Tropic Of Cancer
Restless Idylls
(Blackest Ever Black)
Et si le passé était résolument dans l’air du temps telle une extension continue dénuée de fragmentation annuelle ou décennale ? C’est la question que soulève le fantastique premier album de Tropic Of Cancer, Restless Idylls, longue litanie gothique emmenée par la voix hantée et toute en souffrance de Camella Lobo, appuyée par la production exemplaire de Karl O’Connor aka Regis, enrobant chaque nappe de synthé d’une aura maladive contagieuse qui prend aux tripes et vous jette à la renverse. Tropic Of Cancer est le rejeton surdoué et tant attendu de ces années 80, où le minimalisme vous arrachait des larmes de par sa sensualité squelettique et son spleen bouleversant. Restless Idylls est le croisement fantasmé du Faith de Cure et des prémices de Cocteau Twins, enfant hybride ancré de toutes ses forces dans une époque rongée par la souffrance, la romance, le dévouement et l’impuissance, dont ces 8 tracks en sont la traduction/transcription musicale surgie d’un au-delà au pouvoir cathartique. Les fantômes errent sans but dans les limbes bâties par Camella Lobo, labyrinthe à la noirceur crépusculaire, auréolé de percussions réverbérées et de synthés moites aux montées et descentes affolantes. Une oeuvre poétique à la radicalité gothique absolue. Un futur classique du genre. Vital.
Roland Torres
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