Éditions Gallimard
55 pages émouvantes, très fortes, remarquablement écrites.
page 47 : N/A, lui (elle ?), est écœuré(e) : « ce n'est pas l'état du corps qui me choque le plus maintenant. C'est le comportement et les paroles de certains. Tout ce que je souhaite à ces personnes qui veulent qu'on continue à rouler sur le corps car il est mort donc on s'en fout, c'est qu'un jour on ne leur annonce pas que la personne sur qui le train vient de passer est un membre de leur famille. »
page 55
Par leur geste, certains ont sûrement voulu secouer la société qui rejette les plus vulnérables (...) Ces solitaires nous renvoient à notre solitude (...) Celle qui naît d'un accord tacite, d'une conspiration du silence. Qui ne dit mot consent. Qui ne dit suicide se condamne à le revivre ad nauseam. Qui ne dit combien, pourquoi et comment s'expose, à l'image de notre pays, à subir une crue de cette mortalité honteuse. Les mots parlent malgré eux. France et souffrance, France et sous-France. Le suicide interroge les fondements de notre condition humaine. Notre société du chiffre triomphant et des records insignifiants ne sait pas relier chômage et suicide, précarité et suicide, harcèlement et suicide, perte de l'estime de soi et acte désespéré. Laideur et envie d'en finir.