Notre système immunitaire nous protège contre les bactéries nuisibles tout en laissant tranquilles les bactéries amies qui contribuent à la digestion. Sous peine de risque d’inflammation de la muqueuse de l’intestin et de maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI), comme la maladie de Crohn ou la colite ulcéreuse… Alors que dans l’intestin, la couche de mucus participe à la réponse immunitaire en formant une barrière physique entre le contenu intestinal et la muqueuse intestinale, cette équipe internationale montre, en laboratoire, que le mucus va aussi protéger de l’inflammation en supprimant la réponse immunitaire à d’autres substances, comme les aliments. Leurs conclusions viennent publiées dans la revue Science.
Les chercheurs du Mount Sinai, de New York et d’autres instituts de recherche aux Etats-Unis et en Espagne, suggèrent d’exploiter ces nouvelles données pour développer de nouveaux médicaments pour prévenir et traiter les infections intestinales, les allergies alimentaires et les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin. Certes, à ce stade, des alternatives telles que du »mucus » par voie orale ou transplantation fécale, peuvent paraître un peu surprenantes.
Le rôle du mucus dans l’intestin : D’une manière générale, le mucus est une substance, visqueuse, sécrétée par les muqueuses, qui tapisse les surfaces internes du corps qui entrent en contact avec l’extérieur comme l’intérieur du nez, les poumons et le tractus gastro-intestinal. Le mucus empêche ces surfaces de se dessécher, capturer les bactéries avant qu’elles ne pénètrent plus avant dans le corps, et protège grâce à ses anticorps contre les agents pathogènes. Ainsi, la muqueuse intestinale est exposée aux bactéries de notre tractus digestif qui nous aident à digérer, à la nourriture elle-même et doit être capable de tolérer ces expositions normales sans devenir enflammée.
Mucine 2, une protéine clé du mucus, joue un rôle spécifique dans la réponse immunitaire. Les chercheurs ont analysé ici comment la présence de mucine 2 affecte la réponse immunitaire aux bactéries. Sur des petits intestins de souris génétiquement modifiées pour être privées de mucine 2, les auteurs constatent plus de bactéries collées à la muqueuse de l’intestin grêle, une production plus importante de substances chimiques inflammatoires et moins importante de substances chimiques anti-inflammatoires. En présence de mucine 2, les bactéries sont recouvertes par la protéine et ingérées par des cellules du système immunitaire dans l’intestin grêle.
Le mucus oriente la réponse immunitaire : Les chercheurs concluent que le mucus dans l’intestin n’agit pas seulement comme une barrière physique mais favorise aussi les signaux de la réponse immunitaire, contribuant ainsi à prévenir les réactions inflammatoires des bactéries amies de l’intestin et de la nourriture. Les résultats de cette étude, sur l’animal, pourraient être légèrement différents dans l’intestin humain mais, compte tenu de la similarité des mécanismes, constituent un bon point de départ pour une étude plus approfondie dans les tissus humains. Selon les chercheurs, ces résultats pourraient notamment contribuer au développement de vaccins et de traitements pour les infections de l’intestin, les allergies alimentaires et les MICI.
Source: Science September 26 2013 DOI: 10.1126/science.1237910 Mucus Enhances Gut Homeostasis and Oral Tolerance by Delivering Immunoregulatory Signals(Visuel NIH@ Shipra Vaishnava and Lora Hooper “ Le mucus sur la paroi intestinale (en bleu) libère des protéines antibactériennes qui tiennent les bactéries (en vert) à distance »).