Depuis longtemps, nous savons que le cerveau fonctionne de manière asymétrique. C’est en 1877 que le médecin français Paul Broca découvrit le phénomène pour la première fois. En réalisant une autopsie sur sa patiente, qui avait perdu l’usage de la parole, il remarqua que son cerveau présentait des lésions, mais uniquement au niveau de l’hémisphère gauche. La notion de la latéralité du cerveau était née. Si l’on a longtemps cru que cette caractéristique était propre à l’Homme, on sait maintenant que les animaux peuvent aussi être droitiers ou gauchers. Cette latéralité s’observe par exemple chez les chiens qui donnent une patte plutôt qu’une autre, ou chez les reptiles qui enroulent leur queue toujours dans le même sens. Plusieurs espèces de primates, comme les chimpanzés, ont également une main préférée pour accomplir certaines tâches. Cependant, il semble qu’il n’y ait que chez les Hommes que la proportion de droitiers soit si importante. Selon une enquête réalisée en 2005 par l’association lesgauchers.com, le pourcentage des Français écrivant avec la main gauche serait de 12.7 %. Et cela ne date pas d’hier. Selon une étude précédente, l’Homme aurait choisi la main droite depuis au moins 500.000 ans. La vie courante n’est donc pas toujours évidente pour les adeptes de la main gauche, pour lesquels certains objets communs tels que le téléphone ou les ciseaux ne sont pas toujours adaptés.
La majorité des êtres humains étant droitiers, la plupart des objets manufacturés non symétriques sont fabriqués pour eux. Il existe cependant des guitares adaptées aux gauchers, grâce auxquelles de grands musiciens ont pu révéler leur talent. C’est le cas de Kurt Cobain (à l’image), mais aussi de Mark Knopfler, Paul McCartney et Jimmy Hendrix. © perishparish, Flickr, cc by 2.0 La question de la latéralité manuelle reste mystérieuse et pourrait découler de plusieurs facteurs. L’une des pistes les plus sérieuses viendrait de notre ADN. Des chercheurs de l’université d’Oxford en Californie s’y sont intéressés de près, et ont mis en évidence un lien entre la latéralité manuelle et certains gènes du développement embryonnaire. Leurs travaux sont publiés dans la revue Plos Genetics.