INTERDIT AUX MINEURS
On ne regardera plus nos fleurs comme avant… Silvio Cadelo s’en est assuré en proposant la nouvelle BD issue de la collection Erotix, La Fleur amoureuse. Butiner, déflorer, perdre sa fleur…. autant d’expressions liées aux plantes et utilisées aussi dans le cadre d’un langage sexuel plus imagé, poétique et bucolique. Cadelo va jouer avec ce champ lexical pour offrir un conte érotique où un extra-terrestre, envoyé sur terre, évolue sous l’apparence d’une plante géante et vivace. L’utilisation d’un dessin oscillant entre celui utilisé pour la littérature enfantine et un aspect plus "science-fiction", fait de cette oeuvre est un petit ovni. Chaque case est pleine de sensualité et Cadelo n’hésite pas à utiliser son crayon pour mettre en place des plans suggestifs : la fleur a une forme clairement phallique et le pistil devient un pénis. A l’image du Déclic de Manara, ici le parfum de la plante remplace le boitier qui va déclencher un désir ardant auprès de la femme le respirant. La femme ne fait alors plus qu’un avec la nature en se laissant aller à un amour bestiale avec cette plante anthropomorphe. Cette dernière passe alors de femmes en femmes (se retrouvant même dans un couvent), jusqu’à la révélation finale (qu’on ne vous dévoilera pas ici). La Fleur amoureuse propose un récit hors du commun et surprenant. Le tout se veut plus poétique que cru et n’est jamais vulgaire. Une découverte étonnante.
La Fleur amoureuse de Silvio Cadelo
Ed. Delcourt /Collection Erotix /Déjà disponible en librairies
Les effets de cette lecture :
- Retirer les plantes vertes de son appartement
UNIVERS PARRALLELE
En attendant la suite du second cycle d’Ythaq, Arleston s’occupe en compagnie de Barbucci (illustrations) en créant un nouvel univers. On oublie les mondes inventés comme Troy et Ythaq pour partir de notre planète Terre et plus précisément la ville de New York. En créant cet univers parallèle, il répond à la question d’une vie après la mort. Ekhö est donc un monde miroir au nôtre. Dans lequel les politiciens sont remplacés par des Preshauns (sortes d’écureuils accro au thé), l’électricité n’existe pas et les créatures étranges sont légion. Outre le fait d’avoir été choisi, l’autre condition pour accéder à ce monde est d’être sur le point de mourir. C’est le cas de Fourmille qui voit l’avion dans lequel elle se trouve se diriger dangereusement vers le sol. Accrochée à son voisin de voyage, ils se retrouvent tous les deux projetés au coeur d’Ekhö avant l’impact fatal. Leur seconde vie peut commencer. Fourmille va découvrir que sa tante a vécu elle aussi dans ce monde et y a créé une agence pour les artistes en tout genre, dont elle est à présent l’héritière. Le scénario de ce premier tome est captivant du début à la fin (qui du coup arrive trop rapidement). Il pose les fondements de ce monde et des personnages que nous allons suivre au fil de cette saga. Une parfaite mise en bouche agrémentée par un univers haut en couleurs et en rondeurs signé Barbucci. Le dessinateur de Skydoll nous en met une fois de plus plein les yeux. Inutile de préciser qu’on attend la suite avec impatience.
Ekhö – Tome 1 – New York de Christophe Arleston et Alessandro Barbucci
Ed. Soleil / Déjà disponible en librairies
Les effets de cette lecture :
- Se dire qu’Arleston a le chic pour nous donner envie de voir ses univers exister réellement
- Se prendre pour un Preshaun quand mon organisme réclame ma dose de thé quotidienne
BIENVENUE AUX M.A.
Les femmes, enfin plus spécialement les mères prennent la parole ! Gwendoline Raisson (textes) et Magali Le Huche (dessins) profitent de Mères Anonymes pour apporter de multiples témoignages sur le quotidien des mamans, qu’elles soient célibataires, dépressives, épanouies… Dans ce groupe de femmes se réunissant pour partager leurs expériences ou leurs doutes, on se focalise essentiellement sur trois d’entre elles. Angélique qui a de sérieux problèmes d’autorité, Marie qui a du mal à trouver sa place entre son rôle de mère et son ancienne vie de femme "libre", et enfin Caroline, la mère-célibataire. Les auteurs laissent la parole se libérer pour décrire un rôle qui est loin d’être toujours plaisant. Plutôt cru et n’hésitant pas à dire ce que certaines n’osent pas dévoiler à leurs proches, Mères Anonymes se veut véridique. Les mères de tout bord se retrouveront un peu ou beaucoup dans ces pages. Si le tout se veut assez brut, une touche d’humour vient souligner le décalage entre les propos et les actions des mères. Le graphisme délicat, les couleurs douces et le trait plutôt épuré (qui ne sont pas sans rappeler Sempé) viennent souligner la sensibilité de ces mamans d’aujourd’hui. Un album plutôt sympathique à offrir aux mamans, mais qui ne parlera pas à toutes…
Mères Anonymes de Gwendoline Raisson et Magali Le Huche
Ed. Dargaud / Déjà disponible en librairies
Les effets de cette lecture :
- Se dire que finalement c’est pas si mal d’être une célibataire sans enfant
- Regarder mes amies maman autrement et avec compassion