1er octobre 2013
Photo d'une manifestation pour le 50e anniversaire du FFS, parti politique algérien surtout implanté en Kabylie. On remarquera que les affiches sont rédigées en français ou transcrites en tifinagh (alphabet officiel des Berbères, d'introduction récente donc plus militant que répandu), et non en arabe.
Voici quelques extraits de la proclamation de ce cinquantenaire :
Le 29 septembre 1963, le plus vieux parti de l’opposition algérienne naissaitcomme une riposte au «coup de force constitutionnel» opéré par l’alliance militaro-apparatchiks incarnée par Boumediène et Ben Bella. Mais le pouvoir dictateur investira la Kabylie avec son armée Près de 500 militants font le sacrifice suprême et pas moins de 3000 subissent la torture dans les locaux de la Sécurité militaire.
Le 20 avril 1980, des militants parmi les principaux animateurs du mouvement sont arrêtés (…). «Le Printemps berbère est né de ce travail de conscientisation du FFS (…) le personnage central d’Aït Ahmed a été à l’origine du rapport de Zeddine, de la création de l’OS, du GPRA, de l’opposition démocratique et a refusé de cautionner les fraudes…
Et les jeunes lisent les mangas « maison »
Pendant que le FFS fait appel à « la mémoire », des jeunes Algériens publient des mangas qui se vendent très bien. Un point commun toutefois avec la photo ci-dessus : elles sont diffusées en français, en arabe dialectal et bientôt en berbère, mais pas en « arabe tout court ».
Transmission, identité et religiosité des musulmans français
http://www.ined.fr/fichier/t_publication/1650/publi_pdf1_document_.travail_2013_196_religion.pdf
Ce document de 37 pages (plus bibliographie) très denses ne se résume pas facilement. Voici néanmoins quelques notes relatives aux musulmans :
La religion est presque toujours transmise aux enfants, sauf quand le couple est mixte religieusement ; la transmission est alors faible.
L'islam est considéré comme un facteur identitaire chez 29 % des musulmans et 37 % des musulmanes. Ce chiffre est bien sûr très supérieur à la même réponse chez les catholiques ou les athées, mais très inférieur au résultat communément attendu (autrement dit, les 2/3 des musulmans ne pensent pas que leur religion soit un fondement de leur identité, ou du moins pas le principal).
La religiosité (en gros, la pratique) des jeunes est plus forte que celle des moins jeunes. Il y a cela 3 raisons décortiquées dans le rapport :
– un effet « d'âge » : comme dans les enquêtes précédentes, et comme pour autres religions, la religiosité baisse avec l’âge : il est fréquent d'être moins actif quand on vieillit,
– un effet de « famille » : les familles récemment immigrées sont plus religieuses à leur arrivée en France que les précédentes, reflétant ce qui se passe dans le pays de départ,
– un effet de « discrimination » : les jeunes réagissent aux critiques envers l'islam en renforçant leur religiosité.
Indonésie : la guerre du bikini
Pour une photo plus frivole que celle de la première page, cliquez sur ce lien :
http://www.thejakartaglobe.com/opinion/indonesia-has-bigger-problems-than-bikinis/Les islamistes hurlent contre les bikinis des candidates. Il a fallu déplacer la compétition à Bali, île hindoue. Le journal estime que le pays a des problèmes plus importants à régler.
Syrie
Vous avez remarqué qu'une partie des membres de l'opposition syrienne reconnue par les Occidentaux a quitté cette coalition pour en rejoindre une autre tout aussi hétéroclite, mais plus riche, qui comprend des islamistes de tendances opposées entre elles, des ralliés à Al Qaïda, et des plus ou moins démocrates en mal d'armes et d'argent. Ces derniers se sentent ainsi mieux soutenus que par des Occidentaux qui viennent de se ridiculiser (« Vous avez franchi la ligne rouge ? J'envoie des observateurs ! » et qui sont avares d'appui concret.
Les folles rumeurs d’Internet continuent, et les propos portent davantage sur la géopolitique que sur le sort des populations : on a l'impression que le fait que des islamistes aient éliminé des démocrates justifie de gazer les femmes et les enfants !
Malaisie : après l'élection
Vous-vous souvenez de notre analyse préélectorale : un vieux parti au pouvoir depuis très longtemps, qui donne un statut privilégié aux Malais musulmans (67 %), bien que censé regrouper toutes les composantes de la population (outre les Malais, les Chinois et Indiens, ces derniers principalement chrétiens ou hindous). Ce vieux parti était concurrencé par une coalition de minorités allant des islamistes aux modernistes partisans de la méritocratie plutôt que de l'étiquette ethnique.
Le vieux parti est resté au pouvoir et a renforcé les privilèges des Malais. On craint donc la poursuite de l'émigration de la population qualifiée, notamment non musulmane. C'est un problème qui n'est pas propre à la Malaisie et on a vu les catastrophes économiques que cela a généré ailleurs.
Le nouveau Qatar
Vous-vous souvenez que le tout nouveau et tout jeune émir a changé l'équipe dirigeante. Je ne connais pas les secrets de famille (tous les dirigeants appartiennent à la famille royale), mais il se dit que la politique antérieure, à savoir l'appui aux Frères Musulmans dans de nombreux pays, notamment via la chaîne Al Jézira, a été contre-productive (hostilité de l'Arabie qui préfère les salafistes, échec des Frères en Égypte et difficultés en Tunisie, au Maroc et à l'intérieur de l'opposition syrienne, perte de crédibilité d'Al Jézira …). Nous verrons ...
En attendant, le problème de base, comme dans d'autres pays du Golfe, est que la petite minorité des nationaux (15 % de la population ?) cumule les privilèges et les postes « calmes », tandis que les immigrés font le vrai travail et sont mal rémunérés. Voir la controverse sur les « ouvriers-esclaves » préparant les infrastructures de la coupe du monde.