Une fois notre vraie nature reconnue, est-il préférable de vivre dans le retrait, ou bien est-il égal de vivre plongé dans le monde et son agitation ?
C'est une vraie question. Vasistha répond que la vraie liberté est la même dans la solitude ou dans le commerce des hommes. D'où vient cette liberté ? De la certitude que rien n'existe, en dépit des apparences. Comme se manifeste t-elle ? Par une fraîcheur intérieure, une équanimité, une impassibilité. Imaginez que vous soyez capable de rêver, tout en sachant que ce n'est qu'un rêve. Même au sein du pire cauchemars, ne conserveriez-vous pas un calme intérieur, un silence, un repos, une immobilité ?
Dès lors, au travail ou en vacance, peu importe. Celui qui est convaincu que rien n'est important est en vacance même quand il travail. Celui qui croit qu'il existe, que telle ou telle chose est vitale, celui-là travaille, même quand il est en vacances.
Voici la question du jeune adolescent Râma, et la réponse du vieux Vasistha :
"Rāma demanda :
En ce monde, on voit Untel en qui la contemplation se produit peu à peu. Bien qu'actif dans la vie quotidienne, il se reposent en profondeur, parfaitement éveillé. Et on en voit un autre qui s'en remet seulement à la contemplation, qui repose uniquement dans la discipline de la contemplation. Bienheureux, dis-moi quel est le meilleur des deux ?Vasiṣṭha répondit :La fraîcheur intérieure de celui qui considère la totalité des choses comme n'étant pas le Soi est la contemplation (samâdhi). "Je n'ai rien à voir avec les objets visibles" : cette cette certitude est la fraîcheur. Parmi ceux qui ont cette certitude, certains vivent dans le quotidien, le commerce et le langage. D'autres demeurent dans la méditation. Les deux sont heureux, Ô Rāma, pour autant qu'ils ont cette profonde fraîcheur intérieure. Il est certain que les deux manières de vivre se valent exactement, car en elles l'incertitude a disparue. Une telle conscience ne conserve qu'un parfum subtil. Elle agit sans agir, comme une personne qui entend une histoire tout en ayant l'esprit ailleurs. La conscience dont les traces résiduelles forment une masse solide agit même quand elle n'agit pas, comme quelqu'un qui rêve qu'il est tombé dans un abyme, alors même que son corps est immobile (dans son lit). On dit qu'il est centré, celui qui se délecte du Soi à l'intérieur, tout en agissant avec ses organes, sans être soumis à l'excitation ni à l'abattement. Celui qui voit tous les êtres comme soi-même, et toutes les substances les plus précieuses comme de la poussière, et cela naturellement et non par peur (d'aller en enfer), celui-là voit (vraiment)."
Le Yoga de Vasistha, II
Sur les illusions de la mémoire (sous-titré en anglais), l'histoire de Steve Titus, les faux souvenirs, les fausses reconnaissances et leurs conséquences tragiques :