesurée. En héritage de la rue, Nike, Converse et Doc Martens viennent converser avec des pièces qualitatives conjuguées en noir et blanc, mat ou brillant.
Et les moins bonnes…
Rochas
Pour la saison prochaine on retrouve chez Rochas les ingrédients chers à son directeur artistique, Marco Zanini, soit une allure un brin excentrique révélée par des matières opulentes et complexes. Un défilé ambiance coquillages et crustacés auxquels un magicien aurait joué des tours, malheureusement insuffisants pour rendre cette collection novatrice. Tout y est, de la beauté des étoffes lamées et moirées aux couleurs pastel et brocards appliqués mais les coupes trop matures des vêtements alourdissent la silhouette et ne collent pas avec l’esprit insouciant du reste.
Givenchy :
Expérimentations spatiales et douces effigies de dessins animés ont laissé place à une austérité aux couleurs automnales, quelques peu surprenantes pour une saison aussi fleurie que le printemps été. Bien que les tissus soient ingénieusement drapés de mille façons différentes et que les sequins rehaussent l’éclat des silhouettes, c’est une collection un peu austère, dont les influences africaines et japonaises ne suffisent pas à stimuler l’imaginaire.
L’ovni de la semaine :
Rick Owens:
Aux antipodes de ses paires qui ont pour la plupart offert des présentations dans les règles de l’art, catwalks rectilignes et mannequins sages entre autres, le créateur parisien d’adoption a offert un vrai show à l’américaine. Libérant quarante danseuses sur scène le temps de la présentation, celles-ci se sont livrées à une chorégraphie inspirée du stepping, pratique sportive en vogue dans les universités afro-américaine. Ces vêtements aux couleurs harmonieuses sont faits pour bouger et prendre vie grâce aux zips, drapés et superpositions. Beau pied de nez aux conventions traditionnelles et aux canons de beauté actuels, la collection de Rick Owens est une invitation au mouvement, au dépassement de soi et à l’expression personnelle.