Toute vérité n'est pas bonne à dire

Publié le 01 octobre 2013 par Montaigu

Question à 5 balles : est-il toujours approprié de dire ce que l’on pense ?

La vérité de chacun est elle universelle ?

La réponse est évidemment non.  Donc de quel droit aller assener ou prêcher une opinion personnelle érigée au rang de vérité absolue alors que par essence elle n’est que subjective.

Je grossis le trait volontairement. Dans beaucoup d’échanges, les idées fusent, se mêlent, s’entremêlent emportant accord ou désaccord mais dans un contexte choisi, celui d’un débat, d’une discussion où les protagonistes sont sur un pied d’égalité.  Ce qui ne les empêchent nullement de s’engueuler.

 Mais la situation peut se corser et et tourner au désavantage de l'un ou l'autre. La conversation déborde avec son lot de paroles inattendues,  de réflexions blessantes, humiliantes. 

Deux éléments sont importants. 

Tout d’abord l’intention de chacun. Son état d’esprit. Est-il positif ou négatif ? La posture est-elle bienveillante ou parfaitement cynique et méchante ? S'agit-il d'une volonté de nuire? Ou bien d'une intention bonne mais mal exprimée.

Ensuite la responsabilité de chacun. 

Premier cas : on sollicite un avis, auprès de quelqu’un en qui on a confiance. Comme un service à rendre. On prend un risque. Celui que la réponse corresponde ou non aux attentes, conscientes et inconscientes. Elle convient, tant mieux, elle déçoit, c’est une autre affaire et le résultat peut être dévastateur. Imaginons que le sujet soit : "que penses tu de mon projet ?" Il sera plus plaisant de s’entendre dire : " c’est une bonne idée" que "c’est une merde "  ou " tu vas te planter mais il est bon d’essayer" ou encore " pourquoi tu ne retournes pas dans la banque ?".

La responsabilité est du coté de celui qui est demandeur. Celui qui est interrogé a toute liberté. Il peut répondre intelligemment, prudemment ou très connement. Et c’est à celui qui est à l’origine de cette conversation d’en tirer les conclusions : acheter ou non " cette vérité ". 

Deuxième cas : on reçoit un commentaire, une réflexion, une dégelée auxquels  on ne s’attendait pas et dont à tout prendre, on se serait bien passé.

Celui qui l’émet en prenant un avantage, en assume la responsabilité.

Vous prenez un pot avec des copains, un soir d’été, il fait beau et vous devisez aimablement et tout d’un coup, aux détours d’une phrase, on vous décoche une parole fielleuse sur votre carrière, votre vie ou l’éducation que vous donnez à vos enfants.

Boum !

La réaction appartient à celui qui reçoit et qui a toute latitude d’apprécier ou non une vérité qui lui est imposée. Il peut s’en foutre comme il peut considérer que c’est une intrusion dans sa vie, qui plus est, humiliante. Celui qui lui a balancé ces joyeusetés  ne peut pas lui contester sa position. Il s’est autorisé une opinion qui ne lui était pas demandée. Et au fond de quoi se mêle-t-il ? 

Certains signes sont annonciateurs du désastre : " je dis ce que je pense ", " ça fait longtemps que je voulais te le dire"». Malheureusement on ne capte pas toujours assez vite qu’il faut se mettre aux abris.

Parfois ce sera une conclusion pour solde de tout compte : " je t’aime", "je te dis ça parce que je t’aime" ou " c’est pour ton bien". Celui, ou celle,  qui s’est permis ces petites phrases assassines, sait qu’il a dérapé. Il se donne alors bonne conscience, estimant avoir raison probablement et vous laisse le soin d’absorber. Genre : " tu ne vas pas t’arrêter à ça " ou " tu es au dessus de ça". 

Que penser de mes élucubrations ?

 PRESERVONS  NOUS.

Tempérons nos ardeurs à requérir à tout prix des avis auxquels de toute manière nous serons confrontés tant est grande l’ardeur des gens à délivrer leur opinion, manière d’apaiser frustration, échecs et angoisses.

Et faisons nôtre ce proverbe : " mon Dieu, gardez moi de mes amis, quant à mes ennemis je m’en charge".