Impossible ou presque de se rendre au Québec sans visiter le fjord du Saguenay. Un fjord qui bat des records à l’échelle mondiale car parmi les 2 130 fjords recensés, seuls 38 atteignent ou dépassent les 100 km de longueur et ici, on en compte 103 km ! Seconde particularité, il se déverse dans un estuaire (et non une mer) et qui plus est un estuaire habité par les phoques, bélugas, rorquals communs et baleines à bosse (de mai à octobre pour ces dernières pour se nourrir). Je vais être honnête: rien à faire des 103 km (98 me font le même effet) mais bélugas, phoques et autres mammifères sont des mots magiques pour moi.
En quittant donc notre camping mi septembre, nous avons mis le cap sur ce fjord tant renommé pour ses beaux paysages mais surtout ses habitants (marins). Route 138 pour profiter des collines et vallées de Charlevoix avec sa vue sur le fleuve Saint Laurent puis route 170 pour couper à travers les montagnes et arriver sur la rive sud.
Visiter un fjord c’est le choc entre la mer et des montagnes à pic.
Nous posons nos valises sur l’anse Saint Jean, un village réputé parmi les plus beaux pour ses vielles maisons et son magnifique point de vue sur le fjord. Il a tellement plu que je n’ai même pas fait une photo de ce patrimoine! Il fallait bien que la chance nous lâche mais peut-être que ce fut le bon moment vu le petit logement douillet avec vue directe sur le fjord que j’avais réservé (avec kitchenette histoire d’être libre de contraintes). ha vue directe depuis le lit puis-je préciser!!
Depuis la rive sud, en hiver, tu vas skier au mont Edouard, raquette et chiens de traineaux sont aussi possibles. Hey t’es au Québec, ce ne sont même pas des activités qui se spécifient: c’est dans la logique! En été, c’est un coin idéal pour randonner à pied ou à cheval ou encore s’initier au kayak.
A 20 minutes de l’anse Saint Jean, tu accèdes au parc national du fjord à baie Éternité. Un chouette coin pour observer le fjord d’en bas si tu choisis la randonnée des méandres à falaises (à peine 1 heure) avec ses castors (ou plutôt observer des maisons vides de castors – enfin des tas de troncs coupés qui tu supposes être ça), ou d’en haut avec la randonnée réputée qui mène au cap Éternité et sa statue Notre Dame du Saguenay (max 4 heures). Tu accèdes aisni à un des endroits les plus haut du fjord: 300 mètres de hauteur. Un chouette coin où règne un calme étonnant. Si tu passes dans le coin, impossible encore de louper l’anse de la tabatière, l’accès en voiture est facile et le point de vue… Calme. Oui, c’est le mot qui désigne cette nature. Ce ne doit pas être le bon adjectif pendant l’été. J’imagine que c’est ainsi quand la nature reprend ses droits.
Nous profitons de quelques nuits et jours au calme (ha oui je me répète mais comme ça tu saisis) également sur la rive nord. Nous passons en chemin par des paysages de lacs et rivières omniprésents… Et magnifiques, justes en bord de route! J’ai envie de m’arrêter à chacun mais ici, aucun bas côté n’est aménagé pour ça et pour cause ce sont même des terrains privés. Petits pontons aménagés avec le pédalo ou encore le bateau à moteur pour les lacs plus grands. Le rêve? Alors rajoute les moustiques omniprésents à la nuit tombée et tu te diras qu’il y a une justice parfois, hihihi.
Autre village réputée mais sur la rive nord : Sainte Rose du Nord. Nous y avons fait une halte dans une pourvoirie. Calme. Enfin mis à part que caribous et ours sont omniprésents et que deux de nos copains de pourvoirie sont tombés sur des oursons en pensant que c’était des gros chiens noirs… Nous avons réussis à voir une marmotte (mignon certes mais moins atypique) Une pourvoirie dans laquelle on ne chasse pas, on randonne et c’est tant mieux! Ha si un écureuil a bien tenté de me chasser mais n’a pas réussi depuis le haut de sa branche en position de combat, comment lui dire que je le trouvais plutôt attendrissant que flippant?
Nous avons fini notre découverte du fjord par les baies de Saint Marguerite et de Tadoussac. Sainte Marguerite est un incontournable pour voir des bélugas depuis la rive. Ces populations sont sédentaires mais naviguent entre les rives donc il faut toujours un peu de chance. Manque de pot, il pleuvait encore, tellement que rien n’était visible à 10 mètres. La chance nous a souri le lendemain où nous avons pris le bateau depuis Tadoussac pour aller à la rencontre des baleines et des phoques du fleuve Saint Laurent.
Mon conseil: Tadoussac est à l’entrée du fjord donc est un passage obligatoire pour les rorquals et phoques: vous verrez à coup sûr ces animaux mais pour ces raisons, le coin est très touristique et a perdu son charme. Ayant notre fille de 2 ans, pas possible d’aller à la rencontre des baleines sur kayak mais c’est clairement cette expérience que nous recommandons et depuis les Bergeronnes (parole de Québécois rencontrés là bas).
Nous embarquons sur un bateau de 500 passagers. 500, tu imagines! Moi, non. A la Réunion, les bateaux ont une capacité de 50 passagers. 500 pour donner une idée c’est comme le métro quand y a grève. Figurez-vous que lorsqu’une baleine saute à 5 mètres de vous alors que personne ne s’y attend, même pas vous, vous oubliez la non magie de l’immeuble flottant sur lequel tu es monté. Personne ne s’y attend, même pas vous alors, pas de photo mais un instant gravé dans ma tête et des frissons… D’autres rorquals ont été aperçus et également des phoques qui n’ont pas bonne réputation car trouvé moche. Ils ont la particularité d’avoir une tête plutôt allongée avec de grands naseaux un peu comme des chevaux. Ils sont très nombreux, une tête apparait, disparait pour qu’une autre apparaisse et ainsi de suite.
Les baleines sont présentes de mai à octobre, elles viennent ici pour se nourrir, restent donc souvent en surface et ne sont généralement pas démonstratives par des sauts (généralement pour la période de reproduction et d’éducation du baleineau). Une observation bien différente de celles que j’ai pu avoir à la Réunion. Les baleines sont si nombreuses ici que de nombreux points de vue sont indiqués pour les voir depuis la côte. C’est le meilleur moyen pour ne pas les déranger. Nous avons été sur la point de l’Islet à Tadoussac et le rorqual était si proche que nous entendions son souffle et sans le bruit du bateau, c’est encore plus magique! Je te passe le moment où je portais ma fille et que je suis tombée sur un caillou glissant (plus de peur que de mal) et le moment où ma fille a éclaté en sanglot et que la tétine était introuvable (maudits Français ont-ils du dire!)Nous filons sous un beau soleil (et ce fut le cas jusqu’à notre départ une semaine plus tard) pour le Bas saint Laurent et son magnifique parc du Bic…
A suivre