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Un viticulteur bio devant la justice pour un AOC

Publié le 02 octobre 2013 par Blanchemanche
Olivier Cousin, qui a fait le choix de l'agriculture biologique, est poursuivi pour avoir mentionné l'origine de sa production sur son vin de table.Un viticulteur bio devant la justice pour un AOCOlivier Cousin est une figure à part dans le milieu viticole. La preuve: mardi, le viticulteur de Martigné-Briand, dans le Maine-et-Loire, a choisi de se rendre au tribunal correctionnel d'Angers à bord d'une petite carriole tractée par un cheval. Avant le début du procès, il a organisé un pique-nique devant le palais de Justice en compagnie d'une centaine de partisans. Olivier Cousin est poursuivi par la répression des fraudes pour «pratique commerciale trompeuse». Il utilisait sur ses étiquettes la mention Anjou, qui est une appellation d'origine contrôlée (AOC). Le litige porte sur quelque 2800 bouteilles. Le vigneron risque une amende de 37.500 euros et jusqu'à deux ans de prison.Les bouteilles d'Olivier Cousin se retrouvent aux quatre coins du monde et même sur plusieurs tables étoilées. «C'est plutôt ironique quand on sait qu'il est accusé de dénigrer l'appellation», s'étonne son avocat, Me Éric Morain. Les vignes en question sont bien situées au cœur de l'Anjou, dans les limites définies par l'AOC. Olivier Cousin y cultive une petite exploitation de 15 hectares depuis 1987. Le vin est d'ailleurs une longue tradition chez lui. «Je tiens ce terrain de ma grand-mère, raconte Olivier Cousin. Les Leduc faisaient du vin avant même l'existence de l'appellation d'origine contrôlée.» Seulement, en 2005, il décide de quitter l'AOC et de produire un vin de table, ce qui lui interdit de spécifier l'origine de son raisin, le cépage ou encore le millésime.
« L'AOC, c'est pour faire de l'argent. Nous, on veut faire du vin. »Olivier Cousin, viticulteur de Martigné-Briand.
Olivier Cousin ne se reconnaissait plus dans un cahier des charges qu'il jugeait trop laxiste. Celui qui se revendique «cultivateur» a pourtant été, durant quelques années, secrétaire de la fédération viticole de l'Anjou qui est en charge de la certification. «L'AOC, c'est pour faire de l'argent. Nous, on veut faire du vin», tranche à présent le passionné. Après avoir repris l'exploitation, il s'est lancé dès les années 1990 dans l'agriculture biologique. En 2000, il fait certifier son vin comme biodynamique. Depuis 2005, il n'utilise plus aucun intrant, s'exposant aux aléas climatiques. Quatre ans plus tard, il abandonne même son tracteur pour travailler son terrain à l'aide d'un cheval de trait.C'est à cette même époque qu'il reçoit la visite de la répression des fraudes saisie par la fédération viticole. «Je suis une sorte d'aventurier. Et les aventuriers, ça dérange», juge-t-il. En plus de l'appellation, Olivier Cousin se voit aussi reprocher sa démarche. Il qualifie son vin de naturel sur ses étiquettes ce qui est interdit par la réglementation. «À l'époque où j'étais en AOC, je n'ai eu aucun contrôle, il me suffisait de remplir une fiche. Pour les vins biologiques, je reçois des visites tous les ans pour vérifier ma production», explique le viticulteur.Ironie du sort, le litige avec la fédération viticole a apporté un coup de projecteur sur le travail d'Olivier Cousin. «C'est eux qui m'ont dévoilé», admet-il. Toutefois, il affirme n'en tirer aucun bénéfice et vendre ses bouteilles au même réseau. «Ma production, c'est zéro, raconte l'exploitant. Je produis 20.000 à 30.000 bouteilles par an.» Ces dernières ne portent plus le mot Anjou. Les cartons, dans lesquels elles sont conditionnées, affichent la mention Anjou Olivier Cousin (AOC). «Pour ça, il faudra qu'ils fassent un procès à ma mère», s'amuse le producteur.

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