via We Heart It
Cet été, curieuse que je suis, j’ai voulu tester le N°1 de BISOU. Verdict : veni, vidi et repartie aussi sec ! Oui la mise en page est nickel, oui les géniales illustrations sont à la hauteur de nos espérances, oui l’ensemble est décalé avec une bonne petite pointe d’humour, mais honnêtement le gros des articles manque de profondeur. Déception. Trop de vulgarité et des articles trop légers, de l’édulcoré qui manque -à mon goût- de recherche et de profondeur. Qu’un magazine se veuille "jeune et branché" (ou "swag", je ne sais plus comment on dit moi, je suis trop "vieille" …) ok, mais pas au détriment de la qualité (sans trop m’attarder non plus sur la vulgarité et les blagues potaches). C’est dommage, il y avait là du lourd, du méga bon potentiel pour enfin créer vraiment quelque chose de nouveau, à la fois drôle et intéressant. Bref.
Je m’éloigne du sujet qui me tient à coeur en cet instant. Cette petite chose appelée jeunisme.
La première fois que je me suis fait la réflexion que je n’étais visiblement plus toute jeune ce fut l’hiver dernier en répondant à une enquête (…) et de constater que parmi le panel échantillonné j’allais passer de la case des jeunes actifs à celle des "actifs" tout court…
Rien de bien méchant en soi.
Avec BISOU, je me suis repris une nouvelle (petite) claque, voyez plutôt les extraits de l’édito du N°1 :
"La vingtaine est une période compliquée. Quelle femme va-t-on devenir ? Est-ce que ce mec va me rappeler ? Y a-t-il un moyen de manger des Kinder Pingui sans prendre 5 kg chaque année ?" Parce qu’à trente ou quarante ans ce sont des questions qui ne se posent plus peut être ? La femme de 20, 30 et 40 (etc) continue d’évoluer et sa féminité de changer avec elle. Quant aux mecs et aux gourmandises, ils ne cessent plus de nous tourmenter parce qu’on franchit le cap (apparemment fatidique) des 30 ans.
"Ne plus être un enfant est flippant (…) être un adulte est chiant (…) alors on a décidé d’arrêter le temps et quelque part entre les deux courants et d’assumer qui on est." Ouiiiiii, complètement oui. Mais là encore, pourquoi dresser cette barrière de l’âge. J’ai 35 ans et je me réjouissais de lire un magazine qui sorte des sentiers battus de façon légère, un magazine qui puisse me ressembler autant dans ma douce folie, mes fantaisies que dans mon sérieux.
Seconde clacounette avec NEON.
Je vous l’ai dit, l’article sur le témoignage de Chloé et son rapport à son corps m’a donné envie d’en savoir plus sur ce magazine. J’ai d’abord un peu fureté sur leur site et finalement hier soir je suis rentrée avec sa version papier dans mon sac. Toujours un graphisme sympa, bien plus sobre et "professionnel" cette fois-ci, le magazine se tourne aussi bien vers les hommes que les femmes, mais exclue résolument une bonne tranche de la population dans son public cible. (C’est son droit, mais je ne pige pas trop le pourquoi du comment de la chose, pour rassurer les "jeunes" sur leur "branchitude" qui n’en sont pas encore à lire Notre temps ??????) Lisez plutôt cet extrait de l’édito du mois d’octobre :
"Nous sommes les nouveaux adultes.(…) NEON a décidé de donner la parole aux 18-30 ans (…) il faudra bien que les baby-boomers chagrins s’y habituent : les nouveaux adultes c’est nous !".
(Au passage, je tiens à préciser qu’avec NEON, le fond est là ! Ici il y a bien matière à réflexion.) Mais le magazine au sympathique slogan "Soyons sérieux, restons allumés" exclue les personnes de ma tranche d’âge. (Haaaaaaaaaaaaa mais qu’est-ce que je n’aime pas me glisser moi-même dans une case et je n’aime pas non plus me sentir exclue !)
Signalons tout de même que dans sa plus large définition les "baby-boomers" regroupe les personnes nées entre 1945 (youpi, tout le monde fait des bébés après la première guerre mondiale) et jusqu’au milieu des années 70 (après le climat économique se gâte, donc moins de naissances et des fois que vous ne soyez pas au courant, il paraît qu’aujourd’hui, "c’est la crise"). Hum 2013, ça donne en moyenne des baby-boomers de 38 ans (pour les "moins vieux") à 68 ans pour les "ancêtres". ??????? Donc on aurait une population divisée en trois catégories bien distinctes : les enfants (trop jeunes pour lire NEON), la génération NEON des 18-30 ans à qui s’adresse le magazine et les "trop vieux" issus du baby-boom qui visiblement seraient dans l’incapacité à s’identifier au journal.
Mais noooooooon. Punaise c’est trop dommage. J’adore ce magazine (oui, ça y est, je suis littéralement conquise par ses articles) son contenu, mais le coup de la barrière intergénérationnelle me gène aux entournures.
Certes un "jeune" de 20 ans et un "vieux" de 50 ne vont pas en théorie aborder les mêmes problèmes face à la vie (ex : face au logement, au premier emploi, etc.) quoi qu’aujourd’hui tout est possible… Mais rien ne leur interdit fondamentalement de partager les mêmes opinions, les mêmes coup de cœur culturels ou de s’interroger sur les mêmes questions d’actualité. Non ? Si ? Vous en pensez quoi ?
Voilà je n’aime pas, je n’aime vraiment pas qu’on me juge a priori trop vieille pour lire tel magazine, trop adulte pour apprécier telle fantaisie, pour avoir le droit de porter telle tenue, Peu m’importe je porterai quand même mon pull-panda, je lirai quand même NEON, je continuerai de regarder les dessins animés quand ça me chante tout en projetant de renégocier le taux de mon emprunt immobilier !
Il y a trop de cases dans lesquelles "on" s’efforce en permanence de nous faire rentrer. La case "femme" comme ceci, comme cela ; la case actif/chômeur ; la case jeune/vieux et ça ne s’arrête jamais. Comment voulez-vous qu’on arrive à être soi sans se poser dix mille questions ? Comment voulez-vous qu’on ne sente pas vite bizarre et hors norme dès qu’on essaie de sortir de toutes ces petites cases bien étriquées ?
Au diable toutes ces foutaise. Je suis une femme, une fille, romantique, j’aime Bridget Jones et la guimauve mais ce soir je vais mater Ridick au ciné et demain je me mangerais bien une bonne entrecôte saignante !